Le football nous fait perdre notre individualité et le lien qui se crée entre les supporters est inégalable. Tel un coeur qui bat la chamade, les supporters sont un organe du jeu à part entière.
De ruptures douloureuses en déceptions amoureuses, les histoires d’amour s’enchaînent et nous laissent souvent dans un état de grande désillusion. Toutefois, certaines amours demeurent. Souvenez-vous de ce match qui a fait briller vos yeux, de ce but qui vous a émerveillé, de ce joueur qui a fait vibrer votre cœur. L’amour pour le ballon rond ne disparaît jamais. Celui pour un club non plus.
Ne s’agirait-il d’ailleurs pas de la plus grande histoire d’amour de tous les temps ? Bien aimer, c’est aimer follement. Et l’histoire d’amour qui unit les supporters à un club est passionnelle : des moments de joie inégalables aux défaites impitoyables, cette relation demande un investissement psychologique et moral qui peut facilement faire flancher les plus courageux d’entre nous. Heureusement, le football est imprévisible et tandis que notre désillusion est sans pareille, ce retourné à la 90e offrant la victoire à notre club réveille nécessairement un sentiment d’exaltation et d’excitation incomparable qui nous rappelle pourquoi le ballon rond occupe une place si importante dans nos vies.
Comme l’indique si bien l’hymne actuel de la Juventus, la relation entre les supporters et leur club est l’histoire d’un grand amour (« Storia di un grande amore »). Deuxième plus ancien club d’Italie, l’équipe bianconera est également l’une des plus titrées du pays et des plus soutenues du monde, et ce notamment parce qu’il a la particularité de réunir sous une même passion la classe aristocratique et la classe ouvrière. L’histoire entière du club est faite d’oppositions, de contrastes et d’une dualité particulière. Qu’il s’agisse de ses surnoms, de ses couleurs ou de l’histoire même de la ville de Turin. Découvrez cette histoire particulière au rythme des chants qui ont habité les gradins de l’Allianz Stadium et plongez vous au cœur d’une ville où le football est entouré de légendes anciennes, de magie noire et de magie blanche. La cité italienne n’en finira pas de vous surprendre et de vous émerveiller.
Canzoni en l’honneur de la « fiancée d’Italie »
Fondé en 1897 par de jeunes étudiants turinois – dont le plus âgé compte alors à peine 17 bougies à son actif, et le plus jeune 14 – le club inclut rapidement, et en toute logique, le terme de Juventus, « gioventù », (jeunesse) dans sa dénomination passant ainsi de Sport Club Juventus, à Foot-Ball Club Juventus en 1900 pour devenir, enfin, la Juventus Football Club, et ce depuis 1945. Ainsi, c’est sur un banc du Corso Re Umberto, près du lycée Massimo d’Azeglio que naît l’idée d’une vie, la création d’un des plus grands clubs d’Italie.
« Ce que nous appelons aujourd’hui la Juventus est né en novembre 1897 sur un banc à Corso Re Umberto, où la grande avenue Sabaudo croise le Corso Duca di Genova, sous l’initiative d’un groupe d’étudiants du lycée le plus célèbre de Turin, Il Massimo D’Azeglio. Juventus, une dénomination qui se révélera parfaite car elle ne rattache pas de manière romantique le nom de l’équipe à une ville italienne mais dépeint une valeur et un espoir universel : la jeunesse ». – Giampiero Mughini
Paradoxalement, cette Juventus, âgée de 123 ans, est le deuxième club le plus vieux du pays, après l’actuel Genoa FC, d’où son mythique surnom de Vecchia Signora (surnom qui n’apparaît qu’à partir des années 1930).
