Dans les années 1990, le Paris Saint-Germain entre dans une nouvelle dimension après son rachat en 1991 par Canal +. Le club de la capitale est sur le podium du championnat de France de 1992 à 1997 et s’offre le titre en 1994. Viennent s’ajouter au palmarès, une Coupe de la Ligue en 1995 et deux Coupes de France en 1993 et 1995. Ces dernières permettent aux Parisiens de jouer la C2, la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe, une compétition qui verra le PSG briller et gagner sur la scène européenne.
L’année 1995 marque le retour de Luis Fernandez au Paris Saint-Germain, l’emblème du club est nommé entraîneur par Michel Denisot. Pour sa première saison, Luis réalise un doublé inédit de Coupes dont la première Coupe de la Ligue de l’histoire et offre une troisième demi-finale européenne de rang au club parisien. En Ligue des Champions cette fois-ci (après la C3 puis la C2), en éliminant le FC Barcelone de Johann Cruyff au Parc des Princes avant de chuter face à l’AC Milan. Une page se tourne avec la fin de la saison 1994-1995 : Valdo, Ricardo, Antoine Kombouaré, David Ginola et George Weah quittent le PSG.
La Coupe des Coupes 1996
Luis Fernandez et la direction parisienne doivent reconstruire un Paris Saint-Germain capable de triompher en France et en Europe. Youri Djorkaeff est recruté, c’est également le cas du buteur panaméen de Cagliari, Julio César Dely Valdés ainsi que de Patrice Loko, Laurent Fournier, Bruno N’Gotty ou encore Stéphane Mahé. Le PSG démarre sa saison 1995-1996 de la plus belle des manières en se retrouvant leader du championnat de France à la trêve hivernale avec douze points d’avance sur le deuxième. Sur le plan européen, le club de la capitale, engagé en Coupe des Coupes, est toujours en lice après avoir éliminé les Norvégiens de Molde en seizièmes de finale puis les Écossais du Celtic Glasgow en huitièmes.
Au début de l’année 1996, le PSG enchaîne les défaites en championnat. Selon le capitaine Bernard Lama, cet effondrement est «purement lié à l’entraîneur». Luis Fernandez est proche de ses joueurs. Trop proche. Il joue avec eux, participe à certains ateliers de l’entraînement jusqu’à agacer les joueurs et se mettre son groupe à dos. La direction parisienne en la personne de Michel Denisot refuse de changer de coach. Dépassé par l’AJ Auxerre en championnat, la direction pointe un objectif : gagner la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe.
En quarts de finale de cette C2, le PSG chute à Parme (1-0) avant d’obtenir sa qualification au match retour (3-1) face aux Italiens emmenés par Fabio Cannavaro, Hristo Stoichkov ou encore Pippo Inzaghi. En demi-finale, les Parisiens affrontent le Deportivo La Corogne. De retour de blessure, Youri Djorkaeff n’est pas titulaire au match aller en Espagne. Il entre à la 80e minute et délivre Paris dix minutes plus tard d’un superbe but qu’il va chercher seul. Le fils de Jean Djorkaeff (la première icône du PSG) est un des grands artisans du parcours européen du Paris Saint-Germain en 1996. Un autre héros de cette Coupe des Coupes permet au club d’atteindre pour la première fois une finale européenne : Bernard Lama. Celui que l’on surnomme «le chat» enchaîne les arrêts exceptionnels face au champion du monde Bebeto et ses coéquipiers de La Corogne. Finalement, Paris remporte le match retour 1-0 également, chez lui, et se met à rêver d’une victoire finale en Coupe d’Europe.
La fin de saison 1995-1996 du PSG est marquée par la perte du titre national qui lui semblait acquis. Malgré l’accession en finale de C2, le groupe parisien est toujours marqué par les errements de son entraîneur Luis Fernandez. Michel Denisot ne veut pas manquer l’occasion de remporter une Coupe d’Europe et ainsi devenir le deuxième club français à le faire. Pour ne pas passer au travers d’une finale semblant à la portée du Paris Saint-Germain (l’autre finaliste est le Rapid Vienne, un club a priori plus faible que Parme ou La Corogne), Denisot choisit de faire venir Yannick Noah dans le groupe afin de le redynamiser et d’y insuffler un esprit conquérant et motivé. Convaincu par le discours du président délégué du club (Denisot explique à Noah que le groupe parisien a des problèmes de communication, que des clans se sont formés et que le message de Luis a du mal à passer), l’ancien tennisman accepte et rejoint l’équipe parisienne lors d’un stage organisé au Pays basque, fin avril, afin de préparer la finale. L’entraîneur parisien juge inacceptable la venue du champion de tennis et ne veut pas qu’il interfère dans le travail de préparation physique et tactique. Sans savoir réellement ce qu’il doit faire pour motiver les Parisiens, Yannick Noah décide d’organiser une virée à Hendaye avec les joueurs. Rien que les joueurs, sans membre du staff, ni de la direction. Au cours de cette soirée, les joueurs se lâchent, rient et évacuent la pression. Noah conclut se rassemblement festif en apprenant aux Parisiens une chanson camerounaise. Celle-ci les soude et devient l’hymne du parcours européen du PSG.
Le 8 mai 1996 se joue la finale de la Coupe des Vainqueurs de Coupe à Bruxelles entre le Paris Saint-Germain et le Rapid Vienne. 15 000 supporters parisiens sont présents dans le stade. Malgré la blessure de Raï dès la 12e minute, le PSG s’impose 1-0 grâce à un coup-franc de Bruno N’Gotty. L’objectif est rempli, Bernard Lama soulève la Coupe avant de l’emporter à Paris où les héros sont remerciés sur les Champs-Elysées, au Parc des Princes, à l’Hôtel de ville et au Palais de l’Elysée par le Président de la République et ancien maire de Paris, Jacques Chirac.
La Supercoupe de l’UEFA 1997
Après sa victoire en Coupe des Coupes, le Paris Saint-Germain se voit en possibilité d’ajouter une seconde ligne à son palmarès européen en deux matchs de gala face au vainqueur de la Ligue des Champions, la Juventus Turin, en janvier 1997 à l’occasion de la Supercoupe de l’UEFA. Luis Fernandez a naturellement quitté le club, c’est maintenant Joël Bats l’entraîneur, épaulé par Ricardo, manager général. En décembre, le PSG est à nouveau leader du championnat.
Lors de la trêve hivernale, les Parisiens sont partis en stage à la Réunion ainsi que sur l’île Maurice. Ils y jouent deux matchs sous une chaleur accablante et tranchant avec le froid francilien du mois de janvier. Didier Domi déclare : « On était partis huit jours à l’île Maurice où il faisait plus de 30°. Là, on arrive un ou deux jours avant le match, il fait 5°, le terrain est gelé et la Juve semble clairement mieux préparée »1. En effet, au moment de recevoir la Juventus, les Parisiens sont hors de forme. En face, la bande à Alessandro Del Piero et Didier Deschamps déroule. A la mi-temps, les Italiens mènent 4-0. Algerino est sorti sur blessure dès la 34e minute tandis que Zinédine Zidane est dans un grand soir. Au retour des vestiaires, Paris réduit le score par un penalty de Raï avant d’encaisser deux nouveaux buts. 1-6, score final. Le Paris Saint-Germain est humilié, les Parisiens ont été ridicules. Au match retour, le PSG perd à nouveau 3-1 en terre italienne.
La Coupe des Coupes 1997
L’humiliation face à la Juventus laisse des traces dans ce Paris Saint-Germain qui se voyait grandi après avoir remporté sa Coupe d’Europe. Le club n’est pas en grande forme en championnat et est éliminé prématurément des deux coupes nationales. La sortie de route en huitième de finale de la Coupe de France est d’ailleurs symptomatique du mal être parisien : en déplacement à Clermont, pensionnaire de Nationale 2, le PSG mène 4 buts à 1 à vingt minutes du terme avant de se faire rejoindre puis de perdre aux tirs au but.
Heureusement, il y a la Coupe des Coupes. Le Paris Saint-Germain défait facilement le FC Vaduz (7-0 sur l’ensemble des deux matchs) en seizièmes de finale mais Paris est battu en Turquie, 4 buts à 2 par Galatasaray pour le compte du huitième de finale aller, les Parisiens se sont déplacés sans Bernard Lama et cela s’est ressenti. Pour le match retour, le Guyanais est dans les buts. Le PSG marque quatre buts, n’en encaisse pas et file vers les quarts de finale. Après avoir disposé de l’AEK Athènes en quarts, c’est le grand Liverpool FC qui se dresse en face pour ce qui est la cinquième demi-finale européenne d’affilée pour le club dirigé par Canal +. Au Parc des Princes, Leonardo, Benoît Cauet et Jérôme Leroy permettent à Paris de s’imposer 3 à 0. Une marge importante qui n’empêche pas les Parisiens de souffrir à Anfield. Menés 2 à 0 à dix minutes de la fin du match, les joueurs du PSG vivent l’enfer dans une ambiance anglaise est étouffante. Finalement, ils tiennent et s’offrent une deuxième finale de C2 en deux ans.
Le 14 mai 1997, à Rotterdam cette fois-ci, le FC Barcelone accompagne le Paris Saint-Germain en finale de la Coupe des Vainqueurs de Coupes. Le club catalan de Ronaldo, Figo et Luis Enrique est un adversaire bien plus impressionnant que le Rapid Vienne. Comme un symbole, c’est encore Bruno N’Gotty qui fait chavirer le match. En la défaveur du PSG cette fois-ci : fautif dans la surface face au trop rapide Ronaldo, l’arbitre siffle penalty. Celui-ci est transformé par le Brésilien. 1-0, le score en reste là. La victoire semble logique tant le Barca est supérieur mais plusieurs observateurs notent des erreurs d’arbitrages qui auraient pu permettre aux parisiens de revenir dans le match et sûrement de faire basculer le club dans la cour des grands.
La deuxième finale de C2, perdue cette fois-ci, marque un tournant dans l’histoire du club. Quelques mois plus tard, Michel Denisot quitte la direction du Paris Saint-Germain. Après ces cinq demi-finales de rang dans les années 1990, le PSG peine sur la scène européenne et ne retrouve plus jamais, jusqu’à aujourd’hui, le dernier carré d’une compétition européenne. Si Paris ne s’offre qu’un titre de champion de France sous l’ère Canal +, il gagne néanmoins plusieurs coupes nationales, une coupe européenne et fournit à ses supporters de nombreuses émotions devenant des souvenirs perpétués.
¹ Maxime Delcourt, Il y a vingt ans, le PSG prenait 6-1 contre la Juve, sofoot.com, publié le 15 janvier 2017.
Sources :
- Jean-Philippe Bouchard, Le Roman noir du PSG, De Canal + à Canal –, Calmann-Lévy, 2000.
- Daniel Riolo, PSG club capital, Timée-Editions, 2007.
- Mustapha Boullime, Jean-Baptiste Guégan et Clément Pernia, Une histoire populaire du PSG, 1970-2020 : 50 ans de passion, Hugo Sport, 2019.
Crédits photos : Icon Sport