En brisant une habituelle tradition d’entraîneurs britanniques chez les clubs hors de la tête du classement de Premier League, le Southampton FC s’est imposé depuis plusieurs saisons comme une éventuelle surprise de la première division. Les Saints n’ont terminé qu’une fois dans leur histoire sur le podium de l’élite anglaise et n’ont qu’une ligne à leur palmarès. Pourtant les saisons dernières, ce club modeste s’est montré capable de rivaliser avec le Big 6 et s’est fait une place parmi eux pour la qualification en compétitions européennes comme seuls Everton, Leicester et Wolverhampton l’ont fait depuis 2013. Ceci grâce à Mauricio Pochettino, Ronald Koeman, Claude Puel et Ralph Hasenhüttl.
Les minces heures de gloire de Southampton
L’apogée du Southampton FC remonte aux années 1970 et 1980. Le club joue alors à plusieurs reprises la Coupe de l’UEFA. Il remporte la Cup en 1976, ce qui lui permet de jouer la C2 la saison suivante jusqu’en quarts de finale face à Anderlecht après avoir éliminé Marseille et les Nord-Irlandais de Carrick Rangers. En 1984, il est le vice-champion de Liverpool. Quelques années plus tard, Matthew Le Tissier devient l’idole des supporters des Saints en faisant l’intégralité de sa carrière dans ce club du sud malgré les appels du pied des plus grandes équipes du pays. Avec 208 buts en 540 matchs pour Southampton, Le Tissier devient la légende des Saints.
Ces moments d’histoire de Southampton sont les seuls souvenirs de gloire dans l’élite du football anglais dont les supporters peuvent se targuer. Il est en effet difficile de figurer aux côtés de clubs immenses comme Liverpool, Manchester United ou Arsenal. Les Saints l’ont fait parfois et ont surtout été pendant cette période un acteur de la première division. Dans les années 1990, ils jouent essentiellement le maintien avant d’être relégués en 2005 puis de dégringoler en troisième division en 2009. Le club n’assume plus les difficultés financières causées par le nouveau stade du St Mary’s. En trouvant un nouveau propriétaire, Southampton peut opérer sa remontée.
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La remontée et l’arrivée de Mauricio Pochettino
En se remettant des difficultés économiques et en remontant rapidement la pente, Southampton retrouve la Premier League à l’issue de la saison 2011-2012 en terminant deuxième de Championship grâce notamment à Morgan Schneiderlin, José Fonte et Adam Lallana. Alors que les Saints sont à trois points de la zone de relégation en janvier 2013, le club se sépare de son entraîneur Nigel Adkins et offre du travail à l’Argentin Mauricio Pochettino, démis de ses fonctions de l’Espanyol Barcelone quelques semaines plus tôt. En divisant par deux le nombre de défaites par rapport à la phase aller et en gagnant face à Manchester City, Chelsea et Liverpool, Pochettino redresse Southampton et les hisse à la 14e place.
Les trois grands artisans de la montée des Saints sont les joueurs les plus utilisés par Pochettino. L’Argentin les entoure de Dejan Lovren, Steven Davis, Luke Shaw ou du prometteur James Ward-Prowse. Cette confiance en des jeunes joueurs comme Ward-Prowse vient d’une volonté de l’entraîneur et de son staff d’implanter le football de la Liga en Angleterre. Adepte du 4-2-3-1 avec de l’intensité dans les courses, un pressing constant et un bloc haut de manière générale, Pochettino estime avoir «transformé le foot anglais» cette saison-là avec ses Saints. Résultat : Southampton termine à une encourageante huitième place et voit son entraîneur quitter le navire pour rejoindre Tottenham. Sa trace reste indélébile. Pochettino est celui qui a permis à Southampton d’écrire une nouvelle page glorieuse de son histoire dans l’élite du football anglais.
Southampton ne quitte plus la première partie de tableau et s’invite en C3
Mauricio Pochettino part à l’été 2014 et n’est pas le seul. Adam Lallana et Dejan Lovren vont vers Liverpool tandis que Luke Shaw rejoint Manchester United. Pour combler ces pertes, Southampton se renforce derrière avec les arrivées de Toby Alderweirled, Ryan Bertrand et Fraser Forster. Devant, les Saints peuvent désormais compter sur Dusan Tadić, Sadio Mané, Shane Long ou encore Graziano Pellè serial buteur au Feyenoord les deux saisons précédentes sous les ordres de Ronald Koeman, le nouvel entraîneur de Southampton. Cette équipe a des noms aujourd’hui très reluisants mais pour l’époque seulement prometteurs. Koeman donne une continuité aux résultats de Pochettino avec un début de saison canon : seulement deux défaites, à Liverpool et Tottenham, lors des douze premiers matchs et un tutoiement du podium inespéré. Schneiderlin poursuit sur son nuage, Ward-Prowse s’envole doucement. Finalement les Saints finissent septièmes, soit un cran plus haut que l’année d’avant.
