Le 16 juillet 1950, le Brésil s’apprête à entrer dans le concert des Nations par la porte de la plus prestigieuse des compétitions de football : la Coupe du monde. Pourtant, à l’issue d’un match disputé à domicile, dans un stade construit à cette fin, le Brésil est vaincu. L’équipe uruguayenne victorieuse du match et de la compétition a non seulement battu l’équipe brésilienne mais elle a également abattu tout un peuple. Ce « drame du Maracana » marqua plusieurs générations de Brésiliens et eut de nombreuses conséquences, notamment racistes, les boucs-émissaires rendus responsables de la défaite étant plusieurs joueurs noirs de l’équipe, dont le gardien de but Barbosa. Pourtant, seulement huit ans plus tard, les deux hommes qui permirent de faire oublier cette humiliation nationale furent deux jeunes footballeurs à la peau foncée et aux origines modestes. L’un allait entrer dans l’Histoire comme étant le plus grand footballeur de tous les temps, l’autre eut une fin tragique, mais tous deux redonnèrent le sourire à tout un peuple.
LIRE AUSSI : Le drame du Maracana : et le Brésil pleura
Des origines modestes
Pelé comme Garrincha sont nés au sein de familles modestes. Néanmoins, dès le départ, ils ne partaient pas avec les mêmes dispositions. En effet, Pelé est lui-même fils de footballeur. Son père dut arrêter le football de manière prématurée en raison de blessures, ce qui conditionna la vie future de son fils prodige. En effet, d’un côté Dondinho voulait la réussite sportive de son fils pour combler son propre échec et de l’autre, Pelé eut toujours à cœur de « venger » en quelque sorte son père en réussissant lui-même ce qu’il n’avait pu accomplir. Cet échec du père de Pelé à devenir un footballeur reconnu eut une importance considérable dans la carrière du Brésilien. Surtout, le fait que Dondinho avait été joueur permit à Pelé de bénéficier d’une passerelle vers le monde professionnel. En effet, l’ancien entraîneur de Dondinho, Waldemar de Brito – lui-même ancien international qui dut arrêter sa carrière pour cause de blessures – joua un rôle majeur dans le parcours de Pelé, l’emmenant à Santos, faisant ainsi démarrer sa carrière.
Garrincha, lui, n’avait pas de parent qui avait joué au football. Par ailleurs, il n’eut vraisemblablement jamais l’intention de devenir footballeur professionnel et d’accomplir une grande carrière. Garrincha est né à Pau Grande, une petite cité industrielle à environ 70km de Rio. Là-bas, la vie était réglée autour de l’entreprise de textile America Fabril et le football était une activité paternaliste parmi d’autres. Si Pelé fut amené, très jeune, à travailler pour contribuer aux revenus familiaux, Garrincha était destiné à travailler à l’usine toute sa vie. Et encore, le jeune Brésilien n’était pas un employé modèle et sans son talent sur le terrain de football de l’entreprise, il aurait certainement été licencié. Au lieu de ça, alors qu’il portait l’équipe de l’usine sur ses épaules, les responsables lui passaient ses différents retards. C’est là-bas, dans cette petite cité ouvrière où il vécut la majeure partie de sa vie, que Garrincha toucha ses premiers ballons, avec ses amis, sur des terrains de fortune, les peladas. Tout comme ce fut le cas pour Pelé dans le Minas Gerais de son enfance et comme ce fut le cas de bien d’autres futurs footballeurs professionnels à l’époque et encore récemment.
On l’a dit, Pelé était en quelque sorte programmé à devenir ce qu’il est devenu, peut-être pas dans de telles proportions néanmoins. Une fois arrivé à Santos, sa voie était tracée. Son talent inné allié à un professionnalisme remarquable, allaient assurément le mener loin, ils le menèrent en effet très loin. Il fut précoce, quittant sa famille et jouant son premier match professionnel à quinze ans, intégrant l’équipe type du Santos FC et disputant sa première rencontre internationale à seize ans, marquant par la même occasion son premier but avec la Seleçao.
