Si pendant longtemps la sélection corse ne fut qu’un projet officieux dans un but évènementiel, l’idée d’une affiliation de la Squadra Corsa à la Fédération internationale est de plus en plus partagée sur l’île de Beauté. Retour sur l’histoire de cette sélection régionale si particulière.
Aujourd’hui, le football international comporte de nombreuses petites sélections. Certaines sont issues de pays souverains (Luxembourg, Liechtenstein, Andorre) d’autres n’ont pas de souveraineté mais disposent d’un statut d’autonomie, le meilleur exemple à ce jour étant les Iles Féroé appartenant à la couronne danoise. La sélection féringienne, depuis bientôt une trentaine d’années, dispute les rencontres internationales officielles que cela soit à l’occasion des campagnes pour l’Euro ou celles pour la Coupe du monde. Un exemple qui est aujourd’hui le principal argument des défenseurs d’une sélection corse officielle et affiliée à la FIFA.
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L’âge d’or du football insulaire et la naissance de l’idée d’une sélection corse
Comme le souligne l’historien spécialiste en la question Didier Rey, nous voyons apparaitre dans les années 1920 les prémices d’une sélection corse. Malgré le fait que celle-ci ne dit pas son nom, l’AC Ajaccio n’hésite pas à faire appel à des renforts corses qui ne sont d’autres que les meilleurs joueurs de l’île, pour affronter des équipages de navires britanniques. Un même phénomène que l’on verra lors d’une rencontre entre Bastia et l’OGC Nice en 1933 ainsi qu’en 1932 lors d’une opposition entre l’AC Ajaccio et un club de Vienne. Lors de cette rencontre prestigieuse contre les Autrichiens, le journal intitulé Jeune Corse déclare : « Les joueurs ajacciens qui auront la lourde charge de défendre le bon renom de la race corse devant les prestigieux « virtuoses » de la balle ronde que sont les Autrichiens ».
Cette sélection corse officieuse n’est pas à proprement parler une Squadra Corsa. Cependant il est déjà question des valeurs, de l’héritage et des symboles que portent ces rencontres amicales dans le sport corse. Après avoir évoqué quelques points historiques ou d’origine de la sélection corse, il faut tout de suite passer aux années 1960 pour connaitre quelque chose de plus concret. Cette décennie signe la fin de l’isolement du football corse par rapport au reste du football français. Les meilleurs clubs insulaires ont désormais le droit de participer aux championnats de D2 ou de D1. Cette volonté d’intégrer les championnats nationaux ne doit pas être séparée de la volonté politique de certains dirigeants corses. Les années 1960 sont marquées par des bouleversements politiques pour l’Ile de Beauté. Ainsi les projets autonomistes voire nationalistes pointent le bout de leur nez et ces derniers souhaitent utiliser le football comme moyen de revendication du nationalisme corse.
Un nouveau paradigme au niveau des représentations voit le jour à cette époque. Le problème de la Francité et du lien fort avec la France n’était pas un problème avant cette période. L’affirmation et l’identité corses passaient sans souci par un attachement à la France et une revendication de francité. La cause ? Les deux conflits mondiaux en partie. Les choses vont vite changer après la Seconde Guerre mondiale. En effet la Corse se retrouve confrontée à une crise économique et démographique.
Les années 1950 et 1960 sont marquées par un fort taux de chômage, une forte pauvreté ainsi que par un exode massif vers la métropole qui se développe de plus en plus. En 1957, l’Etat français met en place un Plan d’action régional qui doit restructurer la Corse économiquement et territorialement. Néanmoins ce plan est vite perçu par les Insulaires comme un piège. Les autorités françaises jugent les Corses incapables de gérer leur propre île. Les reproches se dirigent vers un « individualisme insulaire » et « un manque d’initiative ». La France prévoit alors d’amener des travailleurs français exilés d’Algérie après l’indépendance sur l’île de Beauté. Une mesure qui sera vue par la suite comme un acte de trahison de la part des autorités politiques françaises.
Ainsi, en parallèle de la fin de l’autarcie du football insulaire, la Corse connait une profonde transformation de sa société et de ses idées politiques. L’objectif n’est plus de revendiquer sa francité mais d’affirmer l’appartenance de la Corse à l’ensemble national sur le même pied d’égalité que les autres régions tout en mettant fin à une situation considérée comme discriminante. Sur le plan du football, l’idée de la constitution d’une sélection corse n’était plus aussi absurde et apparaissait comme un moyen d’afficher une appartenance à la nation corse.
