C’est l’histoire de trois épopées qui ont procuré d’intenses émotions à tout un peuple ; c’est l’histoire de trois finales européennes qui ont permis d’asseoir le prestige de l’OM ; mais c’est également l’histoire de trois défaites cuisantes ayant laissé un goût amer dans la bouche des amoureux de ce club et installer l’idée, chez certains, d’une véritable malédiction. C’est l’histoire des trois finales de C3 de l’Olympique de Marseille.
L’Olympique de Marseille, qui a écrit sa véritable légende en Ligue des Champions, entre 1990 et 1993, avec une demi-finale, une finale et une victoire, n’a plus jamais atteint depuis les sommets dans cette compétition. Et ne les atteindra sans doute plus jamais, la faute aux transformations majeures ayant touché le football depuis le milieu des années 1990 : Premier League, modifications de la Ligue des Champions – dont l’OM a remporté la toute première édition sous cette appellation – et surtout, arrêt Bosman, ayant engendré la possibilité pour les clubs de recruter autant de joueurs étrangers que possible et donc de créer de véritables dream teams tout en obligeant les clubs moins riches à vendre leurs joueurs.
Cependant, depuis cette période et après avoir subi les affres de la privation de Coupe intercontinentale et de coupe d’Europe, puis la relégation du fait des suites de l’affaire OM-VA, le club phocéen s’est relevé et a eu l’occasion de montrer à nouveau qu’il était un grand club européen en tutoyant les sommets d’une autre coupe d’Europe : la Coupe UEFA.
LIRE AUSSI : Les sept clubs français qui ont tutoyé les sommets #4 : l’OM 1990-1991
Cette C3, l’OM y avait déjà goûté par le passé, mais n’y avait pas bien réussi. C’était déjà vrai à l’époque de la Coupe des villes de foires, dont l’OM ne passe jamais un tour en trois participations. Puis celle-ci fut reprise en main par la confédération européenne qui la nomma Coupe de l’UEFA. En 1973, Marseille participe pour la première fois à cette nouvelle compétition, dont c’était la troisième édition. Facile vainqueur de l’Union Luxembourg, l’OM chute ensuite contre Cologne. Deux ans plus tard, confrontés aux Est-allemands du Carl Zeiss Iéna, l’OM ne passe même pas le premier tour. S’ensuivent 10 ans d’abstinence au niveau européen avant l’apothéose qui mena l’OM d’une demi finale de Coupe des Coupes en 1988 à la victoire en Ligue des Champions cinq ans plus tard. Ce sont donc plutôt les deux autres coupes européennes qui, historiquement, réussissent à l’OM.
LIRE AUSSI : Les sept clubs français qui ont tutoyé les sommets #5 : l’OM 1991-1993
Coupe UEFA 1998-99
L’OM retrouve la Coupe UEFA, cette compétition qui lui réussit si peu, presque 20 ans après sa dernière participation. Ces retrouvailles se font dans un contexte particulier puisque l’OM évolue alors en seconde division. En effet, lors de la saison 1993-94, qui suit le sacre européen et le scandale que l’on sait, l’OM n’a pas l’occasion de défendre son titre en C1 puisque le club en a été exclu arbitrairement. Cependant, l’OM, toujours en première division, finit deuxième du championnat, derrière son dauphin l’année précédente, le PSG. C’est seulement à l’issu de cette saison que les autorités du football français relèguent l’OM en deuxième division. Mais l’UEFA n’ayant exclu le club que pour un an et du fait de sa deuxième place en 94, l’OM participe donc à la Coupe UEFA 1994-95. Après avoir éliminé l’Olympiakos assez facilement au premier tour, l’OM est éliminé par le FC Sion sur un score cumulé de 3 partout mais avec un but des Suisses au Vélodrome. L’OM termine cette saison champion de D2 mais doit encore patienter un an avant de remonter.
Pour son retour en première division en 96-97, Marseille manque la qualification pour l’Europe. Mais la saison suivante, après avoir terminé quatrièmes d’un championnat remporté par le RC Lens, les Olympiens s’apprêtent à retrouver l’Europe pour une saison qui ne pouvait qu’être particulière.
En effet, la saison 1998-99 est synonyme de centenaire pour le club marseillais, fondé en 1899 par René Dufaure de Montmirail. Cette saison-là, un logo spécial est adopté ainsi qu’un troisième maillot à dominante or qui est resté dans les mémoires supportéristes. Dès la troisième journée de championnat, l’OM remporte un match de légende au Vélodrome face à Montpellier. Menés 4-0 à la mi-temps, les Marseillais retournent le match et le remportent sur le score de 5-4. L’OM prend alors la tête du championnat. Suivent trois matchs nuls puis une formidable série de huit victoires. Durant cette phase aller, l’OM ne perd qu’un seul match en championnat. Phase aller terminée à la deuxième place avec le même nombre de points que le leader.
