Après quatre éliminations consécutives en quarts de finale de la Ligue des Champions, dont deux face au FC Barcelone, le Paris Saint-Germain retrouve les Catalans en 2017, en huitièmes de finale. Pour sa première saison dans la capitale française, Unai Emery ne hisse le PSG qu’à la deuxième place de son groupe derrière Arsenal. Un handicap qui fait hériter à Paris du pire adversaire : le Barça et sa MSN.
Depuis son retour en Ligue des Champions, en 2012, le Paris SG connaît donc très bien les Barcelonais. Six matchs pour une victoire seulement, deux matchs nuls et trois défaites. Le 14 février 2017, les Parisiens retrouvaient leur adversaire récurrent dans un duel qui semblait déséquilibré. Le PSG est deuxième de son championnat tandis que le Barça impressionne chaque week-end par sa force offensive emmenée par le trio Messi, Suarez, Neymar.
Privés de Thiago Silva et Thiago Motta ainsi qu’orphelins de Zlatan Ibrahimovic, les Parisiens espèrent surtout limiter la casse pour garder un espoir de qualification au match retour. En ce soir de Saint-Valentin, le Parc des Princes est bouillant comme il l’a rarement été sous l’ère QSI. Matuidi est capitaine, la recrue Draxler et le titi Kimpembe sont titulaires. Ce match s’avère vite tourner à l’avantage du PSG : 2-0 à la mi-temps. Paris inflige le même tarif au club catalan en seconde période, 4-0 au final. Angel Di Maria réalise son meilleur match sous les couleurs parisiennes, tous les joueurs ont été bons, la patte Emery est indéniable et le Basque vient d’offrir au PSG l’un des plus beaux matchs de son histoire.
Bridée par le très bon pressing du Paris SG, la MSN n’a presque pas existé lors du match aller. Seul Neymar a été dangereux et a apporté sa vitesse, mettant à mal à quelques reprises la défense parisienne : pas suffisant. Le 6 mars 2017, pour le match retour, l’opération «remontada» est lancée côté Barca. En plus de sa MSN, Luis Enrique titularise Rafinha côté droit, laissant l’axe à Messi. Dès la 3e minute, le FC Barcelone ouvre le score à l’issue d’une confusion dans la défense parisienne.
Le reste du match appartient à l’histoire, à la décomposition d’un PSG si brave et soudé au match aller et à un homme déterminé plus que jamais : Neymar da Silva Santos Júnior. Le Brésilien attire toutes les offensives du Barça vers son côté gauche. Il prend énormément d’initiatives, dribble beaucoup et se met rapidement Thomas Meunier dans la poche. Il n’hésite pas à frapper et se charge de botter les corners. Neymar étire le jeu barcelonais et impose à son équipe d’utiliser toute la largeur. Son aisance technique lui permet d’avoir une certaine distance avec ses coéquipiers pour donner ou recevoir les ballons. De plus, il provoque beaucoup et oblige les Parisiens à faire faute sur lui.
A la mi-temps, le Barca mène 2-0 grâce à un but contre son camp de Kurzawa. Neymar a beaucoup pesé sur l’animation offensive de son équipe, faisant pencher le jeu barcelonais à gauche. Cependant, le Brésilien ne s’est pas encore montré décisif et le FC Barcelone n’est pas qualifié. C’est pourtant exactement ce qu’il va se produire en seconde période. Dès la 48e minute, Neymar provoque un penalty que Messi transforme : 3-0.
Le Brésilien monopolise encore plus le ballon dans cette deuxième mi-temps. Son excellente vision du jeu lui permet d’être la solution privilégiée des milieux ou des défenseurs. Il va même effacer peu à peu Messi en occupant non plus seulement l’aile gauche mais aussi l’axe de l’animation offensive barcelonaise. Lorsque Cavani marque ce qui semble être le but de la délivrance pour Paris, à la 62e minute, Neymar change de visage. Quand Meunier commet une faute sur lui quelques secondes plus tard, le Brésilien joue le plus vite possible le coup-franc : il est déterminé. Le rythme de croisière sur lequel le Barça surfait depuis le début de match est brisé. Les Catalans ont à présent trois buts à inscrire en une demi-heure pour se qualifier.
Signe de sa détermination, Neymar s’énerve et écope d’un carton jaune après une très vilaine faute sur son compatriote Marquinhos. Les Parisiens ont plusieurs occasions de marquer un second but tandis que les Catalans lèvent le pied. Quand ils ont le ballon, Messi et Busquets ne cherchent plus réellement à percuter. Le PSG est mieux en jambe et montre une force collective défensive absente jusqu’ici dans le match. Les hommes de Luis Enrique ont le comportement de joueurs ayant abdiqué. Tous. Sauf un.
Neymar porte le ballon et personne ne peut le lui enlever des pieds avant qu’il n’ait décidé de s’en débarrasser. Parfois pour prétexter une faute, d’autres fois pour le céder à Messi, Suarez ou Arda Turan, entré en jeu. Aucun de ces joueurs n’arrivent à concrétiser les offrandes du Brésilien face à une défense parisienne très regroupée.
