Jamais encore la MLS n’a acquis popularité et légitimité en Europe, mais si un club a su dépasser le manque de visibilité du championnat américain, c’est bien le Los Angeles Galaxy. En attirant David Beckham, encore au sommet avec le Real Madrid, en 2007, le club de LA succède au New York Cosmos des années 1970 et 1980. Comptant dans ses rangs des joueurs tels que Pelé, Beckenbauer, ou Cruyff, le Cosmos a mis la lumière sur le soccer pour la première fois de son histoire avant la chute de la NASL en 1984. La MLS voulant s’inscrire comme le premier championnat durable et compétitif du soccer américain, le Galaxy, dans la plus pure tradition de la Cité des Anges, a décidé d’en devenir la plus brillante étoile.
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L’ascension du Los Angeles Galaxy
Parmi les dix clubs fondateurs de la Major League Soccer, le LA Galaxy est fondé en 1994 et attend la première saison de MLS en 1996 pour faire son apparition sur le devant de la scène. Immédiatement compétitif, le Galaxy bloque trois fois en finale entre 1996 et 2001, où il est battu par les Earthquakes de San José et leur pépite Landon Donovan. Auteur de son cinquième but des playoffs pour sa première saison aux Etats-Unis, le jeune milieu offensif se révèle au soccer et aura son mot à dire dans l’histoire du Galaxy. C’est le début de la rivalité entre les deux franchises et la naissance du « California Clasico ».
Couteau entre les dents, Los Galacticos terminent la saison régulière suivante en tête du classement devant le rival de San Jose. En playoffs, dans des affrontements au meilleur des trois matchs, c’est la même histoire et les joueurs de Sigi Schmid renvoient tour à tour Kansas City, les Rapids du Colorado, et le New-England Revolution à la maison. Hormis un accroc lors du deuxième match des demi-finales de conférence face à Kansas, le Galaxy roule sur l’Ouest. Premier de la Conférence Est, New-England rejoint LA en finale après des tours de playoffs plus accrochés. Cela n’empêche pas les Revs de pousser les bleus, blancs et or jusqu’en prolongations. Deuxième au classement du MLS Scoring Champion 2002, prenant en compte buts et passes décisives, Carlos Ruiz offre, à la 113ème minute, un titre attendu depuis plus de six ans dans la Cité des Anges.
Malgré cette libération, les deux saisons suivantes sont plus compliquées pour l’équipe californienne, seulement quatrième de sa conférence en 2003 et larguée par Kansas City en 2004. Les dirigeants de la franchise ne vont pas manquer une opportunité en or de passer un cap. Prêté aux Earthquakes de 2001 à 2004 par le Bayer Leverkusen, Landon Donovan retourne en Allemagne dans un club qui ne compte pas sur lui. Meilleur jeune de la Coupe du Monde 2002, champion de MLS en 2001 et 2003, il arrive à Los Angeles en mars 2005 contre une bouchée de pain mais avec un statut de superstar du soccer à assumer. Sans éclat en saison régulière, les Californiens rejoignent les playoffs pour un nouveau « California Clasico » face aux San Jose Earthquakes, facilement premiers de la phase régulière à l’Ouest. Landon, le traître, est énorme en demi, puis en finale de conférence pour emmener sa franchise en finale de la MLS Cup. Trois ans après le premier titre californien, on prend les mêmes et on recommence, Los Angeles rencontre New England au pied de la dernière marche. Encore une fois, le score est nul et vierge à l’issue des quatre-vingt-dix minutes, mais, à nouveau, LA s’en sort en prolongations.
Ce deuxième titre est le dernier avant que Los Angeles ne devienne réellement le Galaxy à travers sa collection de stars. La saison 2006, catastrophique, est suivie de l’intersaison qui va tout changer pour le double champion de Major League Soccer. En 2007, dans un objectif de développement de la ligue, une nouvelle règle est officialisée : la « Designated Player Rule ». Cette règle autorise chaque franchise à signer trois joueurs sous le statut de joueur désigné, ce qui leur permet d’offrir un meilleur salaire à ces joueurs, sans pour autant dépasser le cap salarial imposé par la MLS. Aussi connu sous le nom de Beckham Rule, cette règle va faciliter le transfert du Spice Boy du Real Madrid à Los Angeles. En même temps, qui de mieux qu’un galactique pour emmener le Galaxy vers les étoiles ?