En Coupe UEFA, le premier tour voit l’OM se déplacer en République Tchèque d’où les Bleus et Blancs reviennent avec un nul 2-2. Le match retour ne sera qu’une formalité avec une victoire 4 à 0 face à Olomouc. Le tour suivant est bien plus intéressant avec une confrontation face au Werder Brême – le vainqueur de la Coupe des Coupes 1992 face à Monaco – septième de la dernière Bundesliga, passé par la Coupe Intertoto. L’OM obtient un nul 1-1 au Weserstadion. Au retour, Florian Maurice ouvre la marque de la tête à la 35ème minute. En début de seconde mi-temps, les Allemands reviennent au score. Rapidement, l’OM reprend l’avantage grâce à une tête de Pierre Issa. Dans un Vélodrome rénové pour la Coupe du Monde 98, le champion du monde Christophe Dugarry donne deux buts d’avance aux siens grâce à une nouvelle tête. Malgré un second but allemand sur un superbe corner direct, ce sont bien les Marseillais qui, pour la première fois, passent le second tour dans cette compétition.
LIRE AUSSI : Les sept clubs français qui ont tutoyé les sommets #6 : l’AS Monaco 1992
Les rencontres suivantes sont tout aussi serrées, sinon plus. En huitièmes, c’est de Monaco qu’héritent les Marseillais, première et unique confrontation pour l’OM face à un autre club français en coupe d’Europe. Après un nul à Louis II, c’est Titi Camara qui libère le Vélodrome. A la 70ème, servi par Gourvennec dos aux buts, l’attaquant soulève un peu la balle d’un extérieur du droit avant de reprendre de volée avec son pied gauche. Les virages nord et sud se couvrent de fumigènes et le reste du stade explose de joie. Les Monégasques ne reviendront pas, l’OM parvient en quarts de finale.
Au Vélodrome, devant près de 55 000 personnes, l’OM reçoit les sixièmes du dernier championnat d’Espagne, le Celta Vigo. Au cours d’un match très animé, avec des occasions des deux côtés, Florian Maurice tire son épingle du jeu en inscrivant deux buts. Malheureusement, Porato ayant relâché un ballon devant un attaquant espagnol, la marge de sécurité est faible avant de se rendre en Espagne. Finalement, grâce à un résultat nul et vierge obtenu loin de leurs terres, les Marseillais se qualifient pour les demi-finales. Après 1988 pour la C2 et 1990 pour la C1, c’est la troisième coupe d’Europe différente dont l’OM atteint les demi-finales.
Comme en quarts, l’OM reçoit à l’aller. En face, Bologne a éliminé précédemment le Sporting, le Slavia et le Betis. Pour la dernière à domicile, le Vélodrome se met sur son 31 : voile côté Yankee en virage Nord, tifo à feuilles représentant la Coupe UEFA en virage Sud et une immense voile représentant le maillot de l’OM en tribune Ganay, laissant Thierry Roland sans voix. Au terme d’un match accroché, les deux équipes se quittent sur le score de 0-0. Au stade Renato Dall’Ara, c’est Bologne qui ouvre le score à la 18ème minute par son capitaine. Puis les Italiens, qui sont passés par la Coupe Intertoto pour en arriver là, font la course en tête jusqu’à la 85ème minute. C’est alors que le scénario devient fou. Florian Maurice, lancé en profondeur, s’écroule dans la surface à la suite d’un contact avec le gardien. Thierry Gilardi croît comprendre que l’arbitre met un carton jaune à l’attaquant marseillais pour simulation. Après visionnage des ralentis, il apparaît bien, en effet, que Maurice en rajoute beaucoup pour obtenir ce penalty importantissime. Sauf que l’arbitre a bien sifflé penalty et que Laurent Blanc, le capitaine olympien, s’apprête à le transformer. Se dirigeant vers un parcage marseillais en folie, le champion du monde doit faire demi-tour : l’arbitre veut faire retirer le penalty. Une deuxième fois, le « Président » envoie le cuir au fond des filets et qualifie l’OM en finale, lui qui avait été privé de la finale de la Coupe du Monde un an plus tôt.
Après la rencontre une bagarre générale éclate entre les joueurs des deux équipes à l’entrée du tunnel. Suite à des cris de singe en direction de Peter Luccin, le joueur marseillais répond au public avant que les joueurs italiens lui tombent dessus. Ses coéquipiers lui viennent en aide et la bagarre se généralise. La police italienne intervient, c’est le chaos. Patrick Blondeau va jusqu’à asséner un incroyable coup de tête à un policier casqué. Pour cette bagarre, plusieurs joueurs de l’OM prendront de lourdes sanctions, comme Christophe Dugarry ou Fabrizio Ravanelli, loupant ainsi la finale.
Celle-ci se déroule au stade Loujniki devant un peu plus de 60 000 personnes. Alors que l’OM est toujours invaincu dans la compétition, Parme s’avère être son plus fort adversaire jusqu’ici. Alignant autant de champions du monde 1998 que l’OM, Parme vit alors une décennie dorée. Vainqueur de la Coupe des Coupes en 1993 et finaliste l’année suivante, vainqueur de la Coupe UEFA en 1995, le club de la Parmalat aligne sur le terrain des joueur tels que Buffon, Cannavaro, Thuram, Veron, Chiesa, Crespo… L’OM, diminué par la suspension de plusieurs joueurs majeurs, ne fait pas le poids et s’incline face à une grande équipe, qui avait humilié 6 à 0 les Girondins de Bordeaux en quarts de finale.
