Il est de ceux dont le palmarès ne révèle en rien l’influence. Résumer Zdeněk Zeman à ses seules titres – une Serie C2 et deux Serie B – serait oublier à quel point ses préceptes ont marqué le football italien. Retour sur la carrière d’un bohème qui ne laisse personne indifférent.
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Rien dans la jeunesse de Zdeněk Zeman n’indique qu’il posera un jour son empreinte sur le football italien. Né à Prague d’une mère femme au foyer et d’un père médecin, le jeune Zdeněk se passionne avant tout pour le handball, le volley-ball et le hockey sur glace. La carrière du Tchèque dans le football est due, à l’origine, à un malheureux hasard. À l’été 1968, le jeune adulte part en vacances chez son oncle à Palerme. Dans le même temps, les troupes du Pacte de Varsovie envahissent la Tchécoslovaquie pour mettre fin au Printemps de Prague et à l’ensemble de réformes de libéralisation politique mené par le Premier secrétaire du Parti communiste, Alexander Dubček. Voyant son pays plonger dans l’instabilité, Zeman prolonge ses vacances, faisant de la Sicile sa terre d’accueil. Son oncle, qui le loge, n’est nul autre que Čestmir Vycpalek, ancien footballeur professionnel qui remportera deux Scudetti en entraînant la Juventus au début des années 70. Dans ce cadre, Zdeněk Zeman affine sa vision du football, prend en charge les U-12 de Palerme dès 1974, et obtient en 1979 ses diplômes d’entraîneur aux côtés d’un certain… Arrigo Sacchi. Les deux jeunes penseurs s’apprêtent à insuffler un vent nouveau sur le football italien.
Zdeněk, Foggia et le Zemanlandia
Ses diplômes en poche, Zeman veut d’abord parfaire ses gammes chez les jeunes du club Rosanero où il plante des graines qui finiront par germer : soixante de ses protégés signeront un contrat professionnel, et six intégreront l’équipe première lors de sa dernière saison. Les prémices du professeur sont déjà perceptibles. En 1983, riche de neufs années d’expérience à l’académie palermitaine, Zeman traverse la Sicile pour prendre les rênes de l’équipe première de Licata, alors en Serie C2, équivalent de l’actuelle Serie D. Il met en place les principes qui le suivront toute sa carrière : un football offensif et une confiance sans faille envers les jeunes joueurs. La réussite est à la clé puisque dès sa deuxième saison, le natif de Prague décroche le titre et obtient la montée en Serie C1. Au troisième échelon du football italien, Licata dépasse les attentes en assurant le maintien tout en s’affirmant comme la deuxième meilleure attaque du championnat (40 buts en 34 journées, dans une ligue où la moitié des écuries scorait moins d’une fois par match). Zeman inscrit des premières lignes attrayantes sur son CV et fait le grand saut entre la Sicile et l’Italie continentale pour rejoindre Foggia, toujours en Serie C1. Mais avant même la fin d’une saison prometteuse (Foggia terminera 8eme en ayant purgé 5 points de pénalité), Zeman trouve un accord avec Parme pour remplacer… Arrigo Sacchi, son ancien camarade dont l’ascension éclaire lui vaut déjà une proposition de l’AC Milan.
L’expérience en Émilie-Romagne ne sera que de courte durée : après sept petites journées de Serie B, le Tchèque est renvoyé. Pour autant, Zdeněk Zeman ne va pas redescendre à l’échelon inférieur, puisque Messine lui fait confiance près d’un an plus tard. De retour en Sicile, Zeman ne manque pas sa seconde opportunité et fait progresser les jaunes et rouges (de la 12e à la 8e place), qui deviennent la meilleure attaque du championnat, tout en étant l’avant-dernière défense de la ligue. La signature Zeman. L’Italie découvre alors Salvatore Schillaci, meilleur buteur de Serie B avec 23 unités, qui rejoindra la Juventus. Son entraîneur s’apprête, lui, à changer de club pour la troisième fois en autant de saisons. Nous sommes en 1989, et le Foggia Calcio prend une décision qui changera son histoire : confier de nouveau l’équipe à Zdeněk Zeman.