Comme l’affirme Didier Rey, c’est à cette époque et pas avant que l’idée de rassembler des joueurs corses au sein d’une équipe nationale voit le jour. Avec l’arrivée des principaux clubs corses dans les divisions nationales, de plus en plus de joueurs insulaires évoluent en D1 ou en D2 ce qui contribue à la volonté de création d’une sélection corse de football. Les deux grandes institutions footballistiques insulaires l’ACA et le SCB figurent parfaitement bien parmi les clubs de la métropole. Depuis leur intronisation au sein des divisions nationales, les clubs corses réalisaient de superbes parcours. A titre d’exemple le Gazelec d’Ajaccio avait remporté trois titres de CFA en 1963, 1965 et 1966 et les deux géants du football corse figuraient bien en deuxième division puisqu’ils jouaient la montée dans l’élite.
Une fois n’est pas coutume le football corse se distingue complètement du reste du football français. Ce dernier connait une crise profonde depuis la fin du grand Stade de Reims et de son football champagne. Il y a bien eu le mondial 1958 mais depuis le football français et son Equipe de France ont du mal à réitérer de telles performances.
Devenue sélectionneur des Bleus, la légende Just Fontaine a vite remarqué les progrès du football corse si bien qu’en 1967 il proposa à une « sélection corse » de disputer un match de préparation contre l’Equipe de France en marge d’un France-Roumanie comptant pour l’Euro 1968. L’ancienne vedette rémoise a choisi de se mesurer à une sélection corse pour deux raisons. Le premier élément était une question d’ordre logistique car il fallait trouver un adversaire pouvant être rapidement mis sur pied. La seconde raison était que le style de jeu des Corses en 1967 avait quelques similitudes avec le football pratiqué par la Roumanie.
L’organisation de cette rencontre symbolisait un football encore non aseptisé et quelque peu folklorique. Il n’était pas question de tractations entre les deux fédérations puisque celle de Corse n’existe pas mais bien de relations entre le sélectionneur des Tricolores et un journaliste. En effet, Just Fontaine prit contact avec Victor Sinet journaliste pour l’Equipe et France Football. Ce dernier devait alors composer une sélection corse avec uniquement des joueurs insulaires. Grâce à ce relais important, la Squadra Corsa officieuse put être bâtie et réunie à temps pour affronter la France. Pierre Sinibaldi, sélectionneur de la Squadra Corsa, a pu compter sur la présence des meilleurs joueurs corses de l’époque évoluant à Bastia, Ajaccio et au Gazelec. Des beaux noms comme Ange Alfonsi, Jean Marcialis ou encore Etienne Sansonnetti ont pu porter ce maillot corse en 1967.
La rencontre a lieu à Marseille le 27 février 1967 devant près de 20 000 spectateurs. Parmi eux nous retrouvions beaucoup de Corses issus de la diaspora. Même si les Bleus s’attendaient à une belle opposition, les Corses vont les surprendre encore davantage puisque la sélection insulaire parvient à remporter le match sur le score de 2-0. Une victoire qui rappelle à quel point le football corse connaissait son âge d’or malgré le faible niveau de l’Equipe de France à cette époque. Une prestation de la Squadra Corsa qui a même impressionné Just Fontaine : « Ils en ont dans le ventre vos Corses. Si un jour on vous file votre indépendance, vous pourrez toujours espérer jouer un rôle sur le plan international ! ».
La victoire corse a un effet retentissant sur l’île même si elle va être récupérée politiquement quelques décennies plus tard. Le journaliste et investigateur principal de la rencontre déclare à l’époque : « Son retentissement dans les milieux insulaires fut énorme. Elle eut pour conséquence indirecte de pousser les clubs de l’île à persévérer et à se développer ». La question est désormais de savoir si la Squadra Corsa a un réel avenir. Certains pensent qu’elle devrait se réunir au moins une fois par an dans le cadre d’un match caritatif où la solidarité corse pourrait s’exprimer. De l’autre côté certains insulaires dont Antoine Federicci, président de l’ACA, se demandait l’intérêt de faire jouer des « Français contre l’Equipe de France ». Malgré l’effet retentissant sur l’île de Beauté, le projet de sélection nationale corse est au ralenti et est surtout masqué par les très bons résultats des clubs insulaires dont la folle épopée européenne de Bastia en 1978.
