Pour définir le terme Ultimo Diez, Juan Roman Riquelme, ancien international argentin au talent infini et à la carrière sûrement trop pauvre pour refléter la magie que ses pieds pouvaient créer, est souvent mentionné. Nous pouvons cependant tenter de mettre des mots sur cette expression si souvent employée, afin d’en créer une définition (non exhaustive bien sûr). D’un Ultimo Diez s’évade de la virtuosité, de la facilité que même le plus grand réfractaire au football est forcé d’apprécier. L’Ultimo Diez est un meneur, tant sur l’aspect tactique et technique que psychologique. C’est un joueur capable d’aller de l’avant et de motiver ses coéquipiers à en faire autant. C’est un créateur, un artiste, un magicien, le joueur de football dans sa forme la plus pure. Qui d’autre que Zinédine Zidane, au sein de l’Equipe de France, pour illustrer ce terme ?
Zinédine Zidane est pourtant décrit par ceux qui ont joué avec lui ou contre lui comme un homme presque banal, avec les pieds sur terre et les mêmes problèmes que tous les autres. Lilian Thuram, pour expliquer les 14 exclusions de Zizou lors de son illustre carrière, déclare d’ailleurs « c’est un homme avec tous les défauts d’un être humain normal. » Nombreuses sont les personnes ayant vu l’ancien international français fouler un terrain de football et, de ce fait, être en désaccord complet avec Thuram. Sur le terrain, que ce soit à Cannes, Bordeaux, Turin, Madrid et à travers toute l’Europe, Zidane a écrit certaines des plus belles pages de l’histoire du football. Il a offert aux Bleus et à tout un pays un Euro, une Coupe du Monde et, surtout, des souvenirs que rien au monde ne pourrait effriter. Il a toujours donné le meilleur de lui-même avec sa sélection et sera pour cela à jamais dans le cœur des français. Retour sur la carrière phénoménale du joueur le plus populaire de l’Equipe de France.
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« Zidane est le maître. Sur les dix dernières années, personne n’a été à son niveau, c’était le meilleur joueur du monde. » Pelé
Une première annonciatrice de grandes choses
Parmi les dates qui ont marqué la carrière de Zidane en Bleu, le 17 août 1994 est probablement la plus importante. Lors d’un match amical contre la République Tchèque, la France est menée 2 à 0 à partir de la 45ème minute et jusqu’à la 85ème. Là, deux minutes à peine après l’entrée de Zidane, celui-ci s’offre un festival en solitaire au sein de la défense tchéque. Deux minutes plus tard, il marque de la tête sur corner – comme un symbole lorsque nous connaissons la suite – et permet à la France d’arracher un match nul. A la fin de la rencontre, le sélectionneur tchéque avoue être « bluffé » par la performance du jeune Yazid, et parle de lui en le désignant comme « un prodige » et « un futur très grand ».
Ce premier match restera dans l’histoire, car c’est à partir de ce moment-là que Zizou sera désigné comme le digne remplaçant de Cantona au poste de meneur, ce dernier étant exclu des terrains pendant un an à partir de janvier 1995. Depuis cet instant, de nombreuses pages se sont écrites et le jeune Yazid est devenu l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de sa sélection.
La Coupe du Monde 1998 et l’Euro 2000 : sur le toit du monde
« En France, tout le monde a compris que Dieu existait vraiment, et qu’il jouait sous nos yeux, en Equipe de France. » Thierry Henry
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Ce sont les deux années qui ont le plus marqué la carrière de Zinédine Zidane en Equipe de France, parallèlement à sa dernière, toute aussi magique. C’est sans prendre beaucoup de risques que nous affirmons cela : Zizou a permis à la France de réaliser un doublé Coupe du Monde – Euro historique, le premier de l’histoire. Sa Coupe du Monde est idéalisée par beaucoup, qui ne se souviennent que des meilleurs moments, offerts sur corner, en finale, par le natif de Marseille. Pourtant, le numéro 10 n’avait pas pu participer à toute la compétition, un carton rouge l’ayant exclu de deux matchs (contre le Danemark et le Paraguay). L’histoire en demeure belle et éternelle : sa finale est réussie et offre aux Bleus le plus beau trophée de leur histoire. Thierry Roland décrit parfaitement ce moment avec son célèbre « Après ça, on peut mourir tranquille. »
Deux ans plus tard, alors que Zidane a remporté le Ballon d’Or 1998 et continue de terroriser les défenses de Serie A avec la Juventus, celui-ci s’élance à la conquête de l’Euro. Cette fois-ci, c’est bien Zizou qui, bien avant la finale, est au centre de l’attention. Il permet à sa sélection de se hisser jusqu’à la dernière marche en enchaînant les grandes performances, avant de se montrer plus timide en finale, peut-être épuisé par son parcours. Francesco Totti, en face, réalise une performance de haut niveau et arrive à museler les français jusqu’au dernier moment, moment pendant lequel Wiltord et Trezeguet finissent par délivrer les Bleus. Zizou est tout de même, logiquement, élu meilleur joueur de la compétition. Son coup-franc curvé contre l’Espagne et son but en or contre le Portugal y sont à priori pour quelque chose.
Après avoir pu donner un peu d’espoir à la France en marquant deux buts dans les arrêts de jeu de l’Angleterre, Zidane est élu, en 2004, selon un sondage du Journal du Dimanche, personnalité française la plus populaire, malgré l’annonce de sa retraite internationale après deux compétitions bien moins fructueuses que les précédentes.
« C’est énorme. Être reconnu par tout un pays pays est un sentiment incroyable. Avant, c’était dur de parler de certains sujets, surtout si vous veniez d’un endroit difficile à vivre et que vous étiez issu de l’immigration. Mais maintenant, cela montre bien à quel point la France a changé et continue dans ce sens. » Zidane
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La Coupe du Monde 2006, symbole historique de l’antithèse qu’était Zidane
Zidane s’est illustré comme le meilleur de son ère à tant de reprises qu’il est impossible de compter. Pourtant, l’ancien international français a également des aspects que toute personne possède, et qui n’ont pas forcément leur place sur un terrain de football. Zizou a été exclu à 14 reprises des terrains : un nombre relativement élevé pour un milieu offensif comme lui. Le chanteur Jean-Louis Murat disait justement : « Personne ne sait si Zidane est un ange ou un démon. Il sourit comme Mère Theresa et grimace comme un tueur en série. » Une citation illustrant parfaitement la complexité entourant ce personnage.
A son retour en Equipe de France, à peine un an avant la Coupe du Monde 2006, Zidane est ému par l’accueil que lui réserve le stade de la Mosson lors d’un match contre la Côte d’Ivoire, où il marque. L’Equipe de France file ensuite à la Coupe du Monde, en Allemagne, et le numéro 10 va marquer l’histoire.
Il est magique sur le terrain. Il est à la fois plein d’aisance et effroyable pour ses adversaires, incapables de faire quoi que ce soit contre lui. Il termine meilleur joueur de la compétition, n’ayant laissé de place à personne face à lui, notamment contre le Brésil où il s’illustre comme l’un des plus grands. Il s’est expliqué à ce sujet :
« Parfois, je ne savais pas ce qui prenait pendant un match. J’avais l’impression que je pouvais changer d’endroit balle au pied, dribbler mon adversaire, passer le ballon ou marquer un but dès que j’en avais l’envie. »
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La suite est tragique et connue : Zidane craque après des propos blessants de Materazzi, lui donne un coup de boule et finit exclu du terrain, quittant à jamais le rectangle vert en tant que joueur professionnel. La France perd ensuite aux penaltys, et la génération dorée des Bleus connaît un nouvel échec, à quelques centimètres des étoiles. Raymond Domenech, sélectionneur des Bleus de l’époque, avait expliqué : « Personne n’a eu besoin de le pardonner, puisque personne ne l’a accusé. » Zidane, lui, a tenu à expliquer sa réaction, trois jours après la finale :
« La réaction est toujours punie, mais s’il n’y a pas de provocation, il n’y a pas de réaction. La personne coupable, c’est celle qui provoque. Si j’ai réagi comme ça, c’est parce qu’il s’est passé quelque chose de grave. Vous pensez vraiment qu’à dix minutes de la fin de ma carrière, j’aurais été assez fou pour faire ce genre de geste de mon plein gré ? La provocation était sérieuse. Je suis un homme, et certains mots sont plus durs à entendre que la violence. J’aurais préféré être assommé plutôt que d’entendre ça. »
En une Coupe du Monde, Zidane nous aura fait connaître le meilleur et le pire : ses touchers de balle à la fois doux et meurtriers nous ont fait rêver comme rarement devant un match de football, tandis que son emportement en finale en a fait pleurer plus d’un. Cependant, comme Aimé Jacquet disait : « Zidane est 100% football. » Cela inclus donc des réactions regrettables face à la provocation, comme que celle-ci au pire des moments possibles.
Le capitaine et numéro 10 de l’Equipe de France laisse un grand vide derrière lorsqu’il sort, la tête basse, de la pelouse de Berlin le 9 juillet 2006. Si la fin est amère et ce dernier souvenir aussi, la grande majorité n’en reste pas moins merveilleuse. Pour ses coups de têtes de 1998, la totalité de son Euro 2000, les deux buts dans le temps additionnel contre les Anglais en 2004 et le spectacle qu’il nous a offert en 2006, nous ne pouvons que remercier Zinédine Zidane, légende absolue du football français, européen et mondial. Merci Zizou d’avoir été notre Ultimo Diez.
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Sources :
- FourFourTwo, 100 Greatest Footballers EVER: No. 8, Zinédine Zidane
- RMC Sports, Cannes, Juve, Real, Bleus : les grandes premières de Zidane
- So Foot, Zinédine Zidane : archives
- These Football Times, Battle of the 10s
- These Football Times, France