LIRE AUSSI : Parme, la légende dorée
La fin de la saison est très cruelle pour l’OM car elle voit ces mêmes Girondins de Bordeaux remporter le championnat sur le fil, avec un tristement célèbre PSG-FCGB qui aurait vu les joueurs parisiens laisser filer le match dans la dernière demi-heure, notamment sous la pression du public qui préférait voir le titre aller à Bordeaux plutôt qu’à Marseille.
Ligue des Champions et Coupe UEFA 2003-04
Après cette mouvementée saison 1998-99, l’OM vit deux saison beaucoup plus compliquées. Tout d’abord, en 99-00, les Olympiens atteignent la seconde phase de poule de la Ligue des Champions pour leur grand retour dans la compétition avec notamment une victoire au Vel’ face au champion en titre, Manchester United. Derniers d’un second groupe composé de Feyenoord, de Chelsea et de la Lazio, les Marseillais s’arrêtent là et ne verront pas les quarts de finale. Mais la coupe d’Europe était l’arbre qui cache la forêt puisque l’OM, en crise, passe tout proche de la relégation, avec le même nombre de points que Nancy, premier relégable. La saison suivante est tout aussi difficile avec une nouvelle place de premier non-relégable. En 2001-02, les Marseillais finissent dans le ventre mou et il faut attendre 2002-03 pour voir l’OM renouer avec le haut du classement. Cette saison-là, ils terminent l’exercice à la troisième place, à trois points seulement de l’Olympique lyonnais, champion. Au cours de cette saison 2002-03, un jeune ivoirien s’est révélé du côté des Côtes d’Armor. Didier Drogba, auteur de 17 buts en championnat, a mené l’En Avant Guingamp à la septième place du championnat, à seulement trois points du podium. Il est transféré à l’OM à l’intersaison.
Drogba n’est pas le seul renfort qui arrive à l’été 2003. En effet, un autre joueur qui va marquer l’histoire de l’OM arrive en provenance de Strasbourg, c’est Habib Beye. Ces futurs légendes de l’OM seront encadrées par un joueur ayant déjà marqué le club, Fabien Barthez, champion d’Europe 1993, prêté par Manchester United. Sont également prêtés : Ferreira, Marlet et Meriem qui vont tous s’avérer être des cadres de l’effectif cette saison-là.
Après deux victoires en championnat, l’OM fait son entrée en lice en Coupe d’Europe le 13 août 2003. En effet, ayant terminé l’exercice précédant à la troisième place, l’OM n’est qualifié que pour le 3ème tour préliminaire de Ligue des Champions. Les Marseillais doivent se défaire de l’Austria Vienne s’ils veulent voir les étoiles. Vainqueur en Autriche sur le score de 1-0, l’OM concède un 0-0 au retour et se qualifie donc pour le tour principal de la Ligue des Champions.
Avec deux autres anciens vainqueurs de la compétition – le Real Madrid et le FC Porto – ainsi que le Partizan, l’OM hérite d’un groupe dont il va être difficile de sortir. Le premier match consiste en un déplacement au Santiago Bernabeu. A Madrid les Marseillais inscrivent 2 buts, dont le premier dans la compétition de Didier Drogba, mais ils en concèdent quatre et s’inclinent face à plus forts qu’eux. Dans un Vélodrome comble, Drogba termine son acclimatation par un triplé contre le Partizan. Lors de la troisième journée, match très important puisque l’OM reçoit Porto, qui pourrait bien être l’adversaire principal pour la deuxième place qualificative, les Portugais n’ayant inscrit jusqu’ici qu’un seul point. Drogba, toujours lui, ouvre le score en inscrivant son cinquième but en trois matchs. Mais les hommes de Mourinho ont du répondant et savent l’importance de ce match. Ils inscrivent deux buts avant la pause, passant devant les joueurs d’Alain Perrin au tableau d’affichage. Un troisième but en seconde mi-temps aura raison des Marseillais, même si Marlet réduit la marque en fin de match. Porto confirmera sa supériorité au match retour en gagnant 1-0 : le break est fait, Porto compte sept points, quand Marseille n’en compte toujours que trois, cette double confrontation aura bien été décisive. L’OM s’incline ensuite face au Real puis obtient le nul 1-1 à Belgrade. Éliminés de la C1 et pas étincelants en championnat, les Olympiens changent d’entraîneur à la trêve, José Anigo remplaçant Alain Perrin. Troisièmes de leur groupe, les Phocéens vont être reversés en seizièmes de finale de Coupe UEFA. Le club marseillais n’avait plus joué cette compétition depuis son épopée à la fin du siècle dernier, pour la saison du centenaire. Les retrouvailles, cinq ans après, vont être très belles.
