Si le football a vu de nombreux joueurs s’élever au rang de légendes de manière inattendue, il a également été témoin de la chute de certains qui auraient pu devenir les plus grands. Parmi eux, Adriano Leite Ribero – plus connu sous le simple nom d’Adriano – est probablement l’exemple le plus marquant. L’ancien buteur de l’Inter tristement légendaire pour sa chute avait à priori tout pour marquer à jamais l’histoire. Malheureusement, tristesse et regrets sont aujourd’hui les principales choses qui nous rappellent sa carrière, celle d’un homme qui a côtoyé les sommets sans jamais y rester.
L’international brésilien au pied gauche impérial est né à Rio de Janeiro, dans le favela de Rocinha, bercé par la pauvreté et la criminalité pendant la majeure partie de son enfance. Passionné par le football depuis toujours, comme de nombreux jeunes Brésiliens qui s’autorisent à rêver, Adriano est formé au futsal, puis rejoint dès l’âge de sept ans les rangs de Flamengo, club le plus populaire du Brésil à cette époque. Chez les jeunes, il est utilisé en tant que défenseur central ou en latéral gauche jusqu’à ses quinze ans, avant qu’un entraîneur ne voie en lui un potentiel buteur. A partir de ce moment, il s’entraîne à ce poste et révèle ses innombrables qualités. En 1999, les efforts de ce jeune rêveur sont récompensés : sélectionné avec les U17 du Brésil, il voyage jusqu’en Nouvelle-Zélande pour disputer la Coupe du Monde et l’emporte en étant largement protagoniste du sacre de sa sélection. Le natif de Rio rentre alors dans une toute autre dimension, et montre à quel point ce football ne lui suffit plus. Après une dernière saison chez les jeunes, Flamengo décide de le faire rentrer dans la première équipe pour la saison 2000-2001. C’est l’explosion. Après 16 buts et plus de dribbles qu’on ne peut compter, Adriano est repéré par beaucoup de clubs notamment l’Inter, de l’autre côté de l’Atlantique. Il prend alors l’une des décisions qui bouleversera sa vie en prenant l’avion pour la ville de la mode.
Le nouveau Ronaldo
Six mois, huit matchs et un but après son arrivée chez les nerazzuri, Adriano se voit d’abord transféré à la Fiorentina pendant six mois (quinze matchs, six buts) puis à Parme pendant un an et demi. Il y marque à 23 reprises en 37 matchs, et après ces deux expériences réussies, le Brésilien retourne à l’Inter en janvier 2004 où il inscrit son nom parmi ceux des plus talentueux. La fin de sa saison lui sourit déjà : il marque 12 buts et devient l’un des joueurs préférés des tifosi intéristes, ébahis devant le talent de leur recrue. Il sait tout faire devant les buts : dribbler, courir, passer, frapper, marquer. Les couleurs de son maillot, sa nationalité, son poste et sa ressemblance avec Ronaldo rendent la comparaison obligatoire : ce jeune Brésilien est-il l’attaquant le plus fort du monde ? Difficile pour les amateurs de football de ne pas s’emballer devant ses performances, son seul défaut étant de ne pas concrétiser assez ses actions. Il y remédie très rapidement quelques mois plus tard en étant le meilleur buteur de la Copa America, qu’il remporte avec le Brésil.
Pourtant, le 3 août 2004, peu de temps avant le début de la nouvelle saison, un appel du Brésil remet toute la carrière du footballeur en question. Javier Zanetti, capitaine de l’Inter à l’époque de dans la chambre d’Adriano à ce moment, raconte :
« Il a reçu un appel du Brésil : « Adri, ton père est mort. » Vous ne pouvez pas imaginer sa réaction. Il a lancé le téléphone d’une violence incroyable et s’est mis à crier. Vous n’avez jamais entendu de cri si sinistre. Il mêlait rage, tristesse et souffrance. Depuis ce jour, Moratti et moi avons veillé sur lui comme si c’était notre petit frère. Il a finalement continué à jouer au football et à beaucoup marquer, pointant toujours le ciel des doigts après ses buts. Plus rien n’était pareil et il ne trouvait sa place dans le monde que sur le terrain. »
En effet, les supporters et amateurs du football n’ont pas tout de suite compris la détresse du joueur. De juillet 2004 à juin 2005, Adriano a marqué un total de 42 buts en championnat et en coupe. C’était de loin sa meilleure saison, et cela lui a valu d’être la tête d’affiche du célèbre jeu PES 2006.