Unai Emery, bien conscient du poids de Neymar dans l’attaque barcelonaise, choisit de renforcer le côté droit de sa défense. A un quart d’heure du terme, Serge Aurier remplace Julian Draxler. L’Ivoirien prend la place de Thomas Meunier en tant que latéral droit, le Belge se positionne devant lui. Barcelone doit toujours marquer par trois fois et le rythme du match est soutenu : autant par les offensives barcelonaises emmenées par un Neymar techniquement exceptionnel, que par les contres parisiens, eux aussi proches de marquer.
87e minute. A l’origine de la quasi-totalité des centres désespérés des Blaugranas, Neymar obtient un coup-franc excentré. Il se saisit directement du ballon alors que Messi avait jusqu’ici tiré tous les coup-francs, qu’ils soient dans l’axe, excentrés à droite ou à gauche. Le Brésilien et ses trois pas d’élan enroulent parfaitement le ballon dans la lucarne d’un Kevin Trapp ne pouvant rien faire. Neymar ne célèbre pas, s’assure qu’un de ses coéquipiers ramène le ballon vers le rond central et retourne dans son camp. Les Catalans doivent maintenant marquer deux fois.
89e minute. Le rythme insufflé par Neymar a porté ses fruits : les Barcelonais pressent comme si leur vie en dépendait et cherchent la verticalité. Suarez profite en partie de la prise à deux de Meunier et Aurier sur un Neymar très excentré pour lancer un appel entre Marquinhos et Aurier, Messi le voit. Le ballon arrive dans la surface, il y a un contact très léger entre Marquinhos et Suarez. Deniz Aytekin siffle penalty. Encore une fois, Neymar se saisit du ballon, observé de l’extérieur de la surface par Messi. Le Brésilien, expert de l’exercice, prend Trapp à contre-pied. Cette fois-ci, Neymar se charge lui-même de chercher le ballon dans les cages parisiennes et de le ramener dans le rond central. Il harangue un Camp Nou tombé dans la folie, croyant plus que jamais en la remontada. Les Catalans ne doivent plus marquer qu’une fois.
95e minute. Nous sommes au bout du temps additionnel. Marco Verratti fait une faute sur Marc-André Ter Stegen, monté dans la partie de terrain parisienne. Le coup-franc, proche du rond central, est frappé par Neymar. Il est repoussé et revient dans les pieds du Brésilien. Verratti est le seul Parisien à venir presser sur lui et ce dernier efface facilement l’Italien avant de centrer une dernière fois dans la surface parisienne. Les joueurs du PSG, attentistes, regardent Sergi Roberto réceptionner le centre de Neymar avant qu’il ne touche le sol et inscrire le sixième but du Barca. 6-1. Les Catalans sont qualifiés.
Le PSG est éliminé après avoir remporté le match aller 4-0. C’est du jamais vu. Personne n’y croyait. Ni même les Barcelonais présents ce soir-là au Camp Nou lorsque Cavani a inscrit le but du 3-1. Ni même les joueurs du FC Barcelone, abattus par ce but et devant l’immense tâche de devoir inscrire trois buts en trente minutes face à des Parisiens maintenant regroupés et impliqués défensivement. Néanmoins, une personne y croyait ce soir-là, même lorsque le score était de 3-1. : Neymar. En huit minutes, le Brésilien provoque un coup-franc, le transforme, marque un penalty et délivre une passe décisive. Il est le grand artisan de la remontada. Ce 6 mars 2017, Neymar taille patron.
Bien que la remontada reste un souvenir heureux pour les Barcelonais, ces derniers sont éliminés en quarts de finale quelques jours plus tard, impuissants face à la Juventus de Paulo Dybala. L’impact de ce match n’est donc pas très important dans l’histoire du FC Barcelone. Il l’est en revanche bien plus dans celle du Paris Saint-Germain. C’est une première élimination en huitième de finale de Ligue de Champions pour le club parisien et le début d’un traumatisme. Ce soir-là l’impossible s’est produit et cela donne l’impression que le PSG ne peut éliminer un grand d’Europe (en ayant été éliminé par le Barça deux fois, par Chelsea et Manchester City, Paris n’a éliminé que Valence, Leverkusen et Chelsea deux fois) lors d’un match aller-retour. Pour enfin passer ce cap, le Paris SG décide l’été suivant de s’offrir Neymar. Le bourreau du PSG est à présent parisien. Dans la foulée, Paris s’offre Kylian Mbappé. La remontada est incontestablement un tournant dans l’histoire du Paris Saint-Germain : sans cela, il ne se serait sûrement pas adjugé Neymar et Mbappé pour conjurer le sort. Sans succès jusqu’à cette année. Le Brésilien a maintenant toutes les cartes en main pour changer l’histoire du PSG, dans un nouveau sens cette fois-ci.
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