Arthur Antones Coimbra, connu dans le monde du football sous le nom de Zico, est une légende du ballon rond et l’un des plus grands joueurs de l’histoire de ce sport. Il connaît une carrière monumentale et récompensée par de multiples trophées majeurs. Avec Flamengo, il remporte une Copa Libertadores et plusieurs championnats du Brésil. Dans un pays qui a donné naissance à Pelé, Garrincha, Ronaldinho ou Ronaldo, il est encore aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands du Brésil… et du monde. Récit d’une carrière hors du commun.
Né en 1953 à Rio de Janeiro mais d’origine portugaise, il possède la double-nationalité. Son père, fan de football depuis toujours et gardien de but professionnel, l’aide à se lancer. En effet, c’est au Brésil que le jeune Zico va commencer sa carrière, sous les yeux ébahis du quartier Quintino, à Rio de Janeiro. Chez lui, dès la naissance, chaque enfant recevait en cadeau un maillot du Brésil et un autre de Flamengo, club de cœur de la famille. Zico a même raconté à la FIFA que son chien s’appelait Mengo, surnom donné au club par les supporters, et que sa maison était décorée de différents objets aux couleurs du club, allant même jusqu’à l’achat d’un cardinal, petit oiseau… rouge et noir. C’est dans cet environnement que Zico s’est lancé dans le football, malgré un physique particulièrement frêle. Il rejoint le club de futsal de son frère très jeune. Rapidement, à l’âge de 14 ans, le jeune Arthur dispute son premier match sous les couleurs de l’América, qui décide de le signer à la fin de la rencontre. Problème : Flamengo a été plus rapide et a contacté le père de Zico pour attirer le jeune joueur dans le club O mais querido do Brasil (le plus aimé du Brésil, surnom donné au club par ses supporters). Aucune hésitation pour le jeune homme qui veut à tout prix rejoindre l’équipe avec laquelle il a grandi.
« C’était le choix du cœur »
C’est ainsi que Zico a commenté son choix, toujours dans cet entretien accordé à la FIFA. Le choix du cœur, qui s’est avéré être celui de la raison dans le futur. Dans le club Rubro-Negro (rouge et noir), Zico va s’imposer comme l’un des plus grands. Il y prend, avant même de changer d’équipe, l’aspect de légende. Lors de son premier passage au club, il compte au total 635 apparences, pour 476 buts. Jouant au poste de milieu offensif, Zico a pour objectif de faire avancer son équipe et de créer le danger dans la défense adverse, chose qu’il arrive à faire à la perfection. Surnommé « le Pelé blanc », il remporte – toujours lors de ce premier passage – cinq championnats de Rio de Janeiro, trois championnats du Brésil, une coupe intercontinentale et, par-dessus tout… une Copa Libertadores. Grâce à son talent, ses dribbles et sa vivacité sur le terrain, Zico est imprévisible et considéré comme le meilleur joueur brésilien de son ère. Lors de cette Copa Libertadores, il impressionne : il est élu meilleur joueur de la compétition et en est également le meilleur buteur avec onze réalisations. En finale contre le Deportes Cobreola, il est l’auteur d’un doublé lors du match aller et le Flamengo s’impose 2-1. Lors du match retour cependant, le Flamengo ne parvient pas à tenir la cadence et perd 1-0, ce qui met les deux équipes à égalité (la règle des buts à l’extérieur ne comptant pas). Pour décider du vainqueur, un match d’appui, en terrain neutre, est joué. Cette fois-ci encore, c’est Zico qui décide du sort du match en marquant un doublé. Grâce à son génie, le Flamengo prend le contrôle de la finale, s’impose 2 à 0 et soulève sa seule Copa Libertadores. Lorsqu’il quitte le club pour l’Europe, c’est tout le Brésil qui tremble : le joueur est déjà une légende du Brésil et de tout le football.
L’Europe, un pari sans succès
C’est en Italie que Zico décide de continuer sa carrière, à l’Udinese. Loin d’être un grand club à l’époque, l’Udinese joue le milieu de tableau et tente de se frayer un chemin parmi les géants du calcio. L’international brésilien va aider son club à y parvenir et à se faire un nom au sein de l’Italie, sans pour autant être gratifié du moindre trophée. Cependant, il ne faut pas enlever à Zico ce qu’il a réussi à faire. Alors qu’il arrive dans une équipe loin d’être du niveau des gros clubs italiens, le Brésilien parvient à porter son club jusqu’au podium pendant une grosse partie de la saison, faisant même douter les plus grands. Au sein d’un championnat dans lequel tous les meilleurs joueurs du monde figuraient, Zico a pu se construire une renommée. Malheureusement, tout fut gâchée par une épouvantable blessure en fin de saison, l’obligeant à rester à l’écart des terrains pendant cinq semaines. Sans lui, l’Udinese coule et ne parvient pas à tenir la cadence. Le club ne parvient ni à conquérir le titre, ni à aller chercher une place en Europe, terminant sixième du championnat. Le travail de Zico est parti en ruines et cela sonne comme une cruelle injustice. Toutefois, en Italie, Zico marque l’histoire et son passage est remarqué par toute l’Europe, qui ne parle plus que d’une seule chose : comment arrêter les coups francs de cet homme ? Il en marque 19 avec le club italien, et termine deuxième meilleur buteur de Serie A, dès sa première saison, juste derrière Michel Platini. Aujourd’hui encore, il est considéré comme l’un des meilleurs tireurs de coups de pied arrêtés de l’histoire, et l’Italie a pu témoigner de son talent. Sa seconde saison, néanmoins, est moins productive : s’il continue d’émerveiller les spectateurs, son équipe plonge au classement et termine à la neuvième place, loin de la Juventus et de la Roma qui avaient été titillés la saison précédente. Après deux saisons passées en Italie, 53 matchs et 30 buts, Zico retourne chez lui, au Flamengo.