LIRE AUSSI : Les sept clubs français qui ont tutoyé les sommets #9 : l’AS Monaco 2004
Pour les seizièmes de finale face à Dnipropetrovsk, l’OM reçoit à l’aller et Drogba, sur penalty, inscrit le seul but du match dans un stade Vélodrome qui sonne creux, alors que le public avait répondu présent pour les quatre matchs précédents. En Ukraine, Drogba est remplaçant et les cages ne trembleront ni d’un côté ni de l’autre. Les huitièmes de finale voient l’OM se déplacer du côté de la Mersey pour y affronter Liverpool. Menés 1-0 à partir de la 55ème minute, c’est encore une fois Drogba qui inscrit le but du match nul à la 79ème. Au retour, dans un Vélodrome cette fois-ci bien plus garni, l’OM se voit encore une fois mené, dès la 15ème minute. Puis c’est Drogba qui, avant la mi-temps, fait recoller l’OM sur penalty. Dans le même temps, les Anglais sont réduits à dix. A la 58ème minute, c’est le défenseur Abdoulaye Meïté qui inscrit sur corner le seul but de sa saison. Liverpool, triple vainqueur de la compétition, est éliminé.
Restent en lice, le Celtic, Villarreal, le PSV, Newcastle, Bordeaux, Valence, l’Inter et donc l’OM. Les Marseillais reçoivent les Italiens au Vélodrome le 8 avril 2004. Le Vélodrome, qui s’est bien pris au jeu depuis la double confrontation face à Liverpool, explose sur le but de Drogba dès la rentrée des vestiaires. L’Ivoirien trompe Fontana du pied gauche après un crochet du droit. Plusieurs actions dangereuses suivent en faveur de l’OM, la plupart en faveur de Drogba qui est en train d’exploser aux yeux de l’Europe. Les Milanais subissent durant toute la seconde mi-temps, à l’image de Cannavaro et Fontana qui sont mis à contribution par l’attaquant marseillais, mais le score en restera là.
Mal en point en championnat, les Intéristes sont boudés par une partie de leur public, Giuseppe Meazza n’étant à moitié plein. Occupant une bonne partie de la curva sud, les supporters marseillais transportent le Vélodrome en Lombardie puisqu’on entend qu’eux durant toute la partie. Privés de Drogba, en tribune, les Marseillais souffrent. L’Inter pousse, surtout en deuxième mi-temps où les Nerazzurri se procurent plusieurs occasion. Mais l’OM tient bon, Barthez captant les quelques ballons cadrés, ou les voyant passer près de sa cage. Sur une contre attaque, à la 75ème minute, Meriem inscrit le but qui met fin aux espoirs intéristes.
En demi-finales se rencontrent deux clubs espagnols, Villarreal et Valence, deux clubs distant d’une soixantaine de kilomètres, et deux clubs anglais et français, Newcastle et Marseille. C’est plus de 1 700 kilomètres qu’avalent les 1500 supporters de l’OM ayant fait le déplacement pour aller encourager les leurs de l’autre côté de la Manche. Dans un Saint James’Park chauffé à blanc, où se pressent plus de 50 000 personnes, les partenaires d’Alan Shearer ne peuvent faire mieux qu’un match nul 0-0. Pire, ils ne sont pas passés loin de la correctionnelle avec une frappe sur le poteau de Drogba. Dès la fin du match, José Anigo, impressionné par l’ambiance du Nord de l’Angleterre, fait un appel aux supporters afin qu’ils rendent, en ce 6 mai 2004, l’atmosphère irrespirable du côté du boulevard Michelet.
L’appel est entendu puisque le record d’affluence du stade – qui avait pourtant accueilli des matchs de la Coupe du Monde 98 – est battu pour cette rencontre. 58 897 personnes remplissent un stade Vélodrome en fusion. Dans la chaleur du mois de mai, Didier Drogba fait littéralement exploser le stade en ouvrant la marque d’un but somptueux dès la 18ème minute sur un contre mené par Meriem. Lancé à toute vitesse, il se joue d’abord du dernier défenseur de Newcastle d’une feinte derrière son pied d’appui, puis prend le gardien à contre-pied avec un frappe du gauche. L’OM conserve cette avance jusqu’à la 82ème minute. C’est alors que sur un coup-franc excentré côté droit, Batles joue en retrait, à ras-de-terre, pour Drogba qui frappe la balle comme elle vient et double la mise. Invaincu depuis son entrée en lice en seizièmes, l’OM se qualifie pour la quatrième fois de son histoire pour une finale de coupe d’Europe.
La finale, à Göteborg, fut bien plus cruelle encore que celle de Moscou. Avec un Drogba – onze fois buteur depuis le début de la campagne européenne – diminué à cause d’une blessure contracté en championnat, l’OM rivalise pendant une mi-temps face à Valence. Cette équipe, entraînée par Rafael Benitez, qui compte encore beaucoup des joueurs finalistes de la Ligue des Champions en 2000 et 2001 est annoncée comme redoutable. En effet, elle s’apprête à soulever son sixième championnat d’Espagne. A la toute fin du temps additionnel de la première mi-temps, Barthez effectue une sortie mal maîtrisée sur Mista. Pierluigi Collina siffle penalty et exclu le champion du monde. Une décision que n’avaleront jamais les supporters de l’OM. Jérémy Gavanon, qui remplace son illustre partenaire, est impuissant sur le tir de Vicente, qui transforme le penalty. En seconde mi-temps, Mista cloue définitivement le cercueil olympien d’une frappe imparable. Cette fois encore, l’OM avait certainement affaire à plus fort que lui. Un club qui, comme Parme cinq ans plus tôt, vivait ses plus belles heures avec un fantastique doublé Liga-Coupe UEFA. Néanmoins, les regrets sont nombreux côté marseillais, avec la blessure de Drogba, lui qui aura terminé la saison à 32 buts toutes compétitions confondues et surtout l’exclusion de Barthez qui arrive au pire des moments et est jugée, pour beaucoup, comme étant trop sévère. Ainsi, Collina fait depuis lors figure de pestiféré du côté de la capitale provençale.
