Il existe des milliers de phénomènes inexplicables dans le monde, des mystères. Des choses qui sont inaccessibles pour nous, humains, limités mentalement. Et si nous parlions de magie, de coïncidences mystérieuses… et de football ? Nous sommes le 27 juillet 1998 en République démocratique du Congo lorsque l’une des plus étranges tragédies de l’histoire du ballon rond se produit. Récit et analyse de cet évènement troublant.
À onze contre zéro
Certains matchs se finissent avec des effectifs réduits d’un côté ou de l’autre après une pluie de cartons rouges. Ce match-ci est différent, foudroyant. Le 27 juillet 1998, lors d’un match amateur opposant Basanga et Bena Tshadi, la foudre est tombée sur le terrain. Onze joueurs en sortent indemnes. Premier fait troublant : ce sont les onze joueurs de l’équipe extérieure Bena Tshadi qui ont été annihilés par l’éclair alors que l’équipe à domicile s’en est sortie sans une égratignure. Trente autres personnes du public ont reçu des brûlures mais ne sont pas mortes. L’Avenir, journal du Kinshasa, déclare que les athlètes de Basanga s’en sont « curieusement sortis indemnes ».
Une affaire de sorcellerie ?
A cette époque, beaucoup d’équipes d’Afrique de l’Ouest utilisent des sorciers pour tenter d’ensorceler les équipes adverses avant un match afin d’obtenir assurément la victoire. C’est ce que reporte le journal français Libération deux jours après la catastrophe : « La population de cette contrée était déjà connue pour ses pratiques fétichistes dans le football. » Le premier réflexe qu’ont les supporters de Bena Tshadi est effectivement d’accuser les adversaires d’avoir pratiqué la magie noire pour tuer leurs opposants. Les enquêteurs se retrouvent alors face à une multitude de supporters de l’équipe visiteuse persuadés d’avoir été témoins en direct de magie noire provoquée par leurs adversaires. Ils tentent donc de rassembler les indices et d’expliquer rationnellement comment ce phénomène a pu arriver. La probabilité que seuls les onze joueurs de l’équipe adverse meurent sur le coup parmi toutes les personnes présentes au stade est minime. Et pourtant, bien que la magie noire soit dénoncée immédiatement, une explication bien plus logique fait surface.
Sorcellerie, coïncidence… ou chance
Après avoir été mis sur la piste de la sorcellerie par toute la population, les autorités trouvent une coïncidence étrange chez les joueurs foudroyés, au-delà de leur équipe : leurs crampons. En effet, il est tout à fait probable que les joueurs foudroyés aient porté des crampons en métal, alors que l’équipe à domicile portait des crampons moulés. « Je crée ma propre chance » disait ce bon vieux Shay Cormac dans Assassin’s Creed : Rogue. C’est probablement ce qu’ont fait, involontairement, les joueurs de Basanga ce soir-là en mettant des crampons moulés.
Fake ou réalité ?
Cette histoire à dormir debout peut être réelle, mais de nombreuses choses contribuent à la laisser grandement dans l’ombre et à la décridibiliser. La première, c’est que seul le journal L’Avenir est utilisé comme source, et aucun autre média n’a signalé cet évènement autrement qu’en reprenant les informations de L’Avenir. D’autre part, le contexte n’aide en rien. A l’époque, la guerre civile fait rage au Congo et les médias sont concentrés dessus. L’évènement passe presque totalement inaperçu. Un autre phénomène chamboule totalement cette histoire, la réécrit, l’explique peut-être. Lors du match, la foudre est tombée sur le sol et aurait tué tous les joueurs munis de crampons métalliques. Problème : c’est physiquement impossible de mourir lorsque le corps est touché de bas en haut. Tout au plus, nous finissons assommés. L’unique moyen de mourir foudroyé est d’être touché directement à la tête, ce qui n’a pas été le cas lors de cette tragédie.
Mais alors quelle est la véritable version ? Celle des supporters de Bena Tshadi évoquant la magie noire ? La version des crampons ? Ou tout simplement une exagération médiatique profitant d’un contexte flou pour créer un mythe ? Rien d’officiel n’a été tiré de cette affaire, et cette étrange tragédie restera toujours mystérieuse aux yeux de tous. A part les personnes présentes lors du drame, s’il a vraiment eu lieu, personne ne connaîtra la réalité sur cet évènement.