L’internationalisation du club, et de la MLS
Plus que toute autre équipe, le Los Angeles Galaxy va symboliser cette volonté d’internationalisation du championnat américain. Depuis 2007, le club a compté dans ses rangs des joueurs de premier plan, dotés d’une grande expérience européenne, tels que David Beckham donc, Robbie Keane, Steven Gerrard, Zlatan Ibrahimovic, Douglas Costa ou encore les frères Dos Santos. Paradoxalement ou non, c’est après l’arrivée du premier que les Angelinos vont vivre l’une des périodes les plus compliquées de leur histoire. Malgré leur recrue et Landon Donovan, ils passent les saisons 2007 et 2008 dans les tréfonds de la Conférence Ouest. Après deux années de rodage, Beckham et les siens enchaînent deux saisons en tant que leaders de l’Ouest. Ils atteignent même une nouvelle finale de MLS Cup en 2009, avant d’échouer en finale de conférence l’année suivante. L’équipe est performante et proche du titre mais manque d’une arme fatale, Landon Donovan se muant même en buteur prolifique depuis son arrivée au club.
Meilleur buteur de l’histoire de la sélection irlandaise, Robbie Keane rejoint le Galaxy en tant que joueur désigné aux côtés de Donovan et Beckham. S’il est peu disponible lors de sa première année au sein de la franchise, cela n’empêche pas l’équipe d’être sacrée sur la scène nationale pour la troisième fois en 2011. Donovan, auteur du but du titre face à Houston, enchaîne par une saison à quatorze passes décisives ponctuée d’une nouvelle finale de MLS. Keane, plus présent et en pleine forme, porte son équipe en playoffs avec six buts en six matchs, dont le but du KO face au Houston Dynamo. Un « back to back » face à la franchise texane et LA porte son total à quatre sacres nationaux.
À la suite de ce titre en 2012, le trio de joueurs désignés perd sa plus brillante étoile. David Beckham quitte la côte ouest pour le Paris Saint-Germain et une dernière pige en Europe. On ne change pas une équipe qui gagne, le Galaxy offre donc le statut de « DP » à Omar Gonzalez, défenseur central américain au club depuis 2009. Stoppé en demi-finale de conférence par le Real Salt Lake en 2013, la Cité des Anges retrouve l’olympe du soccer un an plus tard en finale face à une vieille connaissance, le New England Revolution. Auteur du but de la victoire en prolongations, Robbie Keane conclut une saison magnifique avec vingt-et-un buts, douze passes décisives, un trophée de MVP de la saison régulière puis de la finale de MLS.
Auteur d’une nouvelle saison de haut rang, Landon Donovan quitte le club au sommet, avant un bref retour en 2016. Il est suivi par Omar Gonzalez, Robbie Keane, Juninho ou encore A.J. DeLaGarza, symboles de la domination de la franchise entre 2010 et 2015, qui la quittent tour à tour. Depuis 2014, le Los Angeles Galaxy vit la plus longue disette de son existence. Trois participations aux playoffs entre 2015 et 2021, sans aller plus loin que les demi-finales de conférence.
Pourtant, le premier club de MLS de Los Angeles n’a jamais arrêté d’attirer les stars européennes dans son giron. En 2015 et 2016, un Steven Gerrard vieillissant porte les couleurs du quintuple champion des États-Unis. Un an et demi après le départ de l’Anglais, c’est un Zlatan Ibrahimovic encore plus âgé qui rejoint la formation californienne. Les deux joueurs sont performants mais leur âge ne permet pas la construction d’un projet de long terme. Depuis le départ du Suédois et la défaite en playoffs contre les nouveaux voisins du Los Angeles Football Club en 2019, la franchise peine à remonter la pente. En 2020, lors d’une saison au format particulier en raison de la pandémie, l’équipe termine dernière de sa poule et ne voit pas les phases finales, avant d’échouer au pied des playoffs en 2021.
Une transition difficile
Depuis Zlatan, plus de traces de joueurs de ce calibre, la franchise mise sur des jeunes à fort potentiel ou des joueurs encore dans la force de l’âge. En témoigne la colonie française menée par Samuel Grandsir, passé par Monaco, Sega Coulibaly, et Kevin Cabral, joueur désigné du club aux côtés de Javier « Chicharito » Hernández et Douglas Costa. Le Mexicain et le Brésilien sont arrivés chez Los Galácticos la trentaine à peine passée après une carrière au sein des plus grands clubs européens. En 2019, le Galaxy tente même le coup Cristian Pavon, grand espoir argentin prêté par Boca Juniors. Un prêt qui ne donnera pas suite mais le symbole d’une équipe, et d’une MLS plus globalement, en quête de développement pour réduire l’écart avec les championnats européens.