Les années 1990 et la récupération politique de la sélection corse
La récupération politique du football corse et en particulier des exploits de la Squadra Corsa ne se fera pas tout de suite. Il faudra alors attendre le début des années 1990 et le développement des mouvements nationalistes insulaires pour apercevoir de tels phénomènes. A l’origine c’est d’ailleurs davantage les clubs qui font la une. L’organe de presse U Ribombu, du principal mouvement nationaliste A Cuncolta naziunalista, évoque régulièrement les démêlés avec les instances du football français. Bastia et Ajaccio sont pour eux des victimes d’un « complot anti-corse », d’un racisme présent dans la presse nationale ainsi qu’au sein de la Fédération française de football.
L’exploit de la Squadra Corsa contre les Bleus est évoqué pour la première fois dans les colonnes du Ribombu à la fin de l’année 1990. La victoire de 1967 est inscrite dans la série d’exploits du football corse avec derrière une logique d’affirmer le sentiment national corse :
« Quelle leçon pour les mauvais esprits qui voyaient là matière à diviser les supporters et les joueurs de deux clubs d’un même pays et d’un même peuple, tous représentants d’un football corse qui depuis les exploits de Taverni, Sansonetti et autres Papi, depuis la victoire historique d’une sélection corse face à l’Equipe de France a été bien souvent l’expression d’un sentiment national ».
A partir de cette époque, pour les mouvements nationalistes, le football va devenir inséparable de la lutte de libération nationale. Chaque grand moment du football corse est mis en parallèle avec l’épisode symbolique de 1967, perçu comme un moment fondateur. Par exemple la victoire contre la France en 1967 sera vite mise en parallèle avec la ½ finale de Coupe en 1992 entre Bastia, club le plus populaire de l’île, et l’Olympique de Marseille, club soutenu par tout le pays. C’est durant cette décennie de 1990 que la Squadra Corsa sera redécouverte après un certain oubli expliqué par les performances des clubs insulaires. Une période trouble politiquement aussi pour les idées nationalistes puisque c’est à cette période que les groupes vont commencer à s’affronter. Comme l’explique l’historien Didier Rey, il faut désormais que chaque groupe nationaliste essaye de récupérer le football en sa faveur.
La fin de la décennie 1990 est marquée par une intensification des conflits entre groupes nationalistes corses. Le mouvement se scinde en deux avec d’un côté la CN (Corsica Nazione) plutôt à gauche et le MPA (Mouvement pour l’autodétermination) qui est plus libéral. Les deux mouvements se font alors la compétition pour investir le terrain du football, sport le plus populaire et pratiqué dans l’île. A la même époque il y avait aussi les discussions quant au statut de l’île qui pouvait permettre d’entrevoir l’espoir d’une sélection nationale corse. Les cas de la Polynésie française ou encore celui des Iles Féroé sont pris pour exemple. L’occasion pour le CN de proposer dans son programme pour les élections territoriales de 1992 la création d’une sélection corse. Il s’agit dans un premier temps de « réunir les meilleurs joueurs corses pour des compétitions officieuses » en attendant des évolutions politiques.
Après plusieurs années d’absence la Squadra Corsa rejoue quelques matches entre 1991 et 1993. En 1992 par exemple les Corses disputent un match de charité contre la Juventus pour venir en aide aux victimes du drame de Furiani. Une très belle prestation de la Squadra Corsa qui se soldera par un match nul 0-0. Ce soir-là, les insulaires avaient gagné le respect de la Vieille Dame. En 1993, la Squadra Corsa participa également à un tournoi organisé par le journal Paese. Au programme des rencontres contre des clubs comme le Dinamo Zagreb ou le Servette FC. Il y aura bien ensuite une opposition contre le Cameroun en marge de la préparation des Lions indomptables pour le Mondial 1998. Une courte défaite 0-1 qui ne rentrera pas dans les annales en raison de l’absence de grandes figures du football insulaire dans l’équipe ce jour-là.