Pour Garrincha, le parcours fut plus chaotique et surtout inattendu. Etant un peu plus vieux que Pelé, c’est en 1953 qu’il intégra le monde professionnel sous les couleurs de Botafogo. Repéré par un ancien joueur du club lors d’un tournoi inter-usines, il mit un certain temps avant de se décider à aller à Rio afin d’effectuer un test dans le club, d’autant plus qu’il avait déjà été refusé par plusieurs grands clubs. Affrontant alors l’équipe titulaire, il humilie sur son aile droite Nilton Santos, latéral gauche et cadre de l’équipe, qui demande alors à l’engager, tant le talent du jeune ouvrier saute aux yeux. Nilton Santos, par ailleurs international, allait devenir un proche de Garrincha et le prendre sous son aile.
La Coupe du monde 1958, la croisée des chemins
Sélectionné pour la première fois en équipe nationale en 1955, à 21 ans, Garrincha est donc rejoint deux ans plus tard par Pelé, alors âgé de 16 ans. Les deux hommes font partie des 22 Brésiliens envoyés en Suède afin d’aller remporter une première Coupe du monde. Ils ne le savent pas encore, mais ils vont jouer un rôle décisif dans la conquête de ce titre. Héritant pour Pelé du numéro 10 et pour Garrincha du numéro 11, leur destin va être lié. Éliminés en quart de finale par la Hongrie lors de la précédente édition, celle qui avait succédé au drame du Maracana, les Brésiliens battent lors du premier match l’Autriche par 3 buts à 0 avec notamment un but de Nilton Santos, le partenaire de Garrincha à Botafogo. Lors de la deuxième rencontre, les Brésiliens rencontrent l’Angleterre, patrie du football. Ce match, resté célèbre pour sa qualité et l’opposition claire de deux styles de jeu différents, se solde par un match nul 0-0. Lors de ces deux premières rencontres, les jeunes prodiges de 17 et 24 ans sont restés sur le banc, le sélectionneur Ficente Feola redoutant leur jeune âge et par conséquent leur manque d’expérience.
Pour la troisième rencontre, le Brésil doit faire face à l’URSS, elle aussi victorieuse de l’Autriche et tenue en échec par l’Angleterre. Match capital donc pour la suite de la compétition. Des cadres de l’équipe tels que Didi ou encore Nilton Santos font alors pression sur Feola pour qu’il titularise Pelé et Garrincha. A Göteborg, devant plus de 50 000 personnes, les Brésiliens font très vite la différence, d’abord grâce à la vieille garde. Didi, d’une superbe inspiration, transperce la défense par un extérieur du pied droit, trouvant Vavà qui n’a plus qu’à croiser sa frappe pour tromper l’Araignée Noire, Lev Yachin. C’est alors que Garrincha commence son travail de destruction. Avec son dribble si caractéristique, il martyrise Kusnetsov, le latéral gauche. A l’arrêt ou au ralenti face à son vis-à-vis, le joueur de Botafogo feinte, parfois plusieurs fois, faisant mine d’aller vers sa droite, avant d’y aller vraiment, laissant sur place le défenseur grâce à son explosivité. Ce geste, tant de fois répété, laissera des dizaines de défenseurs frustrés. En première mi-temps, l’ailier droit trouve même le poteau du portier du Dynamo Moscou. Sur le second but, c’est Pelé qui combine avec Vavà, permettant à ce dernier d’inscrire un doublé. Victoire deux à zéro du Brésil et premières convaincantes pour Pelé et Garrincha qui ne quitteront plus le 11-type de Feola.
En quart de finale, le Brésil retrouve le Pays-de-Galles et c’est Pelé qui inscrit le but victorieux. Puis, vient la demi-finale et un match de légende face à la France de Jonquet, Kopa et surtout Fontaine, l’autre grand monsieur de cette Coupe du Monde. Un match qui démarre très fort avec un but de Vavà auquel répond Fontaine. C’est alors le premier but concédé par Gilmar depuis le début de la compétition. Malheureusement, Jonquet, le capitaine des Bleus, se blesse à la demi-heure de jeu, laissant ses partenaires à 10 – même s’il reviendra sur le terrain afin de faire le nombre. A partir de ce moment-là, la partie devient déséquilibrée et Didi, grâce à une magnifique frappe, permet au Brésil de rentrer aux vestiaires avec un but d’avance. En deuxième mi-temps c’est un récital pour Pelé qui s’offre un triplé, bien aidé par les débordements incessants de Garrincha, lui offrant des balles de but. Un duo est né et il s’apprête à disputer sa première finale de Coupe du monde. C’est l’occasion pour leurs coéquipiers et eux de venger leurs prédécesseurs de 1950 et leur terrible désillusion subie au Maracana.
