Première ministre du Royaume-Uni de mai 1979 à novembre 1990, Margaret Thatcher symbolise l’ultra rigueur sociale, la politique répressive et l’entrée dans le néo-libéralisme. Au même moment, le pays brille sur la scène internationale par son football mais voit toutefois sa popularité entachée par la violence grandissante des tribunes à laquelle la Dame de fer va s’opposer, comme à son habitude, radicalement.
« Scousers hate tories », peut-on lire dans les tribunes d’Anfield. En arpentant les rues de Liverpool le 8 avril 2013, impossible de ne pas apercevoir l’heureuse atmosphère ambiante à travers les nombreux cris de joie. La veille, les Reds de Brendan Rodgers se sont imposés 0-6 à Newcastle mais ce n’est pas ce large succès qui donne du baume au cœur aux habitants. Ces derniers ont simplement appris la mort de Margaret Thatcher. Dans les quartiers de la ville, les années de galère ne sont pas oubliées et la rancœur est encore tenace.
34 ans plus tôt, le 3 mai 1979, le Parti conservateur remporte les élections générales et propulse par la même occasion sa dirigeante à la tête du gouvernement. Ainsi, Margaret Thatcher devient la première femme Première ministre d’un pays européen et va, très rapidement, devenir la plus emblématique. Les syndicalistes, communistes, défenseurs de la cause homosexuelle, prolétaires et supporters de football se préparent à vivre une décennie austère. Kevin Quigagne, spécialiste du ballon rond anglais pour Les Cahiers du Football, a habité à deux pas d’Hillsborough à Sheffield et se souvient d’une période de crise : « Au début des années 1980, le Royaume-Uni va mal. Les Seventies ont été synonymes de grèves et luttes sociales, et aussi d’une grande vitalité syndicale. Thatcher utilisera cette “chienlit” pour justifier la radicalité de ses réformes et affaiblir les syndicats. On entre en récession, le chômage est endémique et l’inflation galopante. »
Le contributeur aux Cahiers du Football a parfaitement connu cette période où « la bande-son de l’époque – les Sex Pistols, les Clash – reflète ce profond mal-être sociétal ». Surnommé « The sick man of Europe » (comprenez « Le malade de l’Europe » en version française), Margaret Thatcher entend remettre de l’ordre, quoi qu’il en coûte. Son premier mandat n’est pas marqué par une hausse du bien-être en Angleterre puisque le chômage continue d’augmenter au même titre que « les émeutes d’ordre racial et social qui se multiplient à travers le pays », rappelle Kevin Quigagne. Pourtant, la Première ministre est victorieusement réélue lors des élections générales de 1983 avec le meilleur score du Parti conservateur depuis 1959.
Comment Margaret Thatcher est passée, en l’espace d’un an, de chef du gouvernement le plus impopulaire au raz-de-marée conservateur glanant 397 sièges sur 650 au parlement ? Tout simplement grâce à une victoire hors des frontières. En effet, en 1982, le Royaume-Uni affirme sa souveraineté dans les archipels de l’Atlantique Sud et notamment en Argentine, principal belligérant de la Guerre des Malouines. Celle-ci fait tomber la junte militaire dans le pays sud-américain mais apparaît surtout comme un marqueur important du sentiment patriotique grandissant en Angleterre.
Football à deux visages
Malgré les difficultés sociales, le pays semble à la fête en termes de football. Durant le mandat de « Miss Maggie », un trophée européen réside par huit fois sur le sol britannique. En Coupe des clubs champions, d’abord, avec le doublé de Nottingham Forest en 1979 et 1980 suivi de Liverpool qui gagne en 1981 et 1984 après avoir déjà remporté la compétition deux fois dans les seventies, Aston Villa, quant à lui, met la main sur la coupe aux grandes oreilles en 1982. Everton, Ipswich et Tottenham remportent également une compétition continental au prestige moindre. Kevin Quigagne préfère nuancer ces exploits : « Le football est moribond. Si les clubs brillent en Europe les finances sont exsangues, les affluences au plus bas et le hooliganisme sévit. Nombre de joueurs vedettes s’exilent à l’étranger ». Parmi ces joueurs quittant le pays, les plus gros succès sont ceux de Kevin Keegan, Mark Hateley, Gary Lineker ou Chris Waddle.