Les années d’avant guerre ne sont pas particulièrement glorieuses pour le club et en 1915, alors que l’Italie entre dans le combat, naît le premier hymne officiel du club. Composé par Corrado Corradino, le chant n’a pas de nom officiel et s’intitule uniquement « Inno juve ». Etant le premier d’entre eux à naître, lui donner un titre ne semblait alors pas une nécessité. L’air de ce dernier pourrait rappeler un chant de guerre dont les soldats seraient représentés par les joueurs et le champs de combat, le terrain. Très solennelles, presque cérémonieuses, les paroles motivent les troupes et engendrent un sentiment de fierté inégalable.
La compétition est mise en stand by et l’effectif de l’équipe est naturellement amputée. Mais, pour oublier l’infortune et la misère de la guerre un tournoi non officiel est mis en place : la Coppa Federale. La Juventus finira deuxième de la compétition. Ainsi, le premier hymne officiel de la Juventus naît donc pendant une période non officielle de compétition. Le club nous offre encore une fois un beau paradoxe.
Cet hymne de 1915, perdure malgré la fin de la guerre et berce les premières années de la mythique famille Agnelli. En effet, dès 1923, la « pauvre » Juventus devient un club riche dirigé par d’importants industriels. A l’occasion de ce changement drastique de direction, de nouveaux surnoms lui sont attribués : la fidanzata d’Italia (la fiancé d’Italie) ou sa variante « La Sudista », faisant référence aux employés – majoritairement originaires de la partie méridionale de la Péninsule – de l’usine FIAT qui venait de s’implanter dans la zone. Les clubs concurrents ne pouvaient comprendre comment un club soutenu par des ouvriers puisse être dirigé par des aristocrates. Aux chants moqueurs s’ajoutèrent des propos désobligeants à l’encontre des supporters leur suggérant de « retourner lundi à l’usine, lécher le c** de la famille Agnelli. »
Ainsi, comme l’indique l’historien italien Umberto Gentiloni « La Juve se nourrit de contradictions qui en font un phénomène national et identitaire. C’est l’équipe Agnelli, de Fiat, mais aussi le rêve de nombreux immigrés qui arrivent à Turin à partir de midi. Il a une dimension nationale et une renommée internationale, tout en conservant sa dimension turinoise et savoyarde. »
Le premier hymne perdure jusqu’en 1972 au profit d’un nouvel air officiel : celui du début de l’épopée européenne.
Un nouvel air pour une nouvelle ère européenne
En 1971, Giampiero Boniperti, figure emblématique de la Juventus prend la direction du club. Il inscrit la Juventus dans un « cycle victorieux ». Pour lui « gagner n’est pas important. C’est l’unique chose qui compte. » Et effectivement, dès la saison 1971-1972 le club termine champion d’Italie et en 1972-1973 accède en finale de Coupe des Champions contre l’Ajax.
C’est dans ce contexte que naît le deuxième hymne officiel du club. Intitulé très simplement Juve, Juve, il est composé par les musiciens Lubiak et Renzo Cochis et sera témoin d’une ère glorieuse du club, entremêlant succès sur la scène internationale (comme la victoire en Coupe de l’UEFA 1976-1977) et victoires personnelles de ses joueurs. En ce sens, Platini remportera trois d’années de suite le ballon d’or (1983, 1984, 1985) alors qu’il évolue chez la Vecchia Signora.
Musicalement parlant, l’air de 1972 est entraînant, les paroles sont simples mais provoquent un réel sentiment de fierté pour tout tifoso juventino.
Ainsi, cet hymne accompagnera le club piémontais dans son cycle victorieux et ses multiples victoires sur la scène européenne. Toutefois, la fin des années 80 est synonyme de bouleversement pour la Juventus qui est témoin de douloureux départs de figures emblématiques du club telles que Rossi, Bionek ou encore Platini. En outre, en 1985, malgré une première victoire en Ligue des Champions, de sombres événements ont lieu à Heysel lors d’une rencontre avec Liverpool, où étouffés, piétinés, écrasés, 39 personnes périrent et plus de 450 furent blessés. L’arrivée de Roberto Baggio en 1990 ne n’empêchera pas la baisse de régime de l’équipe, qui s’essouffle progressivement au profit de clubs rivaux tels que le SSC Napoli, l’Inter Milan ou l’AC Milan.