Saluant le roi de Suède Gustave VI Adolphe, les Brésiliens s’apprêtent à défier le pays hôte. Les Auriverde concèdent l’ouverture du score dès la 4ème minute. A la 9ème minute, Garrincha sert Vavà pour l’égalisation. C’est ensuite Pelé qui frappe sur la barre transversale avant de trouver plus tard Vavà qui, cette fois-ci, ne parvient pas à tromper le portier suédois. Incessantes, les attaques brésiliennes viennent souvent du côté droit, celui de Garrincha. Le latéral suédois avait pourtant conscience de la dangerosité du natif de Pau Grande et se méfiait de son dribble, mais rien n’y fit. Même alertés, les défenseurs adverses ne pouvaient résister à la puissance et à la rapidité dégagées par Garrincha. Pelé, menant le jeu brésilien, n’hésite pas à frapper aux buts et Svensson, le gardien adverse, est sollicité à de multiples reprises. Dans cette équipe, le danger peut venir de tous côtés. A la 32ème minute, Garrincha déborde, centre et trouve Vavà. 2-0. C’est l’exact copier-coller du premier but brésilien. Pelé, qui suivait l’action, tombe dans les bras de Garrincha. En deuxième mi-temps, le joueur de Botafogo continue son festival côté droit. Pelé et Vavà ne sont jamais loin, plongeant dans la surface au moindre centre. A la 55ème minute, servi depuis le côté gauche, Pelé réalise un coup du sombrero sur un défenseur puis pousse le ballon au fond des filets. Zagallo inscrit un quatrième but suite à un à corner tiré par lui-même. Les Suédois réduiront la marque mais en toute fin de match, Pelé inscrit son deuxième but, grâce à une tête faisant suite à un une-deux avec l’ailier gauche. A 17 ans il vient d’inscrire un doublé en finale de Coupe du monde, le tout avec une assurance folle et en ayant pris les commandes du jeu de l’équipe. De son côté Garrincha a on-ne-peut-plus contribué au succès, grâce à ses débordements incessants et à ses centres se transformant bien souvent en passes décisives.
Des succès également en club
De retour au pays, les 22 joueurs brésiliens sont des héros, ils ont rendus leur fierté à un peuple meurtri par le drame du Maracana. Pelé et Garrincha, décisifs dans la victoire, sont de véritables stars. Chacun retourne alors à son quotidien et dans son club, Santos pour Pelé, Botafogo pour Garrincha. Ce dernier décide de rester à Pau Grande, dans sa petite cité industrielle, où il vit avec sa femme et ses filles. Tous les deux ont beaucoup de succès en club. Déjà vainqueur du championnat carioca en 1957, Garrincha le remporte encore en 1961 et 1962, toujours avec Botafogo. Cette même année 1962, alors qu’il est à son sommet, il remporte également le tournoi Rio-Sao Paulo. Pelé, de son côté, remporte avec Santos le championnat de Sao Paulo en 1960, 61 et 62, après deux premiers sacres en 1956 et 1958. Surtout, il remporte la Copa Libertadores 1961 et 1962 ainsi que la Coupe Intercontinentale 1962 et 1963 face à Benfica et à l’AC Milan. Avec lui, Santos devient une des meilleures équipes du monde. Ainsi, alors que se profile la Coupe du monde 1962 au Chili, les deux joueurs atteignent des sommets avec leurs clubs respectifs. Le Brésil fait figure d’immense favori.
La Coupe du monde 1962, le chef d’oeuvre de Garrincha
Grâce à des buts de Zagallo et Pelé, les tenants du titre se défont du Mexique pour leur premier match. Mais lors du second match, face à la Tchécoslovaquie, Pelé est sévèrement touché et doit quitter l’équipe pour le reste de la compétition, c’est un sacré coup dur à la fois pour l’équipe et pour le joueur qui n’aura pas l’occasion de briller dans la plus belle des compétitions alors que son année footbalistique a été remarquable. Le Brésil termine néanmoins premier de son groupe en battant 2 buts à 1 l’Espagne, après avoir été mené au score.
