Le football d’aujourd’hui nous permet de vivre des centaines de matches chaque année, des rendez-vous plus ou moins importants, pour le plus grand bonheur des amateurs de football. Mais il existe une rencontre qui réunit l’ensemble des amoureux du ballon rond devant leur télévision, une rencontre qui fascine tant que même ceux qui ne suivent rien d’autre que les matches de l’Equipe de France s’y intéressent. Il s’agit évidemment du fameux Clàsico entre les deux plus grands clubs d’Espagne, le Real Madrid et le FC Barcelone. Ce match ne laisse personne indifférent, chacun possède son favori, qu’il espère voir gagner dans ce duel exceptionnel tant par son histoire que par le niveau de jeu observé. Le 29 novembre 2010, le FC Barcelone a marqué l’histoire de ce rendez-vous en disposant des Merengue sur le score de 5-0, dans un match maitrisé de bout en bout par les hommes de Pep Guardiola. Une partie encore dans les mémoires dans une période durant laquelle le Clàsico avait atteint son paroxysme grâce au duel Messi-Ronaldo. Retour sur cette manita hors du commun.
Le Clàsico est au sommet du football espagnol, qui lui-même s’installe confortablement au sommet du football mondial. Cette rencontre fascine par la rivalité entre ces deux monuments du football, liée à l’opposition entre Catalans et Castillans. Mais l’âge d’or du Clàsico se situe au début des années 2010, années durant lesquelles le duel entre Cristiano Ronaldo, fraîchement arrivé dans la capitale, et Lionel Messi, Ballon d’Or 2009, fait rage. Autre duel de taille dans ce Clàsico : celui entre le coach du Barça, Pep Guardiola et le coach du Real Madrid, José Mourinho. Loin d’être de grands amis, les deux hommes n’ont cessé de s’envoyer piques sur piques en conférence de presse, afin d’animer encore un peu plus les esprits avant ce rendez-vous. Ce 28 novembre 2010, il s’agissait du premier Clàsico de Mourinho, dernier vainqueur de la Ligue des Champions avec l’Inter Milan, tombeur du Barça en demi-finale quelques mois auparavant. Côté Barcelone, on avait encore la chance à cette époque d’observer le tiki-taka propre aux Catalans, parfaitement orchestré par Guardiola lui-même. Cette manière impressionnante de dominer le ballon a d’ailleurs permis au FC Barcelone de remporter les 4 dernières confrontations face à son rival de toujours, l’une d’entre elles se terminant même sur le score humiliant de 6-2. Tous les éléments semblaient alors alignés pour une rencontre d’une rare intensité. Le match est aujourd’hui encore dans toutes les têtes, mais il ne fait pas partie des bons souvenirs pour les fans du Real Madrid.
Xavi-Iniesta, maîtres du rythme
Véritables symboles du tiki-taka, Andres Iniesta et Xavi ont su, cette soirée-là, éclabousser la rencontre de tout leur talent pour en faire voir de toutes les couleurs à leur ennemi de toujours. Xavi, buteur très rapidement (10ème) sur une passe géniale de son compère Iniesta, renversait parfaitement le jeu quelques minutes plus tard pour permettre à Pedro de marquer le second but (18ème). 2-0 au bout d’une vingtaine de minutes à peine durant lesquelles le Barça montrait le ton de cette rencontre. Les deux milieux de la Roja, vainqueurs de la Coupe du Monde quelques mois auparavant, ont touché lors de ce match pas moins de 224 ballons. Une performance exceptionnelle et qui prouve aussi leur supériorité face au milieu Ozil-Alonso-Khedira, qui n’avait alors touché le ballon qu’à 116 reprises. Durant cette rencontre, les deux métronomes, accompagnés par Busquets, ont joué au football de manière presque parfaite, organisant, distribuant, construisant chacune des actions de leur équipe afin de détruire peu à peu un club madrilène en souffrance.
Lionel Messi, pièce maitresse
Il est évident que pour parler d’une masterclass du FC Barcelone, il est obligatoire de parler de Lionel Messi, vainqueur de son premier Ballon d’Or l’année précédente et en progression constante. Dans ce match, la star argentine n’a pas marqué, mais il a prouvé qu’il n’est pas obligatoire de gonfler ses statistiques pour réaliser une superbe performance. Avec 96 ballons touchés, ce qui est assez exceptionnel pour un attaquant, Messi a lui aussi magnifié le football de possession de son équipe en bougeant énormément pour délivrer de nombreuses occasions de but pour ses coéquipiers. Grâce à ses nombreux mouvements, le natif de Rosario a notamment délivré deux passes décisives parfaites pour David Villa en seulement 3 minutes (55ème et 58ème). Ses dribbles, ses passes lasers, sa vision de jeu exceptionnelle lors de ce match prouveront son statut de meilleur joueur du monde sur le moment mais lui vaudront aussi de vivre un match très compliqué sur le plan physique. Excédés par un Barça intouchable, les hommes de Mourinho n’ont en effet pas su contenir leurs adversaires, laissant éclater leur frustration à la fin du match sur Messi, miraculeusement épargné par les blessures.
Une déculottée sous tension
Enterrés par le 5ème but barcelonais marqué par Jeffren dans les derniers instants de la rencontre (91ème), les Madrilènes devaient encore vivre quelques secondes insoutenables dans un Camp Nou enjoué par la victoire des siens. C’est durant ces minutes que Sergio Ramos, bien aidé par Lassana Diarra, a décidé de découper intégralement Lionel Messi alors qu’il accélérait encore vers la partie de terrain madrilène. Un aveu de désespoir qui sera suivi par des gestes inacceptables dont deux poussettes sur Xavi et Carles Puyol, pourtant ses coéquipiers en sélection. Sergio Ramos a évidemment été expulsé pendant que les deux équipes se battaient pour défendre leur joueur. La séquence est aujourd’hui devenue culte entre le regard dépité de Ronaldo, le visage presque en pleurs de Messi ou encore la discussion houleuse entre Iker Casillas et Gérard Piqué. Même si ce genre de scène n’a rien à faire sur un terrain de football, il est très démonstratif de ce que les joueurs, tout autant que les fans peuvent ressentir durant un Clàsico.
Cette confrontation a été, est, et sera toujours un rendez-vous incontournable du football. De plus, si ce match est représenté ici, c’est parce qu’il représente parfaitement ce à quoi ressemblait l’âge d’or du Clàsico au début des années 2010. On y retrouve une équipe barcelonaise à l’apogée de son art, qui gagnera d’ailleurs sa seconde Ligue des Champions en 3 ans, quelques mois plus tard, et qui domine un Real Madrid en reconstruction. Nous avons aussi le début de la confrontation légendaire entre Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, ainsi que le combat à distance entre Pep Guardiola et José Mourinho. Enfin, il y avait cette envie, cet engagement physique qui pouvait parfois laisser derrière lui quelques bavures, notamment lors de cette fin de rencontre.
Aujourd’hui, même s’il est encore très suivi, voire plus qu’à l’époque, le Clàsico est bien différent car les deux équipes se trouvent dans une phase de transition qui se ressent sur le niveau de jeu illustré sur le terrain. Les rivalités personnelles entre joueurs se font de plus en plus rares, les matches de moins en moins intenses, et le dénouement est souvent éloigné de l’exceptionnel. Enfin, le départ de Ronaldo a énormément baissé l’intérêt de ce choc, par le passé considéré comme un duel entre les deux meilleurs joueurs du monde que sont le Portugais et l’Argentin.