De 1992 à nous jours : 3 hymnes pour un club en mutation permanente
Dès 1992, le deuxième hymne – pourtant incontestable porte bonheur du club – est remplacé par un troisième air Sempre Juve. Composé par Edizioni Eraora, la rengaine ne perdurera que 6 ans dans les gradins de l’Allianz Stadium. Ecoutez le et vous comprendrez probablement pourquoi.
On ne peut dire que le début des années 90 est chaotique pour la Juventus, mais le club a assurément connu des jours plus glorieux. Ses victoires sont minimes et peu spectaculaires par rapport à ce que les bianconeri proposaient jusqu’à présent. Toutefois, l’année 1994 marque un tournant positif dans l’histoire de la Juve, et ce notamment grâce à des arrivées prestigieuses redonnant au club son éclat d’antan : qu’il s’agisse de son nouvel entraîneur Marcello Lippi ou de joueurs tels que Del Piero, Trezeguet ou bien de Zinédine Zidane.
Musicalement parlant, l’hymne de 1992 est selon moi, le moins entraînant ainsi que le moins travaillé – qu’il s’agisse de son air ou de ses paroles – que le club ait connu. Il ne marquera pas les esprits des tifosi juventini.
Toutefois, heureusement qu’en 1997, une mélodie à la gloire des 100 ans du club né sous la voix de Pierangelo Bertoli : Juvecentus. Bien qu’hymne non officiel de la Juve, la voix grave du ténor italien ne peut que réconforter les cœurs des supporters.
Dès 1998, l’hymne de 1992 est remplacé. Intitulé Grande Juve, bella signora, cet hymne de 1998, encore une fois, n’a clairement pas été composé par Proust ou Verlaine, mais nous offre incontestablement un moment de joie et de bonne humeur à l’italienne.
Ce chant perdurera jusqu’à l’hymne actuel de 2005 et sera témoin de bien des succès : finales de Ligue des Champions en 1997 et 1998, victoires des Scudetti ces mêmes années, la nomination en 2005 de 9 des joueurs de l’équipe bianconera pour le Ballon d’Or, les années Buffon, Thuram, Nedved, Zlatan.. mais en 2006, malgré une victoire italienne en Coupe du monde, la Juventus est au centre de bien des scandales. En effet, suite à des écoutes téléphoniques impliquant plusieurs équipes et principalement la Juventus, l’affaire dite Calciopoli éclate. L’équipe piémontaise est condamnée pour fraude sportive et perd les titres gagnés lors des saisons 2004- 2005 / 2005 -2006 et est inévitablement reléguée en série B.
Pourtant, dès la saison 2007-2008, la Juventus portée par des légendes du club telles que Buffon, Del Piero ou encore son directeur Jean-Claude Blanc remettent la Vecchia Signora sur les rails en la remontant en Série A et conclut le championnat à la troisième place.
En 2010, de nouvelles preuves sont apportées aux débats et permettent à la Juventus d’être acquittée.
C’est ainsi dans cette période de renouveau, de rinascita, que naît l’actuel hymne de la fiancée d’Italie sous la voix cassée, typiquement italienne, de Paolo Belli : Storia di un grande amore. Cet hymne n’est autre qu’un gage d’amour inconditionnel des supporters pour leur club et témoigne de leur soutien malgré vents et marées. Encore une fois, ce nouvel hymne ne nous apprend rien de concret sur l’histoire du club, que nous allons devoir creuser et décortiquer nous même.
Ville lumière et zones d’ombres : sur les traces de la lumière ou des ténèbres.