En quart de finale le Brésil retrouve l’Angleterre. En l’absence de Pelé, Garrincha a plus de responsabilités, ce qu’il assume parfaitement. Avec son maillot auriverde désormais orné du numéro 7 qu’il porte en club, il est toujours aussi dangereux par ses débordements. Mais, profitant de l’absence de Pelé, il gagne aussi le centre du terrain, monopolisant les ballons. A la 31ème minute il inscrit de la tête le premier but du match. Il régale, provoquant les Anglais par ses dribbles, multipliant les occasions de but et subissant de nombreuses fautes. En seconde mi-temps, il frappe le coup franc qui amène au but de Vavà. Tantôt lancé en profondeur, tantôt partant arrêté ou interceptant un ballon, il rend fou son vis-à-vis. Le commentateur anglais est en admiration. Il se permet de tirer un corner de l’extérieur du pied, tentant de le frapper rentrant. Tout comme il aurait pu le tenter avec des amis sur le terrain près de chez lui. Loin d’être cantonné à son côté droit, l’ailier de 28 ans est au sommet de son art, inscrivant le troisième but brésilien d’une frappe depuis l’entrée de la surface de réparation. Vainqueur de l’Angleterre quasiment à lui tout seul, il impressionne par sa qualité technique et sa confiance en ses propres capacités, rarement vues à ce niveau.
En demi-finale, c’est le pays hôte que le Brésil s’apprête à affronter. Après avoir été stoppé à plusieurs reprises sur son côté droit, Garrincha trouve l’ouverture depuis l’entrée de la surface, d’une frappe surpuissante du pied gauche qui termine sa course en lucarne. Puis, il est fauché dans la surface sans que l’arbitre ne siffle faute. De la tête, il double la mise à la 32ème minute. C’est encore lui qui, en seconde mi-temps, frappe le corner et offre à Vavà son premier but du match. Celui-ci en marquera un second, le Brésil se qualifiera et Garrincha aura écœuré les 72 000 spectateurs de Santiago. A tel point qu’il reçoit une pierre sur la tête, ce qui le fait pousser un adversaire. Résultat, il reçoit le premier carton rouge de sa carrière. Une fois qu’on se sera rendu compte qu’il avait été victime d’un jet de pierre, on l’autorisera à jouer la finale au cours de laquelle les Brésiliens retrouvèrent leurs adversaires du premier tour, les Tchécoslovaques. Vainqueurs 3 à 1, après avoir concédé l’ouverture du score, les Brésiliens conservent leur couronne mondiale et Garrincha apparaît comme la pièce maîtresse de cette équipe. Cette compétition fut son chef d’oeuvre, couronnant une année 1962 particulièrement réussie. Il époustoufla le monde entier, palliant parfaitement l’absence de Pelé.
Un rapport différent au professionnalisme
Contrairement à Pelé, Garrincha n’est pas un grand professionnel. Il joue au football de la même manière qu’il soit sur son terrain de Pau Grande, au Maracana ou sur les terrains de la Coupe du monde. Il en fait la démonstration à plusieurs reprises, et surtout lors de la Coupe du monde 1962 où son talent et son insouciance eurent raison de tous les adversaires du Brésil. Sur le terrain, Garrincha s’amuse, il joue avec ses adversaires et se joue d’eux, pour le plus grand plaisir du public. Avec Botafogo, il fait partie d’une équipe de légende, ayant marqué l’histoire du club. Les supporters et les spectateurs l’adulent. Il fait du football un art et plus encore, un spectacle. Le public n’hésite pas à rire quand il fait tourner en bourrique ses adversaires. Il est la « Joie du peuple ». Pour lui, jouer est un plaisir, s’entraîner beaucoup moins. Contrairement à Pelé qui fait preuve d’un grand professionnalisme, s’entraînant dur depuis très jeune. Avec le temps, alors que son corps aurait eu besoin de repos, il s’épuise. Exploité par Botafogo qui ne le rémunère pas à sa juste valeur, il joue tous les matchs alors que ses jambes capricieuses, tordues comme le révèle le médecin du club, demanderaient du repos. Au contraire, pour « le Roi Pelé » enchaîner les matchs n’est pas un soucis. Son hygiène de vie impeccable lui permettent de jouer plus de 60 matchs par saison, plus encore en comptant les matchs amicaux. Pelé est un monstre physiquement et le fait d’avoir commencer sa carrière très jeune lui permet de mener une très longue carrière (21 ans au total) tout en s’arrêtant à un âge raisonnable (37 ans). Au cours de cette longue carrière, il aura disputé plus de 830 matchs officiels, inscrivant la bagatelle de 767 buts. Les chiffres sont encore plus impressionnant si l’on compte les très nombreux matchs amicaux disputé par le « Roi ». Garrincha aussi eut une longue carrière, arrêtant le football à l’âge de 39 ans. Mais lorsqu’il arrête en 1972, sa réussite sportive était derrière lui depuis bien longtemps.
