Depuis la faillite de la North American Soccer League, l’Amérique du Nord ne possède plus de championnat de football professionnel. Voulant organiser la Coupe du Monde 1994, la FIFA pose comme condition aux Etats-Unis de relancer une ligue professionnelle. C’est ainsi que la Major League Soccer est donc créée fin 1993. C’est dans ce contexte que la franchise de D.C. United, représentant la capitale fédérale Washington D.C., est créée. Voici son histoire.
Le 15 juin 1994, la MLS sélectionne la capitale fédérale des Etats-Unis d’Amérique, Washington District de Columbia pour devenir une des dix franchises de la nouvelle ligue fermée. S’inspirant des clubs anglais de Leeds United et de Manchester United, la nouvelle équipe prend pour nom D.C. United.
Fédéré par Kévin Payne, le président à l’époque de Soccer USA Partners, un groupe d’investisseurs menés par le milliardaire George Soros, a financé la franchise. La société Washington Soccer L.P. est créée dans le but de détenir les droits d’exploitation de D.C. United.
Bruce Arena est nommé entraineur. Fort de son expérience et de ses succès avec l’Université de Virginie (5 championnats nationaux NCAA remportés), les investisseurs placent de nombreux espoirs en lui.
Adidas est désigné équipementier. Le maillot blanc et noir, agrémenté de rouge, porte la société militaire privée Leidos comme sponsor. Toutes ces annonces sont faites lors d’une présentation de la franchise le 17 octobre 1995 à New York City. L’aigle devient le symbole des Black-and-Red.
À la suite de l’arrêt de la NASL, et par là même de la franchise de Washington Diplomats, le soccer est prêt à reprendre ses droits au sein du stade Robert Fitzgerald Kennedy de Washington D.C.
LIRE AUSSI – Quand les grandes puissances se mettent au ballon rond
Des débuts tonitruants
D.C United fait ses débuts le 6 avril 1996 en MLS, date de son commencement. Le premier match de D.C. United les oppose au San José Clash, aujourd’hui connu sous le nom de San José Earthquakes. Malgré une défaite inaugurale 1-0, les Black-and-Red terminent deuxième de la Conférence Est, leur permettant d’intégrer les play-offs.
Après avoir écarté les Mutiny de Tampa Bay de Carlos Valderrama, Washington s’impose en finale 3-2 face au Galaxy de Los Angeles. Le maitre à jouer bolivien de United, Marco Etcheverry termine meilleur passeur de cette première édition de la MLS et est nommé homme du match à l’issue de cette finale. La même année, DCU remporte également l’US Open Cup, l’équivalent de la Coupe de France aux USA.
Soros et Payne ont réussi leur pari et Arena confirme qu’il est un des meilleurs entraineurs de soccer du continent américain. Pour la première édition de la MLS, et sa première année d’existence, D.C. United remporte la ligue et la coupe US Open.
Emmenés par le duo Moreno et Diaz Arce, the Men in Black remettent le couvert pour la seconde édition. Ils terminent premier de la Conférence Est puis disposent des Rapids du Colorado en finale de la MLS 1997. Washington prouve que le meilleur club de soccer des Etats-Unis d’Amérique se trouve dans la capitale.
L’année 1998 marque le passage de la MLS à 12 équipes. D.C. United écrase la concurrence dans la Conférence Est et termine une nouvelle fois premier. La franchise emmenée par Arena se hisse encore une fois en finale des play-offs mais se heurte au Chicago Fire. Malgré cela, Marco Etcheverry est nommé meilleur joueur de la saison.
Bruce Arena cède aux sirènes de la sélection américaine, c’est donc le néerlandais Thomas Rongen qui prend les commandes des Black-and-Red pour l’édition 1999. D.C. United termine une nouvelle fois premier de la Conférence Est, et reprend son dû. Et une nouvelle fois encore la victime se nomme Galaxy de Los Angeles.
Les Men in Black sont au sommet de leur art. En quatre années, la franchise de Washington D.C. a gagné trois fois la MLS en atteignant quatre fois la finale des play-offs.
L’épopée de 1998 : sur le toit du continent américain
Les débuts de la franchise sont également marqués par une épopée continentale exceptionnelle lors de la saison 1998. En effet, en gagnant la MLS en 1997, D.C United s’est ouvert les portes de la Ligue des Champions CONCACAF. La phase finale se déroule à Washington, au stade Robert Fitzgerald Kennedy.
Pour leur entrée en lice, United affronte le Joe Public FC, club invité venant de Trinité et Tobago. Emmenés par l’attaquant Roy Lassiter et le milieu de terrain Ben Olsen, les Américains battent facilement les Trinidadiens sur le score de 8-0.
En demi-finale, le FC Léon se dresse devant D.C United. Les Mexicains ne font pas le poids face aux Men in Black qui ont fait de cette Ligue des Champions un objectif important de cette saison 1998. 2-0, c’est le score final en faveur des hommes de Bruce Arena.
La finale va opposer United à un autre club mexicain, le Club Toluca, vainqueur du tournoi d’été au Mexique. Grâce à Eddie Pope, les Américains s’imposent devant leur public 1-0. Washington D.C. est champion d’Amérique du Nord, Centrale et des Caraïbes.
Mais l’épopée ne s’arrête pas là. Le vainqueur de la Ligue des Champions CONCACAF affronte le vainqueur de la Copa Libertadores, dans la Coupe Intermericana. C’est donc une double confrontation face aux Brésiliens de Vasco de Gama qui attend les joueurs de la franchise américaine. Battus 1-0 à domicile au match aller, D.C. United renverse le club brésilien du jeune Pernambucano Juninho au match retour. Eddie Pope et Tony Sanneh, les deux défenseurs latéraux, permettent au Black-and-Red de s’imposer.
