Le football est sans nul doute le sport le plus populaire sur notre planète, ce qui peut pousser certains joueurs à quelques folies pour accéder à la prochaine étape d’une compétition. Par exemple, pouvoir participer à une Coupe du Monde relève du fantasme ultime pour certains… qui pourraient en venir à se mutiler pour y parvenir. Pas de blague ici, seulement la rocambolesque d’El Condor.
Nous sommes en septembre 1989, le Chili se déplace sur les terres brésiliennes pour y effectuer un match de qualification décisif pour la Coupe du Monde 1990. Décisif car seule la victoire pouvait permettre aux Chiliens de se qualifier pour la compétition. C’est dans ce match que l’on pourra voir l’une des plus grosses arnaques que le football ait connu. Alors qu’on joue la 70ème minute et que la Seleçaõ mène 1-0, un fumigène est lancé par le public du Maracanã en direction de Roberto Rojas, le gardien de la sélection chilienne, véritable idole du poste dans son pays. Le portier s’écroule et montre alors un visage ensanglanté à la caméra venue filmer la scène de plus près. Evidemment, l’incident sonne la fin de la rencontre capitale étant donné que les Chiliens refusent de continuer, regroupés dans leur vestiaire, leur sécurité n’étant plus assurée. Le soir-même, une enquête est ouverte, mais le scénario de la soirée laisse présager une victoire sur tapis vert pour Rojas et les siens, ce qui serait synonyme de qualification au mondial 90.
Seulement voilà, un photographe argentin a pu voir la scène de ses propres yeux et est donc parti alerter la FIFA sur un élément troublant : le fumigène s’est écrasé à au moins un mètre de Rojas. Après avoir examiné les images à plusieurs reprises, la FIFA a elle aussi émit des doutes sur l’incident. Quelques jours plus tard, celui qu’on surnomme El Condor avouera à un journaliste de La Tercera qu’il s’est mutilé lui-même avec un scalpel caché dans son gant pour remporter la rencontre sur tapis vert. Une décision bien étrange mais qui résulte d’une peur que le gardien chilien expliquera plus en détail.
Une FIFA corrompue ?
Suite à des incidents lors du match aller entre les deux nations, la FIFA a alors punit le Chili a effectuer son prochain match, normalement à domicile, hors de ses frontières. Une décision qui semble anodine, mais pas lorsqu’on sait que le patron de la FIFA de l’époque, João Havelange, était brésilien. Persuadé qu’Havelange ferait tout ce qui est en son pouvoir pour permettre à son équipe nationale de se qualifier, Rojas n’estimait avoir aucune chance de remporter cette rencontre cruciale au Maracanã. « Comme je jouais au Brésil (à São Paulo), je savais qu’on nous ne permettrait pas de gagner au Maracanã, mais ce n’était pas une raison pour se contenter de rester les bras croisés » a avoué Rojas.
Seule la ruse, certes maladroite, pouvait lui permettre d’arracher la qualification et donc de revenir en héros auprès des siens. Avec la complicité du vice-capitaine, Fernando Astengo, Rojas avait alors prévu qu’au moindre petit incident dans ce stade très agité d’habitude, de sortir du terrain avec ses coéquipiers afin de faire stopper la rencontre. Le kiné de la sélection était lui aussi dans le coup, puisque c’est lui qui a permis de faire passer le scalpel dans les gants d’El Condor, parfaitement enrobé dans de l’adhésif pour ne pas faire repérer la supercherie. Ayant été le premier touché, c’est donc Rojas qui a profité du fameux « incident » pour se taillader l’arcade sans que personne ne s’en aperçoive, et ainsi faire arrêter le match, avec ses coéquipiers qui le suivent au vestiaire.
Cet aveu sera lourd de conséquences pour la sélection chilienne qui sera exclue de la Coupe du Monde 1990 et 1994. Astengo sera suspendu des terrains durant 5 ans tandis que Rojas sera lui suspendu à vie. Et si vous vous demandiez si le surnom d’El Condor résultait de cet incident, il faut savoir qu’au Chili, cela signifie : « maladresse grave et honteuse », à vous de faire votre propre réflexion.
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