Ainsi la décennie 1990 est marquée par une récupération politique qui n’a pas aboutie à un résultat sportif. Si la CN souhaite prendre au sérieux la question, elle ne va jamais entreprendre des démarches en ce sens et ne va pas chercher à organiser des rencontres pour la Squadra Corsa. Idem du côté des adversaires du MPA, malgré des volontés de récupérer le football politiquement, il n’y a pas eu de démarches ni de discussions auprès de la FFF ou de l’UEFA pour encourager la création d’une sélection officielle corse. Les spécialistes et les observateurs de l’époque s’accordent à dire que le football et la question de la Squadra Corsa ne servaient qu’à des fins de propagandes nationalistes.
La revue locale A Pian d’Avretu dénonce même à l’époque une incapacité de la part des Corses de s’organiser efficacement. Il est notamment reproché aux dirigeants corses de faire preuve d’un certain manquement de modernité et de ne pas se rendre compte des intérêts et bénéfices financiers et médiatiques que pourrait représenter la création d’une sélection officielle corse. Le véritable projet sportif arrive dix années plus tard grâce à la volonté de plusieurs hommes.
La renaissance de la Squadra Corsa au tournant des années 2000 et 2010
Après de belles performances et plusieurs récupérations politiques, la Squadra Corsa a quelque peu disparu des radars pendant une dizaine d’années entre la fin des années 1990 et la fin des années 2000. Deux personnages importants vont alors décider de faire renaitre cette sélection corse en 2009. Lucien Felli et Dédé Di Scala décident de relancer la Squadra Corsa après cette triste mise en sommeil. Entre 2009 et 2011, la nouvelle sélection corse affrontera des sélections comme le Gabon, la Bulgarie ou encore contre une autre sélection régionale celle du Pays Basque.
Le sélectionneur de cette nouvelle génération de la Squadra Corsa est Jean-Michel Cavalli, ancienne figure du Gazelec Ajaccio. Le père de Johan Cavalli restera pendant dix ans jusqu’en 2019 à la tête de la sélection corse. Pour ce retour sur le devant de la scène, les Insulaires peuvent compter sur une très belle génération de joueurs. Il y avait notamment Nicolas Penneteau, Johan Cavalli, Ludovic Giuly pour ne citer qu’eux. Cette série de plusieurs matches entre 2009 et 2011 sera plus que positive puisque les Corses remporteront deux victoires contre le Gabon du jeune et prometteur Aubameyang mais aussi contre la Bulgarie de Dimitar Berbatov en 2011.
Une victoire retentissante contre le ½ finaliste du mondial 1994 qui le sera d’autant plus que les Bulgares sont entrainés par un certain Lothar Matthaus à l’époque. La Bulgarie se classait même à la 46ème position au classement FIFA. L’unique buteur de la rencontre est Johan Cavalli, le fils du sélectionneur Jean-Michel. Lors de ces rendez-vous l’état d’esprit et la fierté corse sont surtout mis en avant. Au-delà de la victoire espérée, Jean-Michel Cavalli demande surtout à ses joueurs de se rendre compte de la chance de porter ce maillot. Il faut aussi dire que la Squadra Corsa s’est ouverte. Désormais à partir de 2009, les joueurs ayant des origines corses peuvent être appelés en sélection. Auparavant seuls les joueurs corses évoluant sur l’île pouvaient jouer dans l’équipe. Un assouplissement des critères de sélection qui a permis de renforcer la Squadra Corsa qui comprenait désormais des éléments comme Sébastien Schillacci.
A partir de 2009, les rassemblements en sélection sont aussi l’occasion de se retrouver et de former un véritable groupe. Les questions de récupération politique des années 1990 paraissent loin. Ainsi les joueurs se retrouvent autour d’un repas sur une plage tout en évoquant leur fierté. Les symboles de la culture corse sont également présents désormais sur les maillots et durant les rencontres. Il y a tout d’abord le chant du ralliement entonné par l’ensemble de l’effectif et du staff dans le vestiaire avant la rencontre, vient ensuite l’hymne corse intitulé Dio vi salvi, Regina chanté par les joueurs et le public. Celui-ci résonne en particulier à Bastia au stade Furiani ainsi qu’à Ajaccio, dans les deux stades de l’ACA et du Gazelec, qui accueillent les rencontres de la sélection locale. Il y a bien sûr au moment de cet hymne la présence du drapeau corse, avec une tête de Maure sur un fond blanc, rendant un caractère davantage officiel à l’évènement.