LIRE AUSSI : McManaman et Fowler : un duo fantasque et fantastique
Le football britannique est surtout en proie à de grandes violences au sein de ses stades. Lors de chaque match ou presque, des bagarres explosent entre groupes de jeunes. Ceux-ci se font appeler les hooligans et sont constamment remarqués pour leur agressivité. On retrouve au sein de leur identité des éléments très forts d’un masculinisme viriliste et d’une xénophobie à l’égard, notamment, de la communauté pakistanaise arrivée en nombre dans les années 1950. La désindustrialisation accentue le chômage dans le pays et cela se fait ressentir sur une certaine population venant au stade le dimanche.
« Il y a, dans le phénomène hooligan, ce qu’est devenu l’Angleterre après la Seconde Guerre mondiale. La dureté d’un travail de plus en plus problématique fait qu’on ne trouve plus de ressources pour se construire une identité sociale. Celle-ci se déporte progressivement vers d’autres types de pratiques dans lesquelles on retrouve des aspects qui caractérisent la culture populaire, à savoir le territoire, le quartier et donc le club de football qui représente tout ça. Cela mène vers le supportérisme qui va occuper du temps, qui crée de la sociabilité et qui va manifester un sentiment de l’ordre de la frustration. Autant sur sa propre expérience socio-professionnelle que sur celle des autres pour marquer l’opposition. Dans la jeunesse ouvrière, le stade est l’exutoire qui permet de reconquérir de l’honneur, du respect avec une bonne dose de nationalisme et de xénophobie », théorise Patrick Mignon, sociologue et auteur de La violence dans les stades : supporters, ultras et hooligans.
Le mouvement hooligan est perçu comme le déclin moral « d’un des pays au monde le plus respectueux des lois – un synonyme de stabilité, d’ordre et de décence – qui est en train de se transformer en quelque chose d’autre », inscrit Geoffrey Pearson dans Hooligans : A History of Respectable Fea. Cela est évidemment intolérable pour Margaret Thatcher. A Liverpool, l’enceinte d’Anfield Road est réputée pour ses règlements de compte entre hommes enragés. Berceau du syndicalisme et de hooliganisme, la ville devient, par essence, celle que la Première ministre doit combattre. En 1982, le Daily Mirror écrivait d’ailleurs : « Ils devraient construire une barrière autour de Liverpool et instaurer un prix d’entrée. Car malheureusement, Liverpool est devenue l’emblème de tous les maux qui accablent les grandes villes de Grande Bretagne ». Si les foyers de cette violence sont dans les grandes banlieues ouvrières comme Birmingham, autour de Londres, Manchester et Liverpool ce sont les succès européens des Reds qui mettent en avant l’ensemble des failles britanniques.
Margaret Thatcher s’en prend d’abord aux syndicats avant de fermer définitivement les mines de charbon. Pour les Liverpuldiens, les hivers sont rudes, particulièrement celui de 1984, les emplois sont rares et le stade de football devient l’unique lieu d’exutoire. « Liverpool a toujours été une ville à part en Angleterre car il y a une forte immigration irlandaise. Comme toutes les villes portuaires, elle est toujours à la limite de la légalité. La mairie a été gouvernée par les travaillistes. Tous ces éléments vont en faire un ennemi à l’époque de Margaret Thatcher. Un symbole du caractère barbare des classes populaires face à la petite bourgeoisie méprisante », explique Patrick Mignon.
1985, « l’annus horribilis »
Au-delà de Liverpool, c’est toute l’Angleterre qui est soumise à la rigueur du gouvernement et aux violences liées au football. Un consensus anti-hooligan se met en place progressivement en Europe mais prend un véritable tournant dans les années 1980. « L’année charnière est 1985, “l’annus horribilis” du football anglais », commence Kevin Quigagne. Le spécialiste développe plus précisément : « Début mars, Chelsea-Sunderland et Luton-Millwall virent à la bataille rangée entre hooligans et forces de l’ordre. Tribunes saccagées, 115 blessés, dont 55 policiers. L’opinion publique est choquée. Le 11 mai, de graves violences lors d’un Birmingham City-Leeds causent l’effondrement d’un mur et la mort d’un jeune supporter. A Bradford, le stade de Valley Parade s’embrase pendant un match : 56 morts, 265 blessés. Un mégot avait atterri sur 25 ans de détritus amoncelés sous les gradins en bois. Le lendemain, le Sunday Times écrit : “Le football britannique est en crise : un sport de taudis, disputé dans des taudis de stades, suivi par des supporters sortis de taudis”. Le 29 mai, c’est le drame du Heysel ». Le simple nom du stade de Bruxelles suffit à provoquer l’effroi chez les amateurs de football.