Ligue Europa 2018
Entre 2004 et 2018, l’Olympique de Marseille est régulièrement européen, se qualifiant soit pour la Ligue des Champions, soit pour la Coupe UEFA, qui devient Ligue Europa en 2009. Le club est régulier en championnat, terminant 5ème en 2005 et ne quittant qu’à trois reprises ce top 5 jusqu’en 2018. Mieux encore : de 2007 à 2011, le podium n’échappe pas une seule fois au club phocéen. Surtout, l’OM redevient champion de France en 2010, en terminant ainsi avec une bien trop longue disette en terme de titres (17 ans d’abstinence). A cela s’ajoutent trois Coupes de la Ligue remportées à la suite et trois finales de Coupe de France perdues. Cette régularité fait que l’OM parvient à se qualifier durant huit saisons d’affilée pour une coupe d’Europe, ce qui constitue la meilleure série de l’histoire du club. Sur cette période, les résultats du club en coupe d’Europe sont irréguliers : le club atteint les quarts de finale de la Ligue des Champions en 2012, mais deux ans plus tard, il termine dernier de son groupe dans cette même compétition avec un honteux zéro pointé en terme de points.
Après une fantastique saison 2014-15 sous la direction de Marcelo Bielsa, l’OM entre en crise avec une treizième place en championnat la saison suivante. L’OM doit alors être vendu. En octobre 2016, le club est racheté par Frank McCourt. Quelques jours plus tard, Rudi Garcia est recruté pour devenir l’entraîneur du club. Il remonte l’OM à la 5ème place du championnat, qualifiant le club pour le troisième tour préliminaire de la C3.
Le mercato estival est très agité avec de nombreux départs et arrivés. Le principal départ est celui du meilleur buteur et capitaine olympien le temps d’une saison, Bafe Gomis, qui avait été prêté à l’OM par Swansea. Partent aussi William Vainqueur ou encore Karim Rekik. Florian Thauvin est lui définitivement racheté par l’OM à Newcastle. L’ancien capitaine Steve Mandanda fait également son retour. Tout comme Thauvin, Njie est acheté après avoir passé une saison au club en prêt. Valère Germain, Luiz Gustavo, Adil Rami ou encore Jordan Amavi viennent également renforcer l’équipe. Enfin, en l’absence d’avant-centre, le Grec Konstantinos Mitroglou est acheté pour 15 millions d’euros à la dernière journée du mercato.
La saison de l’OM commence le 27 juillet 2017 par la réception des Belges d’Ostende dans le cadre du troisième tour préliminaire de la Ligue Europa. A la faveur des vacances estivales, le Vélodrome accueille plus de 46 000 spectateurs pour ce premier match européen depuis le 25 février 2016 et un déplacement à San Mames pour les seizièmes de finale de la C3. Depuis cette dernière rencontre européenne, l’OM a bien changé : plus le même propriétaire, plus le même président, plus le même entraîneur et un seul survivant dans le onze de départ, Steve Mandanda, qui est parti entre temps faire un pige en Angleterre, perdant ainsi son capitanat au profit de Dimitri Payet.
Cette réception d’Ostence commence sur les tambours battants avec l’ouverture du score de Valère Germain – très bon pendant la préparation estivale – dès la deuxième minute. Les Belges reviendront au score avant que l’OM ne prenne le large, score final 4-2. Ce match sera marqué par le triplé de Valère Germain, alors que l’OM ne compte toujours pas de pur avant-centre dans son effectif (Mitroglou n’arrive qu’un mois plus tard, rappelons-le). A l’Albert Park d’Ostende, les Marseillais obtiennent le nul 0-0 et se qualifient pour les barrages. Ce sont les Slovènes de Domzale qui se dressent face aux Phocéens en barrages. Concédant le nul 1-1 après avoir été menés au score, les hommes de Rudi Garcia font le nécessaire devant leur public – à nouveau nombreux – avec une victoire 3-0 et un doublé de Valère Germain.
Marseille hérite d’un groupe relativement faible avec comme principal adversaire Red Bull Salzburg et comme outsiders le Vitoria Gimaraes et Konyaspor. Le tour principal commence pour l’OM le 14 septembre 2017 par la réception des Turcs avec un public très clairsemé : pas plus de 8 000 personnes se rendent ce soir-là dans l’enceinte du boulevard Michelet. Les virages grondent avec plusieurs banderoles contre la nouvelle direction du club et l’entraîneur. L’OM sort vainqueur grâce à un but de Rami en début de seconde mi-temps.