Retour au bercail et retraite asiatique
Zico retourne quatre saisons dans son club d’origine, et y joue une centaine de matchs. Il remporte un championnat de Rio et une « Copa Uniao », version moins coûteuse du championnat brésilien organisée cette saison en raison de problèmes financiers de la CBF. Si son retour au club lui permet surtout d’être qualifié de légende incontestée du club et d’en devenir à jamais l’une des plus grandes icônes, les supporters ont surtout l’occasion d’observer l’un des plus beaux duos brésiliens de l’histoire. En 1986 – 1987, Socrates rejoint le Flamengo et promet une saison radieuse au Flamengo. Malheureusement, ce duo de génie ne dispute qu’un seul match officiel ensemble – le Fla-Flu en ouverture du championnat – à cause des blessures et des suspensions de l’un et de l’autre, avant que Socrates ne rejoigne Santos la saison suivante.
Zico quitte finalement le Flamengo en 1989 et en est toujours le meilleur buteur. Il devient ministre de Fernando Collor de Mello, président du Brésil tout juste élu, jusqu’en 1991. Il rejoint ensuite le Japon et rejoint les Kashima Antlers, où il termine tranquillement sa carrière et met en lumière le championnat japonais, extrêmement faible par rapport aux championnats européens et sudaméricains.
La Selaçao, une terrible malédiction et un but de génie
Nombreux sont les joueurs brésiliens pouvant se vanter d’avoir remporté une Coupe du Monde. Ronaldo, Roberto Carlos, Pelé et bien d’autres ont participé à l’histoire de la sélection brésilienne, ce qui lui a permis d’être le pays avec le plus de Coupes du Monde remportées – cinq – jusqu’ici. Malheureusement, Zico a été particulièrement malchanceux, pour ne pas dire maudit, avec la Seleçao. Avec son pays, ses deux meilleurs résultats se trouvent sur la troisième place du podium : en Coupe du Monde 1978 et l’année suivante en Copa América. En 1986, lors de la Coupe du Monde au Mexique, l’Equipe de France se retrouve contre le Brésil de Zico dans un match monumental. Le score est de 1 – 1, les deux équipes se retrouvent dos au mur, et Zico provoque une faute dans la surface. Penalty pour le Brésil. Il s’élance… et rate. Les deux équipes filent en prolongations et vont jusqu’à la séance de tirs aux buts, Zico réussit cette fois son penalty, mais c’est Socrates qui rate le sien. La malédiction dégoûte Zico du football international, et celui-ci décide de finir sa carrière en ne se consacrant qu’à son club.
Pourtant, au-delà de cette malédiction, le Pelé blanc a réussi à porter son équipe jusqu’au mondial alors que celle-ci était jugée bien trop faible pour y participer. Protagoniste de la Seleçao dans ses années noires, Zico a réussi à donner une lueur d’espoir à son pays. Nous sommes le 16 juin 1985, à Asuncion, et le Brésil joue sa qualification pour le mondial contre le Paraguay de Julio César Romero, autre icône du football sudaméricain de l’époque. Le Brésil prend l’avantage dans la première demi-heure, à la 27ème minute, grâce à un but de Casagrande et s’offre une option sur la qualification. La mi-temps arrive, et au retour des vestiaires, la bagarre commence. Romero contre Zico. Fluminense contre Flamengo ; deux clubs qui se haïssent et qui constituent le derby le plus chaud de Rio. Les deux vedettes se disputent le ballon, avant que Zico ne commette une faute et que Romero ne s’énerve. Les poings fusent, mais les joueurs, voyant l’arbitre s’agacer, parviennent à s’arrêter avant d’être expulsés. Juste après cette altercation, Zico prend les commandes et décide de sceller le sort de la rencontre, en inscrivant un but d’anthologie pour qualifier son pays. L’enjeu est énorme : le Paraguay presse fort depuis la seconde période et le Brésil arrive enfin à se procurer une grosse occasion. Zico est lancé dans la profondeur par un de ses coéquipiers, mais ne reçoit pas le ballon dans un angle convenable pour pouvoir armer son pied droit. Sa décision ? A l’aide d’une aile de pigeon, il parvient à soulever le ballon avant que le temps ne se fige. C’est tout un pays qui retient son souffle tandis que le ballon retombe sur le pied droit de Zico, qui arme son pied droit et fusille le but du Paraguay, avant d’hurler de joie et de se mettre à courir en levant les bras, au milieu d’un stade en fusion. Ici, la vidéo de l’altercation entre Zico et Romero (au bout d’une minute), puis du but de Zico (juste après la dispute).
Zico restera toujours dans l’histoire comme l’un des plus grands numéro 10 de tous les temps. Que ce soit au Flamengo, à l’Udinese ou en sélection, l’international brésilien a marqué les esprits et a laissé son nom au Panthéon du football. Ses coups-francs, sa vivacité, ses dribbles et ses innombrables buts ont fait de lui un joueur hors pair et qui a gagné le respect des supporters de son club de cœur, lui qui est resté, à vie, amoureux de ses couleurs de toujours et qui s’est sacrifié pour elles. Zico est éternel, et Zico est un Ultimo Diez.
Sources :
Old School Panini
FIFA.com
These Football Times : Brazil
Lucarne Opposée : Fla-Flu 1986, le retour du Zico