Grand club est-allemand aux nombreux succès pendant les années 1970, le FC Magdeburg n’a pas réussi à se hisser dans l’élite de l’Allemagne réunifiée en 1990, et n’a jamais retrouvé le chemin de sa gloire d’antan.
S’il fallait une preuve que la République Démocratique d’Allemagne était une grande nation de football, le FC Magdeburg en est une. Ancienne capitale du Saint-Empire Romain Germanique, la cité de 230.000 habitants est connue pour son histoire médiévale ou pour avoir vu naître le groupe mondialement connu Tokio Hotel. Pourtant, elle accueille un Traditionsverein singulier, dont la trajectoire symbolise celle des clubs de l’ancienne RDA, introuvables dans la Bundesliga contemporaine. Bien loin de son lustre d’antan, le club de Saxe-Anhalt évolue en 3. Liga depuis 2014-2015. Résultat de la fusion de différents petits clubs de la ville, le BSG Motor Mitte ou encore le SC Aufbau Magdebourg, le FC Magdeburg naît le 22 décembre 1965, soit 16 ans après la création de la RDA. Et le FCM n’a pas entendu longtemps avant d’atteindre les sommets, nationaux, européens et mondiaux. « Magdeburg a fourni un grand nombre de médaillés olympiques à la sélection nationale de RDA », déclare Volkmar Laube, journaliste et auteur de nombreux ouvrages sur le FCM. Sept joueurs de Magdeburg ont participé aux bronzes olympiques de Tokyo 1964 et Munich 1972, tandis que Martin Hoffmann remporta l’or avec sa sélection à Montréal en 1976.
« Le plus grand exploit de l’histoire du football de club de RDA »
Et ces médaillés ont également apporté au FC Magdeburg de prestigieux succès lors des années 1970, véritable décennie dorée pour le club bleu et blanc. Entre les coupes nationales en 1969, 1973, 1978 et 1979, ou les trois titres de champions de RDA en 1972, 1974 et 1975, le FCM s’installe comme une référence du football est-allemand, mais également européen. C’est en 1974 que le FCM réalise « le plus grand exploit de l’histoire du football de club de RDA », d’après Volkmar Laube. Face à l’AC Milan, la troupe de Heinz Krügel remporta la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, la fameuse C2 aujourd’hui disparue, ce qui représente l’unique trophée européen d’un club d’Allemagne de l’est.
« Nous avons atteint d’énormes succès tout en étant indépendant de l’armée, de la police ou des services de sécurité de l’Etat, ce qui était rare à l’époque. Nous avons toujours été un club d’ouvrier puisque Magdeburg est réputée pour son industrie lourde. C’est notre tradition et nous en sommes fiers », raconte de son côté Steffen, membre du collectif de supporters Eichenweiler.
Mais après une nouvelle victoire en coupe en 1983, Magdeburg marque un léger coup d’arrêt qui lui sera préjudiciable. La réunification des deux Allemagnes en 1990 a rebattu les cartes du football germanique avec une réorganisation inégale. « La saison 1990-1991 du football allemand s’est transformée en saison couperet », explique Volkmar Laube. Seulement huit clubs est-allemands ont été conviés à intégrer les deux premières divisions : deux en Bundesliga, et six en 2. Bundesliga. Soit seulement huit équipes sur 47, de quoi mener une grande partie des clubs vers le football amateur.
Les perdants de la réunification
En terminant 10e, le FCM manqua sa chance, contrairement au Hansa Rostock, au Dynamo Dresden, au Chemnitzer FC ou encore au FC Carl Zeiss Jena. Des institutions qui n’ont pas réussi, comme aucun autre club de l’ex RDA, à s’installer durablement dans l’élite du football allemand. Magdeburg n’est pas parvenu à atteindre la 3e division. Même avec la montée obtenue en 2002, le club n’a pas pu obtenir la licence pour y évoluer, faute de solidité économique suffisante. Pourtant, les bleus et blanc ont réussi à s’en relever, notamment grâce au soutien de la ville de Magdeburg qui inaugura une nouvelle arène moderne de 30 000 places. La MDCC Arena est devenue la nouvelle place forte du FCM, dans le quartier de Cracau, non loin de l’Ernst-Grube Stadion, théâtre des exploits européens du club de la ville.
« Avec le nouveau stade, les conditions du FCM sont devenues nettement meilleures, et déjà en 2007, on a manqué la montée en 2. Bundesliga seulement pour un but », explique Laube. Un objectif enfin atteint en 2018 avec le titre en 3. Liga, même si ce succès n’a duré qu’un an. Mais peu importe pour les amoureux du FCM. « Nous avons une grande tradition et une superbe ambiance. Que nous soyons en 2e division ou au niveau amateur, cela nous est égal, nous avons offert notre cœur à ce club », avance Steffen. « Le FCM dispose d’une très grande communauté de supporters. On compte 96 fanclubs avec plus de 2000 membres, c’est énorme », renchérit Laube. « Nos chorégraphies dans le stade sont connues partout en Europe, elles sont magnifiques. Nous avons deux hymnes en honneur du club et de notre ville. Nous sommes une vraie famille, et effectuons de nombreuses actions en faveur des handicapés notamment », poursuit Steffen, enthousiaste. Une communauté vaste et généreuse dont a besoin le FC Magdeburg, actuellement 15e de 3. Liga, avec seulement un point d’avance sur le premier relégable. Les soirées européennes sont bien loin, mais la priorité n’est pas là.
« Nous sommes les plus grands du monde » est le dicton du club. Il ne faut y voir aucune prétention, mais une grande « fierté pour notre ville et son football », explique Steffen. De quoi rappeler que le football n’est pas que de l’argent et du business, mais aussi une ambiance et une tradition.
Sources :
Annett Gröschner: Sieben Tränen muß ein Clubfan weinen. 1. FC Magdeburg – eine Fußballegende. Kiepenheuer, Leipzig 1999
Volkmar Laube, Hans-Joachim Malli: 1. FC Magdeburg – Mein Club. ESV Verlags-Gesellschaft, Magdeburg 2000
Volkmar Laube, Roland Uhl: Blau-Weißes Lexikon. 40 Jahre 1. FC Magdeburg. MDprint, Magdeburg 2005
Volkmar Laube, Roland Uhl: Vom Bosporus bis Bordeaux. Blau-Weiße EC-Geschichte. Alle Spiele, alle Tore. MDsport, Magdeburg 2008
Crédit photos : IconSport