Vient ensuite le déplacement le plus difficile, en Autriche, avec à la clé une première défaite pour l’OM. La double confrontation face à Guimaraes voit les deux clubs gagner chacun à domicile. Lors du match à Guimaraes, Patrice Evra assène un high-kick à un supporter marseillais, il sera exclu du groupe. Puis l’OM enchaîne deux nuls : le premier, à Konyaspor, où quelques supporters font le déplacement, s’avérera essentiel pour la qualification. En effet, les Turcs ouvrent le score à la 83ème minute, mettant l’OM dans une situation très délicate. C’est Clinton Njie qui ira chercher le but égalisateur au bout du temps additionnel. Lors de la dernière journée, l’OM fait match nul à domicile face à Salzburg et obtient la deuxième place du groupe avec deux victoires, deux nuls et deux défaites. Ce triste bilan de la phase de poule jure avec les deux précédentes épopées en C3 lors desquelles l’OM était resté invaincu jusqu’à la finale.
Lors des seizièmes de finale, l’OM hérite d’un nouveau club portugais, le Sporting Clube de Braga, finaliste de l’édition 2011. L’OM réussit parfaitement son match aller à domicile avec un nouveau doublé de Valère Gemain et un but de Florian Thauvin pour une victoire 3-0 – mêmes buteurs que pour la réception de Domzale en barrage. Le public se fait toujours discret avec 21 000 personnes, loin des affluences de l’été lors des tours préliminaires. Au match retour, dans le si-particulier stade de Braga, l’OM s’incline 1-0. Ses supporters sont si longtemps retenus hors du stade, qu’ils ne peuvent y entrer qu’une fois le match commencé, alors même que certains ont fait une dizaine d’heures de voiture pour atteindre le Portugal. Mais l’essentiel est assuré : l’OM est qualifié pour les huitièmes de finale.
L’Olympique de Marseille y retrouve l’Athletic Club, qui l’avait éliminé de la compétition deux ans plus tôt au stade précédent. Comme en seizièmes, le match aller se déroule au Vélodrome, il s’agit donc de faire un gros résultat avant de se rendre à San Mames. Devant un public un peu plus présent (38 000), les coéquipiers de Dimitri Payet réalisent le début de match parfait. Au bout de 20 secondes de jeu, Lucas Ocampos ouvre la marque avant que son capitaine ne double la mise avant le quart d’heure de jeu. Aritz Aduriz permettra aux siens de se donner une chance en égalisant sur penalty juste avant la mi-temps, mais Ocampos inscrira un doublé en seconde mi-temps, permettant à l’OM de remporter une première belle victoire face à un adversaire redoutable.
Le déplacement en terres basques fut bien maîtrisé par les joueurs olympiens. En revanche, pour les supporters marseillais ce fut une véritable aventure. En effet, le 22 février, en marge de la rencontre Athletic-Spartak, un policier basque avait trouvé la mort à la suite d’affrontements avec des supporters russes. Très marqués par cette tragédie, les policiers basques de l’Ertzainza étaient très remontés et les supporters marseillais purent le constater. Défilant en cortège jusqu’au stade, le petit millier de supporters marseillais – dont certains petits groupes isolés avaient été attaqués dans l’après-midi – brava la pluie mais fut ensuite retenu longtemps à l’entrée du stade comme cela avait été le cas à Braga. Énervés par la situation, devant attendre sous la pluie et voyant le match commencer, une bagarre éclata entre des stadiers et les quelques supporters encore dehors. Prévenus, les noyaux des groupes de supporters ultras descendirent dans les travées du stade afin d’en découdre. L’Ertzainza intervint alors et chargea le parcage où prenaient également place des femmes et des enfants. La situation, très tendue, dura tout le temps de la rencontre. En effet, pendant 80 minutes, les policiers portant casque et matraque à la main tinrent compagnie aux supporters marseillais dont le moindre geste était scruté. Le match fut néanmoins remporté par les olympiens sur le score de 2 à 1 avec des buts de Payet et Ocampos avant qu’Inaki Williams ne réduise l’écart en fin de match devant 50 000 spectateurs dépités de voir leur équipe s’incliner à deux reprises.
Après cette double confrontation très maîtrisée synonyme de qualification en quarts de finale – une première depuis la Ligue des Champions 2012 – le public marseillais s’enflamme et commence à croire en une nouvelle épopée des siens. Le parcours marseillais, qui avait été jusqu’ici plutôt moyen, avec notamment une phase de poule mal maîtrisée, se trouve à un tournant. Le face-à-face avec Bilbao laisse espérer de belles choses mais on n’en oublie pas que l’Athletic était mal en point. La prestation en quarts de finale sera capitale pour savoir ce que l’on peut vraiment espérer de cette équipe. Le dimanche suivant la rencontre à Bilbao, l’OM s’incline cruellement au Vélodrome face à Lyon, un concurrent direct dans la course au podium. Cette énième défaite face à un concurrent direct confirme la difficulté pour l’équipe de Rudi Garcia à s’imposer face aux gros du championnat – Paris, Lyon, Monaco. Deux logiques s’affrontent : l’équipe du championnat forte avec les faibles et faible avec les forts et l’équipe en coupe d’Europe, capable de se galvaniser. Elle va en faire confirmation lors d’un épique quart de finale encore dans les mémoires des supporters.
