Préoccupés par une saison plus que moyenne en Ligue 1 et un huitième de finale de Ligue des Champions très prochainement face à la Juventus Turin, les supporters Lyonnais fustigent depuis quelques temps les mauvais choix de leur président, Jean-Michel Aulas. Pourtant, c’est bien lui qui leur a permis d’être si exigeants.
Lorsqu’on est habitué à tout rafler, il est parfois difficile d’accepter de ne rien gagner. C’est bien là la situation des fans de l’Olympique Lyonnais depuis une bonne dizaine d’années maintenant. Septuple vainqueur du championnat de France entre 2002 et 2008, l’OL a fidélisé un grand nombre d’amateurs du football dans l’Hexagone en leur offrant le prestige d’être un grand acteur du football national comme européen. Mais parfois, tout gagner n’aide pas à la pérennité des relations entre supporters et le club. Comme une relation gâchée entre un enfant pourri gâté et ses parents désemparés, les fans du club rhodaniens ont du mal à accepter que leur club ne pèse plus autant qu’à la belle époque. La situation étant moins florissante qu’avant, notamment suite à des choix douteux de coaches sur le banc lyonnais, c’est Jean-Michel Aulas qui est souvent visé par les critiques. Pourtant, sans cet homme, c’est peut-être en 2ème division, à la recherche de la montée en Ligue 1, que l’OL se trouverait. Aulas a offert des sensations exceptionnelles à ses supporters, qui, comme des addicts de la réussites, ne peuvent plus se passer de la victoire, et fustigent celui qui leur en a pourtant apporté beaucoup. Petite piqure de rappel.
7 juin 1987, le Lyon (re)naît
C’est à l’été 1987 que Jean-Michel Aulas prendra les rennes de l’Olympique Lyonnais, une décision qui marquera sa vie, et celle de beaucoup de personnes sur les 30 prochaines années. Il succède alors à Charles Mighirian, alors président d’un club malade, qui se bat pour la remontée en première division depuis 4 longues saisons déjà. A l’époque, Aulas est inconnu au bataillon. Patron de CEGID, entreprise de création de logiciels, il n’a aucune expérience dans le football, ne l’ayant que très peu pratiqué puisqu’il était, à l’origine, joueur de handball. Mais s’il arrive à ce poste, ce n’est pas par hasard. Son ami, Bernard Tapie, alors président de l’Olympique de Marseille, confie au journal Le Progrès : « Vous savez, je pense souvent à l’OL. Il faut que je réussisse à pousser Jean-Michel Aulas à la tête du club. Il est très fort. Il pourrait faire des choses formidables à cette place ». Très rapidement, Aulas est alors propulsé à la tête du club, sans être à l’origine de son arrivée, et pourtant, les choses sont bien claires dans sa tête. Le président lyonnais lance le projet « OL Europe », qui vise à faire remonter son club en première division, et même disputer une coupe européenne, dans les 4 prochaines années.
Aulas voit grand pour son club, comme une entreprise qu’il faut faire grandir, il met les bonnes choses en oeuvre pour parvenir à ses fins. Première saison à la tête du club, l’OL échoue aux barrages pour la montée face à Caen. Cette année de transition terminée, Aulas décide d’appeler des anciens pour construire le futur. Bernard et Raymond deviendront le duo Lacombe/Domenech. C’est à la saison 1988/1989 que l’OL remporte finalement le championnat de seconde division et remonte parmi l’élite. La machine est lancée.
L’entreprise « Olympique Lyonnais »
Jean-Michel Aulas a réussi dans le monde de l’informatique grâce à une fibre entrepreneuriale hors du commun, mais c’est aussi ce qui a permis à l’OL de trouver la gloire. Comme annoncé à son intronisation, au bout de 4 saisons à la tête du club, il retrouve finalement l’Europe. Même si le parcours lyonnais s’arrête en 16ème de finale face à Trabzonspor, la voie empruntée par Aulas reste la bonne. Cependant, grandir trop vite laisse parfois des séquelles. L’OL finira sa première saison européenne version Aulas à la 16ème place du championnat. Les saisons qui vont suivre seront moins brillantes, mais iront dans le sens de JMA, qui sera conforté à la tête du club malgré une volonté de quitter son poste à la fin de la saison 1995/1996. Plus que jamais soutenu par le comité de direction du club, Aulas va alors faire rentrer peu à peu l’OL dans la cour des très grands.
Avec Bernard Lacombe sur le banc en tant qu’entraineur principal, Lyon va commencer à se qualifier de manière récurrente en Coupe d’Europe, avant de devenir un habitué des soirées Champion’s League. Le partenariat négocié avec Pathé en 1999 et l’arrivée de star brésilienne du FC Barcelone, Sonny Anderson, vont bousculer les ambitions lyonnaises.
Le 5 mai 2001, l’OL remporte la Coupe de la Ligue, son premier trophée depuis la Coupe de France en 1973. Les étapes s’enchainent de manière normale pour Aulas et son club, jusqu’à l’emballement lors de la saison 2001/2002. Vainqueur du championnat de France face à Lens lors de la toute dernière journée, Lyon signe le début d’une ère conquérante qui durera 7 ans dans l’hexagone, mais qui fera aussi trembler les plus grands d’Europe. Aulas est arrivé pour permettre à Lyon de retrouver la première division et disputer l’Europe, il a finalement donné beaucoup plus à ses supporters.
Aujourd’hui critiqué sur ses nombreux choix douteux, Jean-Michel Aulas a une grande responsabilité sur la situation bancale de Lyon cette saison. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que cette situation bancale, aurait été une situation extraordinaire, il y a 33 ans, lorsqu’il prenait la tête de l’OL. De quoi se souvenir de ce qu’a pu apporter le bonhomme à l’institution lyonnaise.
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