C’est lors de son deuxième passage chez les Satanelli que l’entraîneur Tchèque forge sa légende. En transformant ce promu en Serie B en une véritable machine à buts, proposant chaque week-end des rencontres plus divertissantes qu’une bonne partie des matchs du championnat, Zdeněk Zeman se fait connaître de l’Italie entière, qui le surnomme alors Il Boemo (le Bohème). Pour sa première saison après sa remontée en deuxième division, Foggia acquiert un maintien facile, pointant à la huitième place du championnat et affichant la cinquième meilleure attaque de la ligue. Regarder les matchs de Foggia revient alors à plonger dans ce que l’Italie entière surnommera le Zemanlandia, une forme de dimension parallèle dans un pays encore très structuré par les héritages du catenaccio particulièrement prisé lors des décennies précédentes. Les préceptes que Zeman implante alors ne changeront jamais en près de trente ans de coaching, pour le meilleur et pour le pire. Au programme : un 4-3-3 inamovible, avec des latéraux très offensifs, des ailiers qui jouent dans une position assez axiale, et des milieux de terrain portés vers l’avant. Un plan inspiré du football total prôné par Rinus Michels et Ștefan Kovács à l’Ajax des années 1970.
« Chaque fois que nous attaquons, les trois attaquants doivent se trouver dans la surface de réparation, tandis que deux des trois milieux de terrain s’avancent également de cette façon […] Ensuite, vous mettez le ballon dans la surface, et comme vous avez plus d’hommes, vous avez plus de chances de marquer. Ce n’est pas de la science infuse. Ce sont des mathématiques simples. »
Le pari de Zeman est donc de se retrouver en supériorité numérique dans la zone où les tirs ont le plus de chance de faire mouche : la surface de réparation. Si le plan de jeu du Bohème est logique, il relève aussi d’une vision du football qui lui est propre. Car s’il obtient ses diplômes d’entraîneurs sur la Botte, Il Boemo est bien plus un héritier de l’école danubienne, louant les esthétiques exploits de la Wunderteam autrichienne, que de l’école italienne. Zdeněk Zeman n’a qu’un objectif, et ce n’est pas la victoire. « Notre travail vise à apporter du plaisir à moi, aux joueurs, et aux supporters », décrit-il, ajoutant qu’il préfère perdre 5-4 que de faire 0-0. Dans ce cadre, son approche spectaculaire ne se veut pas sans risque. Seuls les deux défenseurs centraux, accompagnés par un gardien qui n’hésite pas à sortir loin de ses cages, couvrent les arrières du reste de l’équipe, tout en étant responsabilisés balle au pied. Un onze coupé en deux, qui s’assume dès le coup d’envoi, lors duquel se forme un 2-0-8 dont la première ligne jaillit dans le camp adverse à la manière d’un bataillon de fantassins prenant d’assaut l’armée ennemie. Résultat, si les équipes de Zeman se classent le plus souvent parmi les meilleures attaques de leur championnat, elles demeurent régulièrement parmi les pires défenses. Promoteur du marquage de zone, il défend l’idée d’un pressing intense, haut dans le camp adverse, mais ses équipes sont particulièrement friables sur les côtés, dans le dos des latéraux. Pour disposer de joueurs prêts à fournir les efforts drastiques requis par son plan de jeu, Il Boemo mettait en place des entraînements épuisants, souvent composés de longues courses traversant les plages et les forêts. Si de nombreux joueurs évoqueront ces séances comme des traumatismes, Zeman, pour sa défense, rappelle cyniquement que « personne n’en est jamais mort ».
Toujours est-il que du côté de Foggia, le Zemanlandia obtient un succès tonitruant, permettant aux Satanelli d’être sacrés champions de Serie B au terme de la saison 1990-91. En affichant, évidemment, la meilleure attaque de la ligue. Porté par un trio d’attaque Roberto Rambaudi-Giuseppe Signori-Francesco Baiano qui n’avait jamais brillé au plus haut niveau, Foggia surprend dès son arrivée dans l’élite, décrochant une 9e place tout en restant fidèle à ses principes. Peu importe l’adversaire, peu importe la physionomie de la rencontre. Ainsi, lorsque le 24 mai 1992, les hommes de Zeman mènent 2-1 à la mi-temps contre le futur champion milanais mené par Ruud Gullit, Marco van Basten et consorts, Il Boemo ne décide pas de fermer le jeu, bien au contraire. Au coup de sifflet final, Foggia s’inclinera 8-2, dans un match illustrant à la perfection la philosophie du Tchèque. Mais si, cette saison, les Satanelli recevront plusieurs gifles comme celle-ci (2-5 à la Lazio, 1-4 à la Juve), ils en donneront aussi quelques-unes (4-1 contre Bari, 5-0 contre Vérone), s’affirmant comme la deuxième meilleure attaque de la ligue, mais aussi comme la dix-neuvième défense (58 buts marqués et concédés en 34 journées). Malgré les départs des trois attaquants vedettes, tous trois futurs internationaux italiens, Foggia gardera la même étincelle lors des deux saisons suivantes, frôlant même une qualification continentale en 1994 (9e à trois points de la sixième place). La même année, Dino Zoff, entraîneur de la Lazio, en devient le président, et confie les clés des Biancocelesti à Zdeněk Zeman.