En marge de la finale de la Coupe des clubs champions entre Liverpool et la Juventus, les grilles et un muret se sont effondrés sous le poids des supporters pour un bilan final de 39 morts et plus de 400 personnes blessées. Malgré les débordements connus en Grande-Bretagne et ceux de la finale de 1984 où les supporters des Reds avaient été agressés par leurs homologues de l’AS Roma, la police s’est révélée trop peu préparée. Cela a mené à l’exclusion des clubs anglais en Coupe d’Europe pour les cinq années suivantes. Quatorze fans de Liverpool sont jugés coupables de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort. Du côté des organisateurs, Albert Roosens, secrétaire de l’Union belge de football, et le capitaine de la gendarmerie chargé de la finale, Johan Mathieu, ont également été condamnés à des peines de prison pour de nombreux manquements.
Il n’en fallait pas plus pour que Margaret Thatcher déclare la guerre à ce qu’elle considère comme les « ennemis intérieurs de la Grande-Bretagne ». Kevin Quigagne se souvient que « Thatcher forme un “cabinet de guerre” qui envisage une série de mesures répressives et liberticides, dont beaucoup, telle la carte d’identité pour spectateurs avec amende à la clé si défaut de possession, ne verront jamais le jour car irréalisables ».
Le pays entier veut désormais éradiquer ces rixes. « Sous la pression des instances, les clubs font par exemple installer la vidéosurveillance. Pour lutter contre les envahissements de terrain et les bagarres entre tribunes, l’installation de grillage, déjà répandue, se généralise. Fin avril 1985, Chelsea en fait même ériger un électrifié avec barbelés ! Le Greater London Council menacera le club de poursuites et le système ne sera finalement pas activé. A traiter le public comme du bétail, la catastrophe n’est jamais loin… », commente le contributeur aux Cahiers du Football. Cependant, pour Patrick Mignon, Margaret Thatcher n’est pas la seule à blâmer les violences des stades : « Il y a un consensus anti-hooligan en Europe. Ce qui va varier, c’est la manière d’affronter la question. En Allemagne, on ouvre la discussion sans répression, en Italie c’est la police qui tente de mettre fin au mouvement ». Avec des mesures uniquement d’ordre sécuritaire, l’arbre est seulement caché par une forêt encore plus dangereuse.
Failles et mensonges
Après le désastre d’Ibrox en 1971 à Glasgow, la mauvaise gestion de la sécurité et l’insalubrité des stades britanniques ont été mises en lumière. Seulement, il aura fallu près de vingt ans pour voir une réelle prise de conscience. « Les mesures sont d’ordre sécuritaire et non infrastructurel. Thatcher-la-populiste fait du football purement une question de “law and order”. Même après le drame de Bradford en 1985, au lieu d’un plan national de rénovation des stades, on a le droit à des mesurettes. Après chaque tragédie, les rapports établis restent lettre morte : huit se sont succédé depuis 1923. Contrairement à la France, les stades appartiennent aux clubs (alors souvent endettés) et les propriétaires, motivés par la rentabilité, rechignent à améliorer les infrastructures », explique Kevin Quigagne. C’est le 15 avril 1989, à moins de deux ans de la fin du mandat de la Première ministre, qu’apparaît un nouveau tournant. Une nouvelle fois, il aura fallu une catastrophe pour ouvrir les yeux, celle d’Hillsborough.
97 personnes sont mortes, 766 sont blessées lors d’une rencontre entre le Liverpool FC et Nottingham Forest. Les supporters ont d’abord été jugés coupables tandis qu’une deuxième enquête a prouvé que le mouvement de foule avait été créé par les policiers. Kevin Quigagne a longtemps travaillé sur cette affaire : « Margaret Thatcher s’est toujours inscrite dans une logique de division et de tout-répressif. Elle a instrumentalisé et diabolisé le football, très impopulaire à l’époque, notamment en assimilant de facto le supporter lambda à un hooligan. La police et un député conservateur local, Irvine Patnick, font porter la responsabilité de la catastrophe sur les supporters “ivres et violents” de Liverpool. Il faudra attendre septembre 2012 et les conclusions du rapport du Hillsborough Independent Panel, suivies des excuses du Premier Ministre David Cameron, pour laver officiellement leur nom ».
