Il existe des joueurs qui, lorsqu’ils le décident, peuvent prendre à eux seuls le contrôle d’une rencontre. Parmi ces joueurs, nous retrouvons l’inévitable Lionel Messi, considéré comme l’un des deux meilleurs joueurs de son ère et l’un des plus grands de l’histoire. Nous retournons neuf ans en arrière, lorsque le FC Barcelone et Arsenal se sont retrouvés en quarts de finale de la Ligue des Champions, le 6 avril 2010. Après un match aller serré à l’Emirates Stadium (2-2) où les Gunners ont réussi à rattraper deux buts de retard, les équipes se retrouvent au Camp Nou, à Barcelone, avec une équipe du Barça largement remaniée à cause des suspensions de Carles Puyol et Gérard Piqué, les deux défenseurs centraux titulaires du club. Lionel Messi, dans une forme olympique, va largement combler ce manque. S’il a marqué l’histoire de la Ligue des Champions à de nombreuses reprises, il n’a probablement jamais aussi bien joué que contre Arsenal, ce soir-là, mettant, pratiquement seul, l’un des cadors du football anglais à ses pieds, banalisant une nouvelle fois l’extraordinaire.
En arrivant sur la pelouse du Barça ce soir-là, Arsenal paraît fébrile. Arsène Wenger ne semble pas au niveau pour lutter contre Pep Guardiola, considéré comme l’un des plus grands entraîneurs de son temps, qui compte sur Léo Messi pour clouer la rencontre rapidement. Peu après le coup d’envoi, le Barça prend le contrôle. Les Gunners souffrent et sont forcés de reculer et de défendre pour tenter de résister à l’énorme pressing mis en place par les hommes de Guardiola et, surtout, à Lionel Messi, d’humeur joueuse et conquérante ce soir. A la 4ème minute, Messi cadre la première frappe de la rencontre, avant d’en mettre un juste au-dessus des buts d’Almunia, qui a failli encaisser à deux reprises. Pourtant, à la 19ème minute, Nicklas Bendtner a l’audace de se lancer seul face aux buts des Blaugranas… et de marquer. A cet instant, les Gunners sont qualifiés pour la demi-finale de la Ligue des Champions et, pour la première fois sur l’intégralité de la double confrontation, le club de Londres mène contre celui de Barcelone. C’est un cauchemar pour le Barça qui n’a pas pu tirer parti de sa domination totale depuis le début du match, et qui encaisse dès la première occasion londonienne. Un sentiment d’injustice s’empare alors du stade : le club doit réagir, et vite, pour éviter le pire et la disqualification. C’est à ce moment-là que le déclic a lieu dans la tête de Messi. Impérial jusqu’ici, son jeu va encore s’améliorer et ne laisser aucune miette aux Gunners, qui vont être aux premières loges pour assister à l’une des plus belles performances de Lionel Messi, qui avait déjà décidé du scénario de la rencontre bien avant de la jouer.
Divin Messi
Après vingt minutes d’amusement, il est temps pour Messi de se réveiller et de révéler aux yeux du monde son plus beau football. Ce soir-là, l’international de l’Albiceleste va montrer qu’il sait tout faire, et faire une performance digne des plus grands de ce sport. Face aux 93 330 spectateurs du soir, Messi va s’illustrer comme le plus grand de son temps. Trois minutes après le but d’Arsenal, le cauchemar commence pour le club londonien, condamné à se faire humilier par un joueur venu tout droit d’une autre dimension. Messi est lancé et tente une percée au sein de la défense d’Arsenal, avant de sortir l’artillerie lourde : après une passe à Silvestre qui lui remet le ballon totalement involontairement, Messi se retrouve en position de frappe et n’en demandait pas tant : il fusille la lucarne d’Almunia avec son pied gauche, et permet à son club d’égaliser. Le stade explose : si le score reste inchangé, Barcelone est qualifié. Pourtant, le meilleur est à venir et Messi est loin d’avoir terminé son show. En effet, dix minutes plus tard et juste après la demi-heure de jeu, l’Argentin en remet une couche. Sur un centre d’Abidal, Pedro parvient à se débarrasser des défenseurs d’Arsenal qui se sont emmêlés les pinceaux et qui n’ont pas fait attention à Messi, seul dans la surface, à qui Pedro passe le ballon juste devant les buts. Messi n’a plus qu’à armer son pied gauche, ajuster sa frappe et à punir une nouvelle fois les Gunners. A la 31ème minute, cela fait 2-1 pour Barcelone qui, grâce au génie de son numéro 10, a pu renverser la tendance. Les londoniens vont-ils avoir un quart d’heure de répit et rentrer aux vestiaires avec un seul but de retard ? Non : Messi en a décidé autrement et va à nouveau faire parler sa virtuosité. A la 42ème minute, peu de temps avant la mi-temps, Seydou Keita lance l’Argentin face aux buts d’Arsenal, le mettant dans une situation d’un contre un contre le gardien d’Arsenal.
« Comment tu marques Lionel Messi ? Tu fais le signe de croix et tu pries. »
Giorgio Chiellini, défenseur légendaire de la Juventus, a assez bien résumé la situation dans laquelle le pauvre Almunia s’est retrouvé à cet instant, et la prière n’a pas suffi. Mystifié par un somptueux lobe de la légende du Barça, le gardien ne peut rien faire pour empêcher le ballon de faire trembler une nouvelle fois les filets. A la mi-temps, le score est de 3-1 et Arsenal est à la rue. Le sort du match semble scellé au retour sur la pelouse : Arsenal ne se relèvera pas ce soir. Pourtant, contre toute attente, Almunia sort de grandes parades en début de seconde période, maintenant quelques instants son club en vie. A l’heure de jeu, Bendtner, seul buteur de la soirée côté Gunners, se retrouve deux fois de suite en position de recoller au score, avant que Rosicky loupe à son tour une occasion de revenir. C’est finalement Messi, encore une fois, qui, après une énorme occasion ratée à la 81ème, tuera définitivement le match à deux minutes de la fin, marquant un quatrième et dernier but. Il signe donc un quadruplé historique et une performance sans pareille dans la compétition, ayant décidé seul de l’intégralité du scénario de la rencontre, sans que personne ne puisse le contester.
Ce soir-là au Camp Nou, Lionel Messi a, pour toujours, inscrit son nom dans l’histoire de la Ligue des Champions. Alors que la première rencontre à domicile s’était soldée par un match nul décevant, l’international Argentin a décidé de prendre les choses en main en se surpassant et en dominant l’intégralité du match. Malheureusement, cette performance unique ne permettra pas à Messi de soulever une nouvelle fois le trophée, puisque lui et son équipe se feront stopper dans leur course par l’Inter Milan, club ayant privilégié le court-terme avec un mercato particulièrement riche et un épuisement des ressources du club pour parvenir à conquérir ce fameux Triplete. S’il n’a malheureusement pas pu remporter la Ligue des Champions cette année-là, Lionel Messi la soulèvera l’année suivante puis en 2015, évidemment décisif dans les deux sacres.
Sources :
Eurosport
FIFA.com
FC Barcelona
Twitter : @ChampionsLeague
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