Impérial devant le but, Adriano s’est fait un nouveau nom en Italie, L’Imperatore (l’Empereur). Son ancien coéquipier, Zlatan Ibrahimovic, s’est confié sur son ami dans un entretien accordé à SPORTBible en 2017.
« Le joueur le plus fort avec qui j’ai joué ? Adriano. Il aurait pu être encore meilleur mais n’a pas pu grandir. Quand je suis arrivé à l’Inter, j’ai directement dit au président de le garder. Je voulais absolument jouer avec lui. C’était un animal. Quelle que soit la situation dans laquelle il était, il pouvait marquer. Personne ne pouvait l’arrêter ou le tacler, personne ne pouvait lui ôter le ballon des pieds. C’était un vrai animal, mais cela n’a pas duré longtemps. »
En effet, après cette saison passée à tutoyer les sommets, Adriano n’a pas réussi à tenir le coup. Si proche de la perfection, L’Imperatore s’est écroulé.
Après la gloire, la ruine et les regrets
C’est l’été 2005 qui sonne la fin de l’Adriano auquel l’Italie avait commencé à s’habituer. L’homme qui a martyrisé toutes les défenses de Serie A et qui avait aidé son club à conquérir son premier titre depuis sept ans. A partir de là, Adriano devient inconstant et finit même par être rejeté par les Argentins du club – on connaît la rivalité qui existe entre les deux nations dans le football – finissant par être mis à l’écart d’une grande partie du groupe. Alternant périodes d’efficacité monstrueuses et longues semaines sans but, il finit même par se mettre une partie des tifosi à dos. Pendant longtemps, le club a tenté de couvrir son joueur en le déclarant comme blessé. La vérité est bien plus sombre : le joueur avait pris beaucoup de poids et buvait toutes les nuits, noyant son chagrin dans la bière. C’est ce qu’il a raconté dans une interview à SPORTBible en 2018.
« Il n’y a que moi qui puisse savoir à quel point j’ai souffert. La mort de mon père m’a laissé avec un grand vide, je ne m’étais jamais senti si seul. Après sa mort, tout a empiré parce que j’avais décidé de m’isoler. J’étais seul en Italie, triste et dépressif, et c’est là que j’ai commencé à boire. C’était le seul moment où je me sentais heureux, et je le faisais chaque nuit. Je buvais tout ce que j’avais sous la main : vin, whisky, vodka, bière… beaucoup de bière. Je n’arrêtais pas, et j’ai finalement dû quitter l’Inter. J’allais tout le temps aux entraînements, même complètement ivre, et le staff médical me prenait en charge pour me faire dormir. L’Inter m’a longtemps couvert en disant que j’avais un problème musculaire. »
La fin de carrière d’Adriano à l’Inter a été en demi-teinte, lui qui n’a marqué qu’une trentaine de buts en quatre saisons avec son club. Seul son prêt d’un an à Sao Paulo a semblé le délivrer, puisqu’il y a marqué 17 buts en 29 matchs. Après cela, l’international brésilien a enchaîné les clubs sans jamais renouer avec la gloire, tombant peu à peu dans l’oubli. A de nombreuses reprises, on l’a surpris au milieu de trafics de drogues et d’armes au Brésil, loin de la gloire et des millions d’euros. Il a ensuite admis avoir compris trop tard d’où venait le problème, toujours dans cette interview à SPORTBible pleine d’honnêteté.
« J’ai compris d’où venait le problème bien plus tard. Mes amis ne faisaient rien sauf m’emmener en boîte de nuit au milieu des femmes et de l’alcool, sans penser que cela pourrait me nuire. En rentrant au Brésil, j’ai perdu la gloire et l’argent, mais j’ai retrouvé la joie de vivre et la paix. »
Finalement, ce que nous retiendrons de la courte carrière d’Adriano, c’est un sentiment de tristesse, de nostalgie et de regrets. Après une année absolument phénoménale juste après la mort de son père, il a fini par être torturé mentalement à cause de cet évènement tragique, incapable de ne pas céder à l’alcool, son unique solution pour oublier. Le nouveau Ronaldo a chuté au moment où le monde pensait qu’il allait devenir l’un des plus grands. Cependant, grâce à des vidéos et des témoignages de personnes qui continuent de se souvenir, Adriano Leite Ribero restera à jamais L’Imperatore.
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Sources :
- FRSerieA : Adriano, l’Empereur déchu
- SO FOOT : Pour Zlatan, Adriano était le plus fort
- FourFourTwo : What happened to Adriano?
- SPORTBible : Adriano opens up about drinking problems and depression
- [Vidéo] SPORTBible : Most talented player Zlatan played with