Pour ce dixième jour du mois de décembre, il fallait trouver une corrélation entre le nombre 10 et le football. Pas besoin d’être un expert pour comprendre qu’il coulait de source d’écrire sur ce numéro mythique qui était inscrit dans le dos de nombreuses légendes du football. Pourtant, aujourd’hui, ce n’est pas le thème que je voulais aborder. Qu’est ce qui se gagne dix fois ? Sûrement pas une Ligue des Champions, à part si on est le Real Madrid. C’est bien de cette fameuse dixième victoire du club de Florentino Perez en 2014 dont nous allons parler aujourd’hui. Fameuse car tant attendue par les fans merengues, mais surtout car elle a semblé, pendant un long moment, filer entre les doigts madrilènes. Retour sur la finale de la Decima, cette Ligue des Champions au goût quelque peu spécial.
Revenons six ans en arrière, en 2014, alors que le Real Madrid était en quête de cette fameuse Decima depuis près de 12 ans, après sa victoire en Ligue des Champions en 2002. Malgré ces générations fantastiques de joueurs passés par la Maison Blanche entre 2002 et 2014, le club ne parvient pas à aller chercher cette dixième Ligue des Champions qui pourrait encore plus le mettre sur le toit du monde. Cette saison 2013/2014 de Liga fut assez exceptionnelle dans son dénouement. Alors que le titre se jouait uniquement entre le FC Barcelone et le Real Madrid depuis une dizaine d’années, l’Atlético est venu chercher lui aussi son heure de gloire, dépassant de 3 points les deux mastodontes lors de la dernière journée. Une preuve que cette année-là, il y avait trois grands en Espagne. Et c’est ce même Atlético que le Real Madrid est venu affronter en finale de Ligue des Champions 2014 à Lisbonne. Le choc promettait d’être exceptionnel. Le Real Madrid s’était sorti plutôt facilement du piège munichois en demi-finale tandis que les Colchoneros, eux, ont éliminé le Barça en quart et Chelsea en demi. Les deux équipes sont au top de leur forme, et ont un objectif clair : écrire leur histoire.
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Vendre la peau de l’ours, oui, mais jamais avant de l’avoir tué
En finale de cette Ligue des Champions 2014, Carlo Ancelotti aligne un XI de départ très classique avec notamment la fameuse BBC, composée de Karim Benzema et Gareth Bale et Cristiano Ronaldo. Cette année-là, le trio madrilène ne marque pas moins de 108 buts. Un chiffre totalement ahurissant Le milieu de terrain était composé de Modric, Di Maria et Khedira et la défense de Coentrão, Varane, Ramos et Carvajal, avec Casillas dans les buts. Une composition qui respire la victoire à plein nez. La composition de l’Atlético aussi était très alléchante. Courtois était gardait les cages, Juanfran, Godin, Miranda et Felipe Luis composaient quant à eux la défense. Koke, Gabi, Tiago et Raul Garcia étaient au milieu tandis que l’attaque était portée par David Villa et Diego Costa. Deux équipes de rêve pour une finale exceptionnelle.
Le 24 mai 2014, cette finale historique commence. Le match fut très équilibré, notamment dans les premiers instants de la rencontre. On ressentait, à ce moment, pas mal de fébrilité dans les deux effectifs, forcément galvanisés par l’évènement. L’illustration parfaite fut la frappe ratée de Bale en début de rencontre, après un raid solitaire, alors qu’il était presque seul face à Courtois. Coté Atlético, Diego Costa, qui était titularisé malgré une douleur aux ischio-jambiers, dut finalement sortir à la 9ème minute du match, remplacé par Adrian. Un début de match plutôt timide qui sera effacé par le premier but de la rencontre grâce à Diego Godin de la tête après une énorme erreur d’Iker Casillas, sorti beaucoup trop loin de sa ligne pour pouvoir stopper le ballon. 1-0 pour l’Atlético Madrid à la 36 ème minute qui n’est plus qu’à une mi temps de son premier sacre dans la Coupe aux grandes oreilles. Oui mais non. Sergio Ramos n’avait pas décidé de perdre ce jour-là.
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Un coup de casque pour l’histoire
Lorsque Diego Simeone est l’entraineur, l’équipe sait qu’elle va devoir cadenasser son jeu pour éviter l’égalisation. Malheureusement, même en tenant au maximum, difficile de résister au Real Madrid. Alors que Thibaut Courtois a tout fait pour garder sa cage inviolée, Ramos est venu lui enterrer tous ses espoirs dans les tous derniers instants du match. Après trois minutes de temps additionnel, le défenseur espagnol place, grâce à un centre millimétré, un coup de tête croisé fabuleux qui permet au Real Madrid de rester en vie dans cette finale. « Ce ballon, je ne l’ai pas envoyé avec la tête, mais avec mon âme » a déclaré Ramos après le match.
Cette égalisation fut un énorme coup sur la tête pour les Colchoneros qui ne s’en relèveront pas. Alors qu’ils ont arraché la prolongation de peu, les hommes d’Ancelotti enfonceront le clou en prolongation avec un but de Di Maria à la 110ème minute, un but de Marcelo à la 118ème minute et enfin un pénalty de Ronaldo à la 120ème. Score final : 4-1 pour le Real Madrid remporte, après 12 années de tentative, sa 10ème Ligue des Champions, sur un scénario exceptionnel, rendant ainsi encore plus merveilleuse cette Decima.
Une hégémonie madrilène
Cette Decima signe le début d’une ère dorée pour le Real Madrid. Malgré une Ligue des Champions 2015 en faveur du FC Barcelone, les Merengues vont venir écrire l’histoire après la nomination de Zinédine Zidane en tant qu’entraineur du club. L’ancienne légende tricolore, très respectée dans le vestiaire pour son parcours en tant que joueur du Real Madrid, va réussir à faire ce que personne n’avait fait : remporter trois Ligues des Champions consécutives pour ses premières années en tant que titulaire. Il remportera donc les éditions 2016, 2017 et 2018, respectivement contre l’Atlético, la Juventus et Liverpool. Durant ces trois années, la Maison Blanche semble sur un nuage lorsqu’il s’agira d’un match européen. Comme si Zinédine Zidane était touché par la grâce, lui qui est finalement impliqué sur les cinq dernières Ligues des Champions du club. Trois en tant qu’entraineur, une en tant qu’adjoint d’Ancelotti en 2014 et bien-sûr une en tant que joueur avec son magnifique but face à Leverkusen en 2002.
En remportant cette dixième Ligue des Champions, le Real Madrid a fait passer un message au monde entier : il est le plus grand club de l’histoire. Et c’est ce dénouement inattendu qui permettra aux plus sceptiques de le comprendre. Le Real Madrid n’est jamais vraiment mort en Europe et il y a d’autres exemples qui le prouvent comme le retour face au Bayern Munich en demi finale de la C1 en 2017 ou le retour face à la Juventus en quart de finale un an plus tard. Aujourd’hui, le Real Madrid possède 13 Ligues des Champions, un record qui sera loin d’être battu. Et malgré les mauvaises périodes que le club peut traverser, on sait que l’Europe est son terrain de jeu, et qu’il faut l’attendre au tournant.
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