Le Camp Nou est assurément un des stades les plus mythiques du monde. Merveille architecturale, sanctuaire à trophées, théâtre de certains des plus grands matchs de l’histoire, tous les ingrédients sont réunis pour former un savoureux cocktail.
Le Camp Nou est un édifice fantastique. Sur les vues aériennes, le stade semble se fondre parfaitement aux rues si caractéristiques de Barcelone. Son inauguration a eu lieu le 24 septembre 1957, jour durant lequel il a été béni par l’archevêque de Barcelone. Le Camp Nou, nouveau stade en catalan, remplace le stade des Corts, souvent surnommé Camp Vell, vieux stade. Après une période faste symbolisée par László Kubala et Luis Suaréz (l’Espagnol, pas l’Uruguayen qui fera le bonheur des Culés des décennies plus tard), les dirigeants du Barça décident d’emménager dans un stade beaucoup plus grand à la hauteur de leurs ambitions. Depuis, le stade a connu plusieurs extensions et rénovations, dont la dernière en date est récente. Symbole de l’indépendantisme catalan, l’enceinte peut désormais accueillir 99 354 spectateurs en son sein, un record en Europe. Toutefois, en 1986, 120 000 personnes s’étaient massées dans les travées du Camp Nou pour voir les Blaugranas affronter la Juventus.
Le stade est également réputé pour ses quelques spécificités. Plusieurs adversaires des Blaugranas se plaignent de la taille de la pelouse qui serait trop grande. Problème, c’est faux ! La pelouse est aux tailles réglementaires, mais le jeu du Barça faisant courir l’adversaire d’un côté à l’autre contribue à donner cette impression. Autre particularité du Camp Nou, il possède une chapelle, permettant aux joueurs d’aller prier avant la rencontre. On y retrouve une statue de Sainte Marie de Montserrat, patronne de la Catalogne. Le Camp Nou abrite surtout un énorme musée, attirant un nombre impressionnant de visiteurs. Avec plus d’un million d’entrées par an, il est le musée le plus visité de Catalogne, devant ceux de Salvador Dali ou de Pablo Picasso. Seuls les musées du Prado et de la Reine Sofia à Madrid accueillent plus de visiteurs. Le lieu retrace l’histoire du club à travers des pièces de collections exceptionnelles.
Théâtre de toutes les compétitions
Presque toutes les compétitions mondiales ou européennes se sont arrêtées un jour au Camp Nou. La finale des Jeux Olympiques d’été 1992 d’abord, qui a vu le pays hôte s’imposer avec dans son effectif une des plus grandes légendes du club : Pep Guardiola. Le stade a accueilli quelques matchs de l’Euro 1964 et de la Coupe du Monde 1982, mais les finales étaient réservées à la capitale madrilène. Après les rencontres internationales, place aux sommets européens. Deux finales de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe sont disputées au Camp Nou. La première voit s’opposer les Glasgow Rangers et le Dinamo Moscou en 1972. Les Ecossais s’imposent 3-2 mais le match est émaillé par des incidents. Le terrain est envahi durant le temps additionnel, forçant l’arbitre à siffler la fin de la rencontre prématurément. Le capitaine des Rangers, John Greig, reçoit le trophée dans les vestiaires et son équipe se verra atribué le surnom des Barcelona’s Bears, dans ce qui reste un des plus grands moments des Rangers en Europe. Les affrontements entre supporters des deux camps et la police donnent lieu à des heurts importants. Selon La Vanguardia, journal catalan, deux personnes ont perdu la vie et 102 supporters ont été blessés, ainsi que treize policiers. Les Soviétiques ont tout fait pour que le match soit rejoué, arguant le fait que le terrain ait été envahi avant la fin, mais l’UEFA refuse. Si les Ecossais se sont plaints par la suite de la violence et de la sévérité de la police espagnole, qu’ils ont appelé « la police fasciste de Franco », l’UEFA punira le club. Les Rangers n’ont jamais pu défendre leur trophée puisqu’ils ont été bannis une année de compétitions européennes. La seconde finale est moins mouvementée, le Barça la joue à domicile et remporte la compétition face au Standard de Liège en 1982.
La première remontada
Deux finales de C1 ont été jouées dans la capitale catalane. En 1989 d’abord, quand l’AC Milan a explosé le Steaua Bucarest 4-0 grâce à son trio néerlandais Van Basten-Gullit-Rijkaard. La seconde finale est beaucoup plus spéciale et a marqué à jamais l’histoire de la Ligue des champions. Le Bayern Munich affronte Manchester United et mène 1-0 jusqu’à la 91e minute. Entré en jeu plus tôt, Teddy Sheringham égalise avant qu’un autre super-sub, le Norvégien Ole Gunnar Solskjaer n’inscrive le but de la victoire deux minutes plus tard. Ce retournement de situation permet aux Red Devils de réaliser leur premier et seul triplé.
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Vous l’aurez donc compris, le public du Camp Nou sait ce qu’est une remontada dans un match couperet. C’est pour cette raison que le stade entier croit dur comme fer en une improbable remontée du Barça face au PSG en 2017. Impossible de parler du stade sans évoquer ce moment de légende. Rarement, voire jamais, les gradins ne sont devenus aussi fous après un but. L’extension de Sergi Roberto permettant d’inscrire le sixième but est aujourd’hui gravé dans la mémoire de chacun. Le Camp Nou a évidemment vécu d’autres moments grandioses, comme le fameux 5-0 infligé au Real Madrid et cette manita, cauchemardesque pour les supporters merengues. Réputés froids et amateurs de beau football, les supporters catalans sont exigeants, et pour cause, les plus grands footballeurs de l’histoire ont joué sur cette pelouse : Diego Maradona, Johan Cruyff, Ronaldo, Lionel Messi, Ronaldinho et tant d’autres…
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Symbole de l’indépendantisme
Si battre le Real Madrid, le club du Roi, est évidemment un moment très important pour les Catalans en quête d’indépendance, d’autres actions sont menées au Camp Nou. Plusieurs fois des tifos ou des bâches à l’effigie de l’Estelada, le drapeau de la Catalogne, ont été réalisés. L’UEFA a d’ailleurs régulièrement infligé des amendes en raison de leur aspect trop politique. Autre type d’action : arrivée à la 17ème minute et 14ème seconde d’un match, le stade s’unit pour crier “Independencia”. Une référence à l’année 1714, durant laquelle Barcelone a chuté face aux troupes de Philippe V d’Espagne. Enfin, le Camp Nou accueille régulièrement des matchs de la sélection de Catalogne et certaines grandes équipes viennent jouer, comme le Brésil de Ronaldo ou bien l’Argentine emmenée par Di Maria et Higuain en 2009.
Le Camp Nou a tout pour figurer parmi les stades les plus importants de la planète. Esthétiquement, il est somptueux. Footballistiquement, il voit jouer une des équipes au jeu le plus ambitieux chaque week-end, accueille régulièrement des matchs fous et il abrite un musée exceptionnel pour tout fan du sport roi. Son impact dans la ville de Barcelone et même dans toute la Catalogne fait qu’il est plus qu’un stade, alors qu’on peut lire sur les sièges en ces temps de huis-clos “Mes que un club”.
Sources :
- « 1714, 17 minutes et 14 secondes », Courrier International
- « Mythes et réalité du Camp Nou », L’Equipe
Crédits photos : Icon Sport