À la conquête de Rome
Pour la première fois de sa carrière, Zeman a l’occasion d’importer ses idées dans l’un des clubs les plus importants du football italien. La formule reste donc la même : un football ultra-offensif et une confiance envers les jeunes joueurs, illustrée par l’éclosion d’Alessandro Nesta au plus haut niveau. “Les dirigeants voulaient l’envoyer en prêt en Serie C, mais je les ai convaincu qu’il fallait le garder”, racontera le Tchèque. “Tous les jeunes joueurs devraient espérer être coaché par Zeman”, louera le légendaire défenseur. Il Boemo, qui peut toujours compter sur Signori, qui avait rejoint Rome plus tôt, ramène la Lazio sur le podium pour la première fois de la décennie, échouant seulement derrière l’intouchable Juventus. Scorant plus de deux fois par match, les Laziali s’affirment comme la meilleure attaque du championnat, ayant pour habitude de faire subir les pires humiliations à ses adversaires (8-2 contre la Fiorentina, 7-1 contre Foggia, qui redescendra en Serie B). La saison suivante sera du même ordre (3e, 66 buts en 34 journées), et même si les parcours européens sont relativement décevants (éliminations en quarts et en seizièmes de finale de la Coupe UEFA contre Dortmund et l’OL), la Lazio enchaîne deux podiums dans l’élite pour la première fois depuis 1957.
Mais la méthode Zeman voit ses limites lors de sa troisième saison dans la capitale, qui verra le licenciement du « Bohème » en janvier après une première moitié de championnat difficile. Le rival, l’AS Roma, qui termine la saison à une piteuse douzième place, profite de la situation pour emmener l’ancien entraîneur de Foggia de l’autre côté de la Ville éternelle. Chez les Giallorossi, Zeman noue une relation privilégiée avec le jeune Francesco Totti – tout juste 21 ans à l’arrivée du Bohème – qui prendra sous son ère le numéro 10, le brassard de capitaine et une toute nouvelle dimension. Il bimbo d’oro n’a jamais tari d’éloges sur Il Boemo pour qui il gardera toujours “une très grande estime et reconnaissance”. Sur le terrain, la Roma a remis la tête à l’endroit, glanant la 4e place lors de la première saison au club de Zeman, puis la 5e place, en étant toujours la meilleure attaque du championnat. Mais ce ne sont ni les résultats, ni le jeu qui sont le plus souvent retenus lorsqu’on évoque le passage du Tchèque chez les Giallorossi.
6 août 1998. Quelques semaines après le début de l’affaire Festina, qui a secoué le monde du cyclisme lors du Tour de France, Zeman lâche une bombe dans le quotidien L’Espresso. « Je vois que de nombreux médecins sont passés du cyclisme au football. Les seuls qui se font attraper sont ceux qui prennent des pilules coupe-faim ou de la cocaïne. Les clubs reçoivent des dizaines de dépliants de l’industrie pharmaceutique leur proposant des produits pour que les joueurs récupèrent mieux et courent plus longtemps », commence-t-il, avant de viser plus directement le club qu’il a en tête : « Je ne peux pas nier que j’ai été surpris, à plusieurs reprises, par le développement musculaire de plusieurs joueurs de la Juve comme Vialli et Del Piero. J’ai pratiqué de nombreux sports et ce genre de croissance musculaire me semble réservé aux culturistes ».