Deux destinées différentes
Si Pelé se releva de la blessure subie lors de la Coupe du monde 1962, accumulant les titres avec Santos, Garrincha entama pour sa part une lente descente aux Enfers. Miné par les blessures et subissant divers drames personnels, il ne disputa que 42 matchs entre 1963 et 1972, enchaînant, après son départ de Botafogo, divers clubs sans jamais y jouer une saison complète. Malgré tout, il fut amené à disputer la Coupe du monde 1966, aux côtés de Pelé. Mais il n’était que l’ombre de lui-même. Marquant tout de même un but sur coup-franc lors du premier match – une victoire face à la Bulgarie – il connaît sa première défaite avec la Seleçao lors du deuxième match, alors que Pelé est absent. Garrincha ne dispute pas le troisième match, perdu face au Portugal d’Eusebio et synonyme d’élimination. La défaite face à la Hongrie fut le dernier match de Garrincha en sélection nationale. Il avait alors 32 ans et ne devait clairement sa place qu’à son passif et non pas à sa forme actuelle.
Pelé, de son côté, se releva de cet échec anglais grâce à une mythique Coupe du monde 1970. Il avait alors 29 ans et étincela par sa classe, terminant meilleur joueur et meilleur passeur de la compétition. Une nouvelle génération entourait alors Pelé, celle des Tostao, Jairzinho et autres Carlos Alberto. Devenant la première nation à remporter trois fois le trophée, le Brésil gagne le droit de repartir du Mexique avec le trophée Jules Rimet, que la CFB garde pour de bon.
Considéré comme un des meilleurs si ce n’est le meilleur joueur de tous les temps, Pelé est une légende vivante, ayant reçu un nombre incalculable de récompenses et de distinctions. Il est un véritable mythe et apparaît comme le pape du football, à l’image irréprochable. Il fut même ministre des Sports du Brésil durant les années 1990. Son ancien coéquipier Garrincha eut une destinée tragique, son corps ne répondant plus présent après la Coupe du monde 1962. Diminué, ruiné, sombrant dans la solitude et l’alcoolisme, cette dernière eut raison de lui. Il fut hospitalisé à plusieurs reprises et finit par mourir, à l’âge de 49 ans, dans l’anonymat. Une fois la nouvelle de sa mort connue, le peuple brésilien sut tout de même lui rendre hommage. La foule était immense pour dire au revoir à la « Joie du peuple » dont le corps reposa au Maracana avant d’être transporté à Pau Grande. Le convoi funéraire fut suivi pendant les 70km séparant la cité industrielle de Rio et le petit cimetière fut envahi par le peuple brésilien. Si Pelé n’était pas présent, un homme veilla sur son vieil ami, Nilton Santos, lui qui avait pris le jeune ouvrier sous son aile, au début des années 1950.
Garrincha – meilleur joueur de la Coupe du monde 1962 – et Pelé – meilleur joueur de la Coupe du monde 1970, rapportèrent ensemble en 1958 le premier trophée mondial du Brésil, vengeant leurs prédécesseurs de 1950.
Jamais ils ne connurent la défaite lorsqu’ils furent associés.
Sources :
- Leite Lopes José Sergio, Maresca Sylvain, « La disparition de « la joie du peuple » » dans Actes de la recherche en sciences sociales, n°79, septembre 1989.
- « Garrincha, joie du peuple », Joachim Pedro, 1963, 60 minutes.
- Prolific Scorers Data
Pour aller plus loin :
- Olivier Guez, Eloge de l’esquive, Grasset, 2014.
- Pelé, Ma Vie, Les mémoires du roi Pelé, Flammarion, 2006.
Crédits photos : IconSport