Le club de la capitale fédérale des Etats-Unis est sur le toit de l’immense continent américain. Le soccer est bien de retour en Amérique du Nord.
Retour au premier plan
Chaque succès est difficile à digérer. D.C. United n’échappe pas à cette théorie et entre dans une période creuse dès 2000. Après quatre saisons à végéter dans les dernières places de la Conférence Est, et sans se qualifier pour les play-offs, les Black-and-Red reprennent leur marche en avant.
La saison 2004 signe le retour au premier plan du club de la capitale fédérale. La MLS adopte les préceptes de la FIFA (fin des prolongations en saison régulière et fin du but en or en play-offs) pour cette édition. Entrainée par le polonais Piotr Nowak, la franchise repart sur de nouvelles bases footballistiques. La saison exceptionnelle de Jaime Moreno permet aux Men in Black de s’imposer en finale des play-offs, après avoir fini deuxièmes de Conférence Est, face aux Wizards de Kansas City. C’est le quatrième titre pour Washington en huit saisons.
L’année d’après, United n’atteint pas la finale des play-offs de MLS. En 2006 et 2007, ils terminent premiers au classement général correspondant aux deux Conférences confondues. Ce sont les troisième et quatrième Supporters’ Shields après ceux de 1997 et 1999. La franchise possède d’ailleurs encore aujourd’hui le co-record de Supporters’ Shields obtenus.
En 2008, malgré une année très compliquée en MLS (avant-derniers de la Conférence Est), les Black-and-Red remportent l’US Open Cup pour la deuxième fois de leur histoire après celle de 1996. Cette période de 2004 à 2008 correspond au second âge d’or de la franchise de Washington. Mais le pire est à venir…
LIRE AUSSI – Los Angeles Galaxy, de Beckham à Puig, viser la lune en attirant des étoiles
L’ère Ben Olsen et la descente aux enfers
L’édition 2010 de MLS marque le début du retour à la réalité pour D.C. United. A cause des très mauvais résultats, Curt Onalfo ne termine pas la saison au poste d’entraineur. Ben Olsen le remplace en cours de saison. C’est une ancienne gloire du club, mais sans expérience de coaching. Il n’empêche cependant pas le naufrage. DCU termine dernier de cette saison, toutes Conférences confondues.
S’ensuit une série de résultats mitigés. La saison 2013 est extrêmement paradoxale et symptomatique du manque de régularité de l’équipe. Les Black-and-Red terminent derniers une nouvelle fois de l’ensemble des Conférences. Cependant, ils arrivent à s’imposer en US Open Cup, ramenant ainsi un nouveau trophée garnir les étagères du stade Robert Fitzgerald Kennedy.
La saison d’après, les hommes de Ben Olsen confirment en terminant premier de la Conférence Est, sur 10 équipes. Cependant ils n’atteignent même pas la finale de Conférence lors des play-offs. C’est une désillusion pour les joueurs et le staff.
Depuis cette édition 2014, D.C. United végète trop paisiblement dans le ventre mou et les méandres du classement de MLS. Le départ de Ben Olsen, après dix années à la tête de l’équipe, à la fin de la saison 2020 ne change rien. Chad Ahston et Hernan Losada n’arrivent pas à inverser la tendance lors des deux saisons qui suivent. L’arrivée de Wayne Rooney sur le banc, en juillet 2022 est pleine d’espoir, tant les résultats ont été exécrables durant la dernière édition de MLS. Les investisseurs et les supporters espèrent beaucoup de cette arrivée et ont hâte de débuter la saison 2023 de MLS.
LIRE AUSSI – Comment Red Bull s’est envolé ?
Une ferveur présente partout aux USA
Les très bons résultats inauguraux de la franchise ont permis de créer une ferveur qui se ressent au-delà du District de Columbia. Il est difficile de croire aujourd’hui que la ville de Washington possède l’un des plus grands clubs de soccer d’Amérique du Nord et la plus grosse communauté de supporters. En effet, avec son lot de siège sociaux et instances internationales, c’est assez paradoxal d’imaginer la ferveur qu’il peut y avoir autour de D.C. United.
Et pourtant, elle existe réellement, et dépasse largement les limites de la capitale. La Barra Brava est le groupe de supporters le plus connu et le plus fou d’Amérique du Nord. Venus soutenir les Boliviens Marco Etcheverry et Jaime Moreno, les fans latinos de Washington mettent de l’ambiance à domicile. Anciennement au Robert Fitzgerald Kennedy Stadium, aujourd’hui au Audi Field, la Barra Brava est souvent rejointe par les Screaming Eagles et la Norte, deux autres groupes de supporters.
Avec une affluence moyenne sur l’ensemble de son existence d’environ 17 600 spectateurs par match, D.C. United est un des clubs les plus suivis de MLS. L’arrivée de Wayne Rooney en tant que joueur en 2018, puis son retour en tant qu’entraineur en 2022 a donné une dimension internationale supplémentaire à la franchise.
Dès les premières éditions de la Major League Soccer, la franchise de D.C. United a marqué de son empreinte le soccer Nord-Américain. Avec quatre titres de MLS et une Ligue des Champions CONCACAF, les Men in Black font partie d’une des meilleures équipes du continent. Malgré les mauvais résultats des dernières années, la ferveur reste présente à Washington D.C., pour le meilleur et pour le pire.
Crédits photos : Icon Sport
Sources
– Experience DC – the capital of more than you think