Le 5 avril, à la Red Bull Arena de Leipzig, les coéquipiers de Luiz Gustavo ont une mission : tenir. Sans Mandanda, Rolando et Rami, soit la charnière défensive de l’équipe, il s’agit d’obtenir un résultat nul au mieux. En face, l’équipe dirigée par Ralph Hasenhüttl est vice-championne d’Allemagne en titre, alors même qu’elle était promue. Avec les jeunes Français Upamecano et Augustin, le virevoltant Nabi Keïta et le redoutable Werner en attaque, cette équipe fait peur et l’OM arrive affaibli. Cependant, si Werner parvient à ouvrir la marque en fin de première mi-temps, c’est bien le seul but qui sera inscrit dans la rencontre. Les Marseillais s’en sortent bien : ils n’ont pas sombré à Leipzig comme on avait pu le craindre et désormais c’est au Vélodrome que la qualification va se jouer. Vélodrome qui a son rôle à jouer, lui dont le public a été décevant depuis le début du tour principal en septembre.
Cette fois-ci ce sont près de 62 000 spectateurs qui répondent présent afin de pousser derrière leurs joueurs en quête d’une nouvelle demi-finale européenne. Les deux virages se couvrent de tifos et poussent très fort avant le coup d’envoi. Tout le monde à en tête la réception de Newcastle en quarts en 2004, record d’affluence du Vélodrome avant la rénovation et c’est en effet une ambiance digne de cette soirée mythique qui s’annonce. Mais voilà, dès la deuxième minute Bruma fait taire tout un stade en ouvrant la marque. Personne n’avait prédit cela. Si on s’attendait à un match difficile, aucun supporter ne s’était imaginé déchanter si tôt. Car désormais l’OM doit inscrire trois buts sans en encaisser aucun pour espérer se qualifier. Oui mais voilà, cette soirée devait être spéciale et elle le fut en effet. Moins de trois minutes après le but de Bruma, c’est le tant décrié Mitroglou qui permet à l’OM d’égaliser rapidement en reprenant en plusieurs temps un ballon dévié par Kamara à la suite d’un corner de Payet. Puis à la neuvième minute (!) le capitaine marseillais remonte un ballon dans la partie de terrain adverse. Il centre pour Sanson qui reprend de volée. C’est repoussé par le gardien. Sanson tir à nouveau, sans marquer. C’est Bouna Sarr, qui avait suivi l’action, qui parvient enfin à battre Gulácsi. 2-1. Dix premières minutes totalement folles qui auront fait passer les spectateurs et téléspectateurs par toutes les émotions. Puis à la 38ème, sur un coup-franc de Payet – omniprésent – Thauvin inscrit d’un très beau geste le troisième but synonyme de qualification. Au retour des vestiaires, Payet et Thauvin combinent, trouvent Mitroglou qui frappe mollement le ballon qui est repoussé, puis c’est Kamara qui échoue à nouveau sur un très bon Gulácsi. A la 55ème, Keïta a la merveilleuse idée d’adresser une talonnade à Augustin devant la surface marseillaise. L’ancien parisien enroule son ballon et bat Pelé. Il s’en va célébrer devant le Virage Nord, un doigt sur les lèvres. Il ne fera pas taire le Vélodrome. Comme après le but de Bruma, l’OM est virtuellement éliminé. Mais la différence c’est que désormais tout le monde a conscience que ce match est différent. Tout le monde sauf peut-être Augustin. 5 minutes plus tard, un très grand Dimitri Payet réalise une action de grande classe. Une-deux avec Thauvin côté droit, il pénètre dans la surface, élimine par ses passements de jambes le défenseur qui lui fait face et d’un extérieur du pied soyeux, envoie la balle au fond des filets. L’OM est à nouveau qualifié et ce match entre dans la légende. Le public est survolté, une des plus belles ambiances de l’histoire du Vélodrome et un match sublime qui se termine de la meilleure des manières. Après une dernière occasion pour Leipzig qui a vu Gulácsi monter dans la partie de terrain adverse, les Marseillais engagent une contre-attaque. Mitroglou passe le ballon à Lopez. Il lui passe en cloche de façon très approximative. Puis le jeune Marseillais remonte quelque peu la balle. Il voit Sakai. Il sert le Japonais, mais dans le mauvais timing, le forçant à ralentir. Peu importe, il n’y a personne dans les cages, Sakai frappe et inscrit son premier but le jour de son anniversaire. Tous ses coéquipiers, tout le stade, tout le monde est content pour ce joueur irréprochable et si attachant. 5-2, on vient d’assister à un match exceptionnel.