Ces quelques phrases suffisent à plonger le football italien dans un nouveau scandale, et à faire naître une haine intarissable entre Zeman et la Juventus. La justice se saisira de l’affaire et des révélations choqueront le monde du football au fil des témoignages. Alessandro Del Piero racontera comment les doses de créatine augmentaient ainsi que la prise de pilules, dont les joueurs ne connaissaient pas les contenus, peu avant la finale de la Coupe du Monde 1998. Le médecin du club, Riccardo Agricola, sera reconnu coupable d’avoir administré plusieurs substances interdites aux joueurs entre 1994 et 1998, et condamné à 22 mois de prison avec sursis, avant d’être blanchi après appel. Les accusations de Zeman se basaient-elles sur des preuves ou seulement un pressentiment ? Impossible de le savoir, mais le mal est fait. L’homologue du Bohème à la Juve, Marcello Lippi, le menace : « Celui qui donne les noms de Vialli et Del Piero doit faire bien attention à lui ». Les piques entre le camp bianconeri et le clan Zeman deviendront la norme, dépassant même la seule personne d’Il Boemo. En 2014, le fils de Zdeněk, Karel Zeman, entraîneur d’une équipe amateure, accuse un arbitre de supporter la Juventus. Alors que la Roma se sépare de lui à l’été 1999, le Bohème, lui, accusera toujours les influents dirigeants bianconeri d’avoir souillé son image auprès des autres clubs italiens.
Mort et renaissance d’un professeur
Au sortir de ce scandale, les années 2000 s’apparentent comme une longue traversée du désert pour Zdeněk Zeman. Le Tchèque préfère d’abord s’exiler, le temps d’une courte aventure à Fenerbahçe, se soldant sur une démission au bout de trois mois pour revenir en Italie et tenter de remettre le promu napolitain sur de bons rails. Deux petits points en six matchs : mission échouée et licenciement immédiat. Le Bohème enchaîne alors six expériences entre 2001 et 2008 : Salernitana, Avellino, Lecce (deux fois), Brescia et l’Etoile Rouge de Belgrade. Si la majorité de ces piges se soldent par de cuisants échecs – il est par exemple renvoyé de Serbie après cinq matchs, le club se retrouvant dernier du championnat pour la première fois en vingt-quatre ans – son premier passage à Lecce sort du lot. Lors de la saison 2004-2005, il porte ce modeste promu à la 11e place de Serie A, et fait de Mirko Vučinić et de Marco Cassetti des joueurs d’un tout autre calibre, qui signeront à la Roma en 2006. Néanmoins, même si Lecce s’affirme comme la deuxième meilleure attaque du championnat (tout en étant la moins bonne défense), l’aventure n’est pas prolongée. Et à la fin de cette éreintante décennie, Zeman a perdu une bonne partie de son crédit, si bien qu’en 2010, le club qui lui fait confiance est celui où le Bohème tient toujours un statut de légende : Foggia. Son retour en troisième division ravit les supporters satanelli, qui sont 3000 à se ruer vers les guichets d’abonnement le jour de l’officialisation de leur idole, dans un championnat où l’affluence moyenne était de 2500 personnes. Mais l’excitation ne suffit pas pour soulever des trophées. Portés par deux futurs internationaux italiens, Marco Sau et Lorenzo Insigne, les hommes de Zeman produisent comme toujours des rencontres riches en buts (meilleure attaque et pire défense du championnat), mais ne peuvent accrocher la montée. Frustré de devoir compter sur un effectif largement construit sur des joueurs prêtés, le Bohème ne prolonge pas l’idylle. À raison, quand on sait la réussite qu’il connaîtra à Pescara, qui lui confie les clés de l’équipe à l’été 2011.
En Serie B, avec un club qui reste sur une honorable 13e place, Il Boemo va faire revivre le Zemanlandia de la grande époque le temps d’une saison. Une nouvelle fois, l’Italie portera son regard vers une modeste équipe qui, à la surprise générale, décrochera le titre au terme d’un sprint final haletant. Si Pescara termine à égalité de points avec son dauphin, le Torino, on retient qu’avec 90 unités, les Delfini ont inscrit 27 buts de plus que la deuxième meilleure attaque du championnat. À lui seul, Ciro Immobile, prêté par la Juventus, en scorera 28, bien aidé par Lorenzo Insigne et Marco Verratti, dans un onze inédit qui nourrira vite les rangs de la Squadra Azzurra. Pourtant, rien n’a été donné aux hommes de Zeman, qui ont dû, en cours de saison, surmonté le deuil de leur préparateur des gardiens, Francesco Mancini, ancien portier du Foggia d’Il Boemo, et affronter la terrible image du décès de Piermario Morosini, milieu de terrain de Livourne victime d’une crise cardiaque en plein match face aux Delfini. Malgré ces drames, le Zemanlandia 2.0 emporta tout sur son passage, et reste parmi les équipes les plus mythiques de deuxième division italienne, aux côtés du Foggia de la grande époque. Si bien qu’à la fin de la saison, Zeman se voit proposer l’alléchante proposition d’un retour à la Roma. Mais comme avec Lecce, le deuxième passage chez les Giallorossi est bien moins mémorable que le premier. Au cours d’une saison qui voit les débuts au club de Marquinhos et d’Alessandro Florenzi, le Bohème est renvoyé à la 23e journée, son équipe ne pointant qu’à la huitième place.