Si un transfert suffisait à mettre en lumière cette nouvelle politique, il y a peu de doutes sur l’identité du joueur en question : Riqui Puig. Arrivé cet été en provenance du FC Barcelone avec l’étiquette d’immense espoir du ballon rond, l’Espagnol a signé un contrat jusqu’en 2025. Le milieu de poche rejoint une équipe et un championnat très jeunes, dépassant à peine les 25 ans de moyenne. Des pépites issues des Etats-Unis ou d’Amérique du Sud en majorité garnissent les rangs du Galaxy, dont une grande partie a été formée au club.
Franchise la plus clinquante et titrée de MLS, le Galaxy est à la recherche d’un second souffle après avoir accueilli les plus brillantes étoiles internationales de son championnat. Aux côtés des légendes européennes, les Américains passés par Los Angeles ne sont pas en reste. D’Alexi Lalas à Gyasi Zardes en passant par Cobi Jones ou Landon Donovan, beaucoup des plus grands noms de l’USMNT (Equipe nationale des États-Unis) sont passés par la franchise étoilée. En difficulté depuis 2015, le club a vu son hégémonie locale remise en question par l’arrivée d’un nouvel ange dans la cité en 2018.
Le Los Angeles FC a fait ses débuts en MLS et attiré des joueurs tels que Carlos Vela, Gareth Bale, ou Giorgio Chiellini dans son effectif. Si les oppositions entre les deux franchises, connues sous le nom d’« El Tráfico », sont plus à l’avantage de l’aîné, les résultats du cadet en MLS sont bien plus probants. En effet, les Wings n’ont manqué les playoffs qu’en 2021 et sont bien partis en 2022 pour terminer en tête de la Conférence Ouest pour la deuxième fois après 2019. Saison durant laquelle ils ont notamment éliminé le Galaxy en demi-finale de la Conférence Ouest.
Autrefois plus grands rivaux de la MLS, les Earthquakes et le Galaxy peinent aujourd’hui à s’affronter autre part qu’en saison régulière. En finale en 2001, en playoffs en 2003 et 2005, les deux franchises ont fait vivre le soccer au rythme des « California Clasicos », rivalité exacerbée par le transfert de Landon Donovan à Los Angeles en 2005 après quatre saisons passées à San Jose. Le rival historique tout en bas de la Conférence Ouest, le LA Galaxy a maintenant son nouveau voisin dans le viseur.
Alors que le Los Angeles Galaxy a pour lui la gloire de l’histoire, le LA Football Club a misé sur les ruines laissées par Chivas USA après sa disparition en 2014. Filiale américaine du Club Deportivo Guadalajara, la franchise a réuni une grande communauté hispanophone autour de l’équipe, profitant au LAFC. Cela n’a pas empêché la franchise de recruter, comme précédemment mentionné, des grands noms en bout de course tels que Bale ou Chiellini. La quête du trône Angelino passera par des affrontements, de préférence en playoffs, entre les troupes du Los Angeles FC et le Galaxy, emmené par son nouveau fer de lance, Riqui Puig.
De sa fondation à aujourd’hui, le Los Angeles Galaxy a toujours évolué sur une planète à part. Plus de stars, plus de titres, en MLS la franchise californienne a toujours allié développement et paillettes. De la gueule du soccer des années 90, Alexi Lalas, à l’icône du début du XXIème siècle, Landon Donovan, en passant par des légendes venues d’Europe, Los Galácticos ont multiplié les grands noms. Aux États-Unis, « soccer star » rime avec « Hollywood Boulevard ».
Sources :
- Antoine Latran, MLS 2018 : Le LAFC veut conquérir Los Angeles, Lucarne Opposée.
- Léna Bernard, Riqui Puig, l’exil de l’ange catalan, Caviar Magazine.
- Quentin Ballue, David Beckham : insolente précision, cœur de lion, icône d’une génération, Caviar Magazine.
- LA Galaxy Team History, Sports History Team.
Crédits photos : Icon Sport