Ne restent plus en lice que Marseille, Arsenal, l’Atlético et Salzburg, que l’OM avait rencontré lors de la phase de groupes. Par chance, c’est cet adversaire bien plus faible que les deux autres que l’OM va affronter en demi-finale. Comme en seizièmes et en huitièmes, le Vélodrome est le théâtre du match aller. En ce jeudi 26 avril, le Vélodrome s’apprête à pousser ses joueurs une dernière fois et de quelle manière ! Le record d’affluence du stade est battu : 62 328 spectateurs. Jamais une demi-finale de C3 n’avait réuni autant de monde. Les virages se parent de leurs plus belles couleurs. Si le quart de finale retour avait donné lieu à de beaux tifos, ceux concoctés en un temps record pour la demi-finale aller sont bien plus beaux encore. Le virage Nord représente un astronaute sur la Lune plantant le drapeau marseillais : « Quittons la planète Mars et allons décrocher la Lune ». Le virage Sud, quant à lui, représente le trophée, qui prend place sur la croix marseillaise, avec la devise « Droit au but » sur la barre horizontale de la croix et les couleurs provençales émanant en rayons de soleil depuis le trophée, à la manière de l’ancien drapeau japonais.
L’OM n’est plus le même que lors de la phase de poules et Salzburg subit la loi marseillaise. On retrouve le duo Payet-Thauvin aux manettes pour le premier but. A la manière du troisième but d’OM-Leipzig : coup-franc de Payet, repris par Thauvin qui marque. A l’heure de jeu c’est Njie, l’homme du si précieux but dans le temps additionnel à Konya, qui inscrit le second but après un caviar de l’infernal Payet. Le match retour est longtemps indécis. La première mi-temps est vierge en but. Puis, à partir de la 55ème, Salzburg fait craquer Marseille en dix minutes. Dix minutes pour deux buts inscrits et tout est à refaire pour l’OM. La tension est extrême, les deux équipes sont au bord de craquer. Le coup de sifflet retentit : on jouera les prolongations. Dans une Red Bull Arena où se sont pressés près de 30 000 personnes, l’air est irrespirable. Le parcage marseillais s’efforce de pousser mais est surtout happé par un match très indécis. Au total, les joueurs marseillais reçurent huit cartons jaunes. Puis vint la cent quinzième minute. Payet – 22 passes décisives toutes compétitions confondues – tire un corner devant ses supporters. Au second poteau il trouve Rolando, le « colosse du Cabo Verde » qui, d’un plat du pied serein, place le ballon dans le petit filet. C’est plié, Salzburg ne reviendra plus et l’OM retrouve, 14 ans, après une finale européenne.
La finale à Lyon (« Oh Jean Michel Aulas ! […] ») sera moins cruelle que celle de Göteborg. Pas de sentiment d’injustice ici, simplement une équipe bien plus forte en face. Simplement ? Peut-être pas. Car certes, si sur 90min l’Atlético a surpassé l’OM, la première demi-heure a étonnement été dominée par l’OM. L’impression, du stade, était stupéfiante : l’OM dominait et s’est même procuré des occasions, notamment celle de Germain qui est restée en travers de la gorge de nombreux amoureux de l’OM. Ensuite, la sortie de Payet et la mauvaise passe de Zambo pour Mandanda, constituent des tournants. Face à une équipe si supérieure, et alors que l’OM faisait un très bon début de match, ces tournants furent déterminants. Un exploit passait par un match parfait. L’occasion manquée de Germain, l’erreur de Zambo et la blessure tragique de Payet n’y avaient pas leur place. Ensuite la bande de Griezmann roula sur des Marseillais orphelins de leur meneur de jeu. Et l’addition fut salée ; 3-0 score final.
Ces trois épopées européennes ne pouvaient se raconter qu’en trio tant elles sont liées. Tout d’abord pour leur issue tragique. La suspension de plusieurs joueurs pour la finale de Moscou. L’exclusion de Barthez pour la finale de Göteborg. La blessure de Payet pour la finale de Lyon. Certains y verront des excuses derrière lesquelles se cachent les supporters marseillais pour expliquer leurs déroutes. Ces mêmes supporters y verront quant à eux une forme de malédiction les accompagnant dans cette compétition. N’ayant aucune attache avec celle-ci avant 1999, les supporters marseillais apprirent à aimer cette Coupe UEFA/Ligue Europa, ses déplacements lointains, ses petits clubs de l’Est, ses monstres européens reversés depuis la Ligue des Champions, ses surprises, ses désillusions. Si les finales furent toutes douloureuses, le chemin pour y parvenir fut strié de belles étapes : Bologne-Marseille en 1999 ; Marseille-Newcastle en 2004 ; Marseille-Leipzig en 2018. Devenu le club le plus malchanceux dans la compétition – à égalité avec Benfica : 3 finales perdues, 0 victoire finale – l’OM est entré à sa manière dans l’histoire de cette coupe d’Europe trop souvent déconsidérée. A une époque où il est devenu impossible pour l’OM d’espérer rééditer ces exploits du début des années 1990 en C1, la C3 demeure la seule compétition par laquelle le sommet européen peut à nouveau être tutoyé.
Sources :
- ohaime-passion.com
- « Les aveux de Llacer« , Eurosport, 25 mai 2011.
- « Ligue Europa : un policier meurt en marge d’Athletic Bilbao-Spartak Moscou« , Le Parisien, 22 février 2018.
- « Luccin : « C’était facile pour les gens d’accuser Peter Luccin »« , So Foot, 26 avril 2018.
- « Les finales de l’OM / 2004 : Collina, Barthez et un Valence implacable : le retour à la réalité« , Téléfoot, 16 mai 2018.
Crédits photos : Icon Sport