Après une année sabbatique, Zeman revient en Serie A, à Cagliari, sans succès. En décembre 2014, alors que les Rossoblu sont avant-derniers, le bohème est débarqué. Et même s’il sera rappelé en mars, il démissionnera quelques semaines plus tard, ne pouvant sauver le club de la relégation. Les méthodes autoritaires d’Il Boemo sont perçues comme dépassées, et de moins en moins en ligne avec les aspirations d’une nouvelle génération de joueurs. À 68 ans, les beaux jours de Zeman semblent derrière lui, et il tente une nouvelle expérience à l’étranger en 2015, du côté de Lugano. En Suisse, le Bohème réalise pourtant ce qu’il considère comme «le plus grand exploit de [sa] carrière », à savoir, sauver de justesse le promu de la relégation. Les Bianconeri s’offrent même une finale de Coupe de Suisse, perdue face à Zurich. Comme souvent, le Bohème ne prolonge pas son bail, et se laisse tenter, à tort, par un nouveau retour, à Pescara cette fois. Pour ce qui restera sans doute comme la dernière expérience de sa longue carrière, Zeman ne parvient pas à sauver les Delfini d’une descente en Serie B, et sera renvoyé la saison suivante, n’arrivant pas à guider les siens vers la montée. Une fin de carrière discrète à l’image d’un personnage taiseux, qui préférait mille fois finir sa cigarette que répondre aux journalistes, mais à l’inverse de sa philosophie.
Certes, la carrière d’Il Boemo aura résulté en peu de titres et en de nombreux échecs, mais ce seul constat ne saurait résumer son apport. S’il n’est pas quantifiable, son palmarès est toujours vivant. Dans les souvenirs des milliers de fans qui ont rêvé en regardant jouer ses équipes. Dans les plus belles pages de l’histoire de Foggia et Pescara. Dans la légende des joueurs dont il a marqué la carrière, Francesco Totti et Alessandro Nesta en tête. Dans le simple fait qu’un homme, loin d’être destiné pour le ballon rond, ait insufflé de nouvelles idées dans football italien conservateur, et se soit imposé comme la tête de turc de l’un des plus grands clubs d’Europe. « Ses équipes sont une symphonie d’harmonie et de beauté. Ses joueurs se déplacent avec synchronisme, rythme, fluidité et caractère. Ses équipes ont une identité indéniable ; le divertissement est assuré, l’ennui et la perte de temps bannis… Zeman ne fait pas de miracles, mais il est l’un des rares génies de notre football », écrira Arrigo Sacchi. Des mots qui valent bien des titres.
Sources :
- Blair Newman, « Zdeněk Zeman’s Zemanlandia : the truth behind the cult », These Football Times
- Colomban Jaosidy, « Pescara et les joyaux de la dauphine« , Ultimo Diez
- « Dossier : Zdeněk Zeman, le coach le plus offensif de l’histoire« , Lucarne Opposée
- Grégoire Fleurot, « Zdeněk Zeman, prophète en son pays« , L’Equipe
- « Juventus-Zeman, faits pour se détester« , Eurosport
- Marco Di Cola, « Zdeněk Zeman, il boemo che ha revoluzionato il calcio italiano« , AtletaNews
- Paul Grech, « The birth of Zemanlandia« , These Football Times
- Start Reid, « The Zdenek Zeman method : A look at the tactical approah of the legendary coach« , Outside the Boot
- Thore Haugstad, « The coach of lost causes », Time on the ball
- Yoann Riou, « Zdenek Zeman : ‘Moi, je veux enseigner le football‘ », L’Equipe
- « Zdeněk Zeman’s All-Time XI : the best Italian players to play for the Bohemian« , Chiesa di Totti
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