Les paradoxes qui entourent le club et qui en font sa singularité sont également visibles dans l’histoire de la ville. Lieu de légendes par excellence, Turin est une ville qui entremêle différents types de magies. Point central de magie blanche, avec Prague et Lyon, la capitale piémontaise est également un des trois piliers de la magie noire avec Londres et San Francisco.
« Turin est la ville la plus profonde, la plus énigmatique et la plus troublante, non pas d’Italie mais du monde » – Giorgio De Chirico
Entre figures et personnages énigmatiques et places mythiques qui habitent la ville, plongeons nous au cœur de Turin ésotérique, où les magies ont les couleurs du club.
Le premier élément qui renvoie aux légendes de la ville n’est autre que son symbole, qui deviendra également celui du club : le Taureau (Toro).
Mais d’où vient ce symbole et que représente-il aujourd’hui ? La création de la ville serait l’oeuvre de la déesse funéraire égyptienne, Isis. Celle-ci aurait ordonné à Phaeton, prince égyptien, de remonter la Méditerranée et de fonder une ville à l’endroit où le fleuve Pô (symbole du soleil) croiserait la Dora (symbole de la lune) et d’en faire ainsi un lieu duel où énergies concurrentes seraient en contact, et où un culte serait voué à Apis, dieu grec symbolisant la fécondité, la renaissance. Quel beau paradoxe que celui pour une déesse de la mort de vouer un culte à la vie.
Le Dieu Apis est celui qui offrira à Turin son symbole. En effet, Apis est un Dieu-taureau dont le pelage blanc était tacheté de noir. Couleurs symboliques de la ville, ainsi que de la Juventus, elles sont également l’indicateur d’une profonde opposition qui marque l’histoire de la capitale piémontaise.
Symbole de puissance et de fougue, le taureau n’est autre que la représentation parfaite d’un mâle indomptable et invulnérable. Ces attributs ne sont que trop bien partagés – dans le cadre de la Série A – par l’équipe bianconera qui depuis la saison 2011-2012 domine le championnat national. Toutefois, en Ligue des Champions de ces dernières années son parcours reste souvent assez décevant.
L’histoire de la ville de Turin débute quant à elle au IIIe siècle avant Jésus Christ lorsque les Taurins, tribu celtique, s’y implantent. En -218 éclate la première guerre punique, opposant Rome à Carthage. La ville est rapidement assiégée par les troupes d’Hannibal composées de 20 000 fantassins, de 6 000 cavaliers – selon Polybe – mais également de ses fameux éléphants. Toutefois, la ville est rapidement reconquise par Rome.
En ce sens, certaines sources affirment que le symbole du taureau apparaît sous le règne d’Auguste (empereur de -27 à 14 ap JC), qui donne à la ville le nom d’Augusta Taurinorum et affichera en ce blason un taureau doré.
Le 4 septembre 476 a lieu la chute de l’empire romain d’Occident, date à partir de laquelle les incursions barbares se succèdent : des Goths, aux Byzantins, en passant par les les Lombards ou encore les Francs, la ville prend son essor alors qu’elle devient la capitale des Etats de Savoie en 1563. En 1861, Turin devient finalement la première capitale du royaume d’Italie. Forte de ses différentes influences étrangères, la ville a développé un nombre considérable de légendes entremêlant histoire et sorcellerie.
Une ville entre magie blanche…
Saint Augustin distinguait dans la magie une forme maléfique (la magie noire), et une forme plus honorable (la magie blanche). En ce sens, la magie blanche aurait des fins altruistes et pour finalité de de guérir, de réconforter, de protéger. Elle serait ainsi, à l’image de Dieu.
La capitale piémontaise regorge de traces de son histoire tumultueuse et il serait impossible pour moi de toutes les citer. Entre figures ésotériques et lieux mystiques, la présence magie blanche se reflète dans chaque étroite ruelle, à chaque coin de rue.