Ronald Koeman, assisté par son frère Erwin, fait de Southampton un candidat sérieux aux places européennes en apportant de la discipline au club. Une rigueur qui a convaincu Schneiderlin de ne pas partir à l’arrivée du coach néerlandais mais ne l’empêche pas de le faire l’été suivant. Southampton est éliminé de l’Europa League au tour préliminaire mais se qualifie directement pour cette même compétition à l’issue de la saison. En finissant sixièmes, les Saints se surpassent encore et devancent Liverpool et Chelsea. Koeman quitte le Hampshire pour Everton, avec qui il ne fera pas mieux qu’avec Southampton en cette édition 2015-2016 de la Premier League.
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Pour son retour dans la phase de groupe européenne, Southampton désormais entraîné par Claude Puel figure avec l’Inter Milan, le Sparta Prague et l’Hapoel Beer-Sheva. Malgré une décevante troisième place, les Saints s’offrent un succès de gala au St Mary’s face aux Nerazzurri. Puel perpétue l’ambition initiée par Pochettino, à savoir jouer un football offensif. Il s’appuie sur un milieu solide, Schneiderlin ayant été suppléé par Hojbjerg, et développe encore plus les couloirs avec l’arrivée de Redmond pour combler le départ de Mané. Huitième en Premier League, Southampton cesse son ascension. Pour autant, l’entraîneur français offre une émotion que les supporters des Saints n’ont plus connu depuis 2003 : une finale de coupe. Manchester United remporte la finale de la League Cup dans un match acharné où le réalisme de Zlatan Ibrahimović et la seule présence de José Mourinho sur son banc ont mis fin à l’aventure de Puel et des siens. Un parcours remarquable pendant lequel Southampton a éliminé Arsenal puis Liverpool en les battant à l’aller et au retour dans ce qui restent des matchs références du Southampton FC de ces dernières saisons.
Le feu ranimé par Hasenhüttl
Pochettino a entamé un cycle à Southampton que Koeman et Puel ont su poursuivre malgré le licenciement du Français. L’ancien joueur monégasque ne satisfait pas les dirigeants de Southampton à cause d’un résultat plus faible que la saison précédente en championnat et l’élimination en C3 ne passe pas. Ils ne laissent pas le temps à leur entraîneur. Une erreur qu’ils ne reproduisent pas avec Ralph Hasenhüttl. En deux saisons, les Saints connaissent trois entraîneurs et une peur d’être relégué à laquelle ils n’étaient plus habitués. Mauricio Pellegrino est renvoyé en mars 2018, Mark Hugues en décembre de la même année. L’entraîneur autrichien, vice-champion d’Allemagne avec le RB Leipzig, sauve les Saints mais peine à instaurer son style.
Hasenhüttl veut utiliser un 4-4-2 et retrouver ainsi la lignée de Koeman et Puel, avec un jeu offensif concentré sur les ailes. Van Djik, Cédric Soares et Tadić partis, l’équilibre est à recréer. Dans un championnat où les matchs doivent se gagner pour éviter le danger, Hasenhüttl peine à obtenir des résultats. Si son équipe joue bien, elle n’est pas en réussite et ne trouve aucune continuité défensive entre Stephens, Yoshida, Bednarek et Vestergaard fraîchement arrivé. Southampton évite le pire et termine à la seizième place en 2018-2019. La saison suivante, les éléments ne jouent décidément pas en la faveur du coach autrichien qui subit une défaite historique à domicile 0-9 face à Leicester. Cependant, les Saints conservent leur entraîneur et se redressent. La reprise de la saison post-covid est même une grande réussite, Southampton étant l’une des équipes européennes les plus en forme de cette période.
En se plaçant en première partie de tableau depuis le début de cette saison, Southampton semble avoir renoué avec sa récente histoire radieuse. Il a fallu du temps à Ralph Hasenhüttl pour remettre le club dans le droit chemin après deux saisons laborieuses. Finalement, la confiance à un entraîneur étranger sourit au club du sud après Pochettino, Koeman et Puel ayant tous fait vivre des émotions au club du Hampshire comme peu d’autres clubs anglais ont su le faire en-dehors du Big 6. Southampton est une équipe qui se contente de figurer entre la sixième et dixième place et d’attraper une place européenne de temps en temps. Cela lui permet de développer une philosophie de jeu offensive et d’offrir au football quelques uns de ces grands noms contemporains (de Mané jusqu’à Ward-Prowse étincelant la Premier League chaque week-end de leurs talents en passant par Van Djik, Pochettino, Koeman, Tadić, etc). Ce club est peut-être modeste mais s’offre de l’émotion vertigineuse comme lorsque que Hasenhüttl s’effondre en larmes après avoir battu Liverpool le 4 janvier dernier.
Sources :
– BRIGAND Maxime, Southampton et la touche Koeman, publié le 20 septembre 2014 sur sofoot.com
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