Tous ses détails montrent à quel point la décennie 2009-2019 marque un tournant dans l’histoire et le développement de la Squadra Corsa. Un vrai projet sportif et ambitieux voit le jour pour le football corse. Le Président de la Ligue corse de l’époque, Marc Riolacci, évoque une éventuelle démarche pour faire participer la Squadra Corsa dans les compétitions officielles de l’UEFA et de la FIFA. On pouvait par exemple apercevoir une banderole dans les travées de René Coty durant Corse-Bulgarie en 2011 : « Isule Feroe= FIFA è a Squadra Corsa ». Une revendication qui ne devient plus si absurde que cela tant les résultats de la sélection régionale vont se montrer intéressants et prometteurs. Le 29 mai 2015, Les hommes de Jean-Michel Cavalli battent le Burkina Faso 1-0 à Bastia dans le stade de Furiani avant de tenir en échec deux années plus tard en 2017 le Nigeria une des meilleures sélections africaines.
En 2018, la Squadra Corsa connait une première historique avec une invitation à se rendre aux Antilles pour participer à un tournoi regroupant des sélections d’Outre-Mer. Ce périple antillais est l’occasion pour la Squadra Corsa de jouer pour la première fois de son histoire en dehors de l’île de Beauté. Un évènement qui est aussi historique d’un point de vue organisationnel puisque pour la première fois la sélection corse dispute un tournoi homologué par la FIFA. La Squadra Corsa finira en finale du tournoi en s’inclinant 5-1 contre la Martinique après s’être imposé sur le score de 3-1 en ½ finale contre la Guadeloupe.
Une belle performance qui incitera l’Assemblée de Corse à adopter une motion pour l’adhésion de la Squadra Corsa à la FIFA le 21 septembre 2018. Les conditions sportives et politiques semblaient enfin réunies pour qu’un véritable projet de sélection officielle voit le jour après tant d’années d’errance et de fausses espérances. Malheureusement celui-ci sera de nouveau rejeté par le Président de la FFF Noël Le Graet. Le statut de la Corse en tant que département français ne permettait pas la création d’une sélection officielle.
Le dernier projet autour de la Squadra Corsa est celui de l’organisation d’un tournoi avec la Sardaigne et la Sicile. Après s’être rencontrés l’été dernier, les dirigeants des trois sélections insulaires ont envisagé la mise en place d’un tel évènement pour l’été 2023. Un projet qui réunirait aussi la sélection de Malte afin de rassembler toutes les îles méditerranéennes. Derrière l’intérêt sportif, les dirigeants envisagent qu’un tel évènement puisse donner une certaine visibilité auprès de la FIFA ce qui permettrait une éventuelle reconnaissance en tant que sélection nationale. Ainsi André Di Scala déclarait récemment que l’objectif était la reconnaissance de la Squadra Corsa avec un statut particulier semblable à ceux de la Guadeloupe et de la Martinique. Un discours dont on peut aussi souligner de nouveau le caractère politique de la Squadra Corsa :
« Avec la mondialisation, les identités fortes d’un territoire, d’une langue, d’une culture sont en train de disparaitre. C’est une façon de les réaffirmer et l’occasion aussi de remettre en avant l’identité des footballeurs corses, ce qui est très important pour nous. On espère que Noel Le Graet prendra la mesure de ce que signifie le football chez nous, pour que la sélection de corse soit reconnue au même titre que la Guadeloupe et la Martinique. »
Il aura fallu attendre le XXIème siècle pour voir apparaitre un véritable projet sportif autour de cette Squadra Corsa. Si elle n’a toujours pas obtenu le statut de membre UEFA ou FIFA pour lui permettre de participer à des compétitions officielles, la sélection corse continue à rassembler les meilleurs éléments de l’île et a fédérer autour d’elle. Elle s’est même rendue chez sa voisine sarde pour y affronter la sélection locale au cours d’une confrontation amicale le 2 Juin 2019. Une victoire aux TAB de la Squadra Corsa sur la Sardaigne et un beau souvenir partagé entre deux sélections officieuses espérant se retrouver dans le cadre d’un match UEFA ou FIFA à l’avenir…
Sources :
- Rey Didier, Corse : les limites du football identitaire, Outre-Terre, p. 209-224, 2004
- Rey Didier, Usage politique du football en Corse (1959-2000), Ethnologie française, p.137 à 145, 2005
- La Squadra Corsa veut organiser un trophée international avec la Sardaigne et la Sicile, France 3 Corse Via Stella, 13 Juillet 2022
Crédit photos : Icon Sport