L’épicentre de l’énergie positive, de cette magie bienveillante est la Piazza Castello. Cette place, selon certaines légendes, serait traversée par de longs tunnels canalisant une forte concentration d’énergie positive qui pourrait guérir maladies incurables et infections en tous genres. Ces passages souterrains, selon l’écrivain Giuditta Dembech, dans son ouvrage Torino città magica datant de 1978, mèneraient vers trois grottes alchimiques que l’apothicaire français Nostradamus aurait utilisé au XVIe siècle dans le but de transformer les métaux en or et ainsi de découvrir la recette de la pierre philosophale. Cette pierre philosophale, dont vous avez surement entendu parler dans la saga Harry Potter, serait en réalité « l’objectif » de l’alchimie, c’est à dire une science occulte du Moyen Âge qui consisterait en la recherche de la transmutation des métaux en or.
La découverte de cette composition apporterait à son bonheur et guérison de l’âme à quiconque en découvrirait la composition. Aujourd’hui une légende raconte que si vous parvenez à atteindre une de ces grottes, vos pensées, vos espoirs et vos craintes prendraient vie.
Poursuivons notre chemin et laissons nous porter par le flot d’énergies positives de la ville. Nous voici à présent face à la Chiesa della Gran Madre di Dio (Eglise de la Grand mère de Dieu).
Fondé en 1814 en l’honneur du roi Victor-Emmanuel Ier suite à la défaite de Napoléon Bonaparte, le monument religieux serait, selon certaines théoriques ésotériques, la demeure du Saint Graal, cette sainte calice dans laquelle Jésus Christ aurait consacré son sang au cours de la dernière Cène et dont Perceval ou encore Galaad en firent la quête d’une vie. Aujourd’hui, pour la Juventus, ce Saint Graal pourrait être assimilée à la Coupe de la Ligue des Champions, coupe qu’elle n’a pas gagné depuis 1996. Parallèles hasardeux mis de coté, certains indices nous invitent à penser que l’édifice religieux abrite le saint vase. En effet, deux statues gardent l’entrée de l’Eglise. La première d’entre elle, située à droite, représenterait la religion et la seconde, à gauche, la foi. La religion, symbolisée par un ange féminin, arbore sur son front le symbole de l’œil divin et son regard donnerait des indices sur le lieu de sépulture exact du Saint Graal. La foi quant à elle, porte en sa main droite un récipient, qui pourrait incontestablement représenter le calice.
Enfin, et bien que d’autres éléments de la ville renvoient à ce flux d’énergie positive, nous concluons notre « parcours du bien », à la Cathédrale de Turin, édifice dédié à Saint Jean-Baptiste. Avant d’être érigée en 1491, l’emplacement a d’abord été celui d’un théâtre romain, puis de trois églises médiévales. Paré de marbre blanc, l’intérieur de la Cathédrale ne peut qu’envoûter ses visiteurs et créer un sentiment de bien-être et de quiétude sans pareille. Et cela, non sans raison. Selon certaines légendes ancestrales, les forces du bien et du mal qui errent dans la ville, seraient en réalité attirées par les puissantes ondes que dégagent le Saint-Suaire, le linge qui enveloppait le corps du Christ au moment de l’inhumation, relique présente dans la cathédrale et qui offriraient à son détenteur un pouvoir inestimable.
Ainsi, ces sentiments de bonheur, de satisfaction ou d’euphorie que pourrait procurer la magie blanche dans la ville de Turin, peuvent être assimilés aux ressentis qu’un match ou un but de la Juventus peuvent engendrer. Pensez par exemple à cette sublime volée de l’extérieur du pied de Del Piero en 1994 contre la Fiorentina, et votre cœur sera comblé et bienheureux.
Toutefois, la magie blanche n’est pas la seule occupante de la cité, puisque la capitale piémontaise dévoile également un visage plus sombre et plus troublant.
… et magie noire
La délimitation entre la magie blanche et le règne de l’ombre prend place au niveau des statues de Castor et Pollux, Dioscures de la mythologie grecque, faisant face au Palazzo Reale. La magie noire, contrairement à la blanche empoisonne, ensorcelle et a des vocations vindicatives.
Nombreux sont les lieux et figures funestes de la ville. Découvrez avec moi la symbolique des plus mystérieux d’entre eux.
Le cœur véritable des ténèbres de la ville est situé à la Piazza Statutto. Son histoire remonte à l’époque d’Auguste. Place d’exécution des condamnées à mort, cette dernière érige aujourd’hui et depuis 1879 un monument pyramidal dédié aux morts : la fontana del Traforo del Frejus.
En premier lieu, cet édifice incontournable de la ville de Turin renverrait au monde de l’obscure, et plus exactement au Diable lui même. En effet, en son sommet, la statue révèle une inquiétante étoile à cinq branches, un pentagramme – symbole par excellence du malin – couronnant un ange à la figure imposante et préoccupante. Il s’agirait de l’ange de Lucifer lui même. L’emplacement de la statue révèle également une noirceur particulière puisqu’il se trouve à l’ouest de la cité, où le soleil disparaît et où naissent les ténèbres. Toutefois là n’est pas l’entrée de l’enfer.
En effet, la porte du Diable se trouverait au portail du Palazzo Trucchi di Levaldigi. Construit au XVIIe siècle, le bâtiment serait chargé d’une énergie si négative qu’elle serait le passage entre les rives du Styx et notre monde. Une légende raconte que l’énorme porte incrustée du bâtiment serait apparue une nuit d’orage, durant laquelle un jeune sorcier aurait invoqué le Diable sans autorisation. Ce dernier, furieux d’avoir été dérangé y emprisonna à vie son invocateur. Depuis lors, le lieu serait témoin de phénomènes paranormaux en tous genres, tel que l’énigmatique et non moins troublante mort de la ballerine Emma Cochet lors d’un bal masqué du XVIIIe siècle. Assassinée, son corps, selon certains récits légendaires, se serait élevé dans les airs, aurait effectué une danse lugubre puis aurait été consumé par les flammes de l’enfer, à la vue de tous, pour ne jamais réapparaître. D’autres disparitions inquiétantes eurent lieu dans ce bâtiment, ancienne manufacture de cartes de tarot, aujourd’hui devenu la Banca Nazionale del Lavoro.
Enfin, derrière chaque fastueux palais, à l’angle de chaque ruelle silencieuse, des signes de franc maçonnerie semblent s’ériger dans les zones d’ombre de la ville. De la Piazza Solférino, à la Via Lascaris en passant par Il Rondo della Forca, des loges maçonniques ou fissures en forme d’œil sont dissimulées sur des bas-reliefs ou sous les rues pavées de la ville. En effet, des grilles à l’allure préoccupante longent les trottoirs de Turin. Ces dernières auraient pour fonction d’apporter de la lumière aux infernetti (les petits enfers) des loges maçonniques où avaient lieu les rites d’initiation par lesquels chaque nouveau membre passait des ténèbres à la lumière afin de perfectionner son âme.
In fine, bien que les hymnes de l’Allianz Stadium ne font aucunement allusion aux légendes de la Juventus, ils nous obligent, le temps d’un instant à transpercer et à pénétrer l’histoire de cette ville qui abrite le club dont les couleurs, sont à elles seules, déjà, en parfaite opposition. En effet, les zones de lumières et les zones d’ombres sillonnent cette ville ésotérique où magies blanche et noir cohabitent et s’entrechoquent. Ces contrastes qu’offrent l’histoire de ville piémontaise se manifestent également dans l’histoire du club piémontais. De moments de gloire et de lumière sans pareils à l’obscurité de certains jours (comme le drame d’Heysel), la Juventus nous rappelle tous les jours pourquoi le ballon rond est, malgré tout, le plus beau des enchantements.
Sources :