Le rédacteur des Cahiers du Football continue sur la désinformation du gouvernement en marge du drame : « Thatcher prend pour argent comptant la version de la South Yorkshire Police (SYP), où l’impunité régnait. Elle couvre les mensonges et malversations, malgré les conclusions du Taylor Report, qu’elle rejettera. Elle encourage même son attaché de presse et manipulateur en chef, Bernard Ingham, à colporter des fake news sur la soi-disante sauvagerie des supporters Reds. Elle empêche son ministre de l’Intérieur de donner du crédit au rapport. Ces faits sont ressortis via les archives que le HIP (Hillsborough Independent Panel) a difficilement obtenu de la SYP (South Yorkshire Police). Thatcher cherchait avant tout à exonérer la police de toute faute et faire diversion. Les supporters représentaient une cible idéale ». Selon l’HIP, la police aurait falsifié 164 témoignages.
Deux rapports vont voir le jour suite à cet incident : le Football Spectator Act (1989) et le Taylor Report (1990). Si le premier interdit de stade les supporters et met en place le fichage des cartes d’identités informatisées – le club de Luton Town, dont le président est conservateur, interdit tout simplement les supporters visiteurs dans son stade – le deuxième permet enfin de rétablir les failles infrastructurelles pointées du doigt. Il révèle surtout les manquements de la police et des secours lors de cette journée noire d’avril. Kevin Quigagne se rappelle de ce point de rupture : « Hillsborough et le Rapport Taylor vont agir comme déclencheur. On oblige les clubs de D1 et D2 à convertir leur stade en “all-seaters” (avec 100 % de places assises) avant l’été 1994. Les coûts astronomiques, qui dépasseront le milliard de livres, incombent surtout aux clubs. Une partie sera cependant supportée par l’État et feu le Football Trust, un organisme étatique partiellement financé par les sociétés de Loto foot d’alors, les historiques “Football pools” ». La mise en place de ces mesures permet, en premier lieu, d’endiguer les violences. « Les hooligans disparaissent car, dès que quelqu’un lève le petit doigt, il est directement éjecté », analyse Patrick Mignon.
Même si le système de sécurité permet une modernisation des stades, il mène aussi à la fermeture des terraces (tribunes debout) et, peu à peu, les familles remplacent la working class. « Les avis sont partagés, d’après Kevin Quigagne. D’un côté, l’environnement football est redevenu sûr et le stade n’est plus ce death trap (endroit potentiellement mortel) mais une enceinte moderne et familiale. De l’autre, la flambée des tarifs billetterie inquiète autant que la mercantilisation de ce nouveau “produit” Premier League qui menace l’identité des clubs. Le public s’embourgeoise et, sans les tribunes debout, l’ambiance s’aseptise. Le match devient une “expérience” qui a perdu en saveur. Les jeunes et la grosse frange supportariale issue des classes populaires se sentent progressivement exclus. Les recommandations du juge Taylor, qui dans son rapport préconisait l’instauration d’une politique de prix raisonnable, en contrepartie des aides accordées dans la rénovation de stades, ne sont pas suivies ».
Premier League, un outil politique ?
La Première ministre a eu un rôle prépondérant dans la gestion de l’après Hillsborough avec cette série de lois passées et de fausses informations propagées. Près de 20 mois plus tard, elle renonce à un quatrième mandat au 10 Downing Street et à son poste de chef du Parti Conservateur. En mai 1992, c’est donc relativement loin de la vie politique qu’elle assiste à la création de la Premier League en lieu et place de la First Division. Rupert Murdoch, magnat des médias anglo-saxons et admirateur de Margaret Thatcher, achète des droits de retransmissions des matchs avec Sky Network et BSkyB. Un contrat historique de 300 millions de livres qui va redistribuer les cartes de l’ensemble du football britannique. Longtemps protectionniste, le championnat use désormais du libre échange et va très vite faire la part belle aux joueurs et entraîneurs étrangers venant à prix d’or.
La Premier League, telle qu’on la connaît aujourd’hui, est-elle justement le reflet de la politique de Margaret Thatcher ? Les spécialistes n’en sont pas certains. Kevin Quigagne explique en quoi son rôle est étroitement lié à l’émergence et au poids pris par la Premier League : « Thatcher a dérégulé tous les secteurs de l’économie. Cela a, entre autres, facilité l’émergence de propriétaires, d’affairistes et financeurs, qui en s’alliant et acquérant une envergure internationale, ont dominé les instances et réussi à inverser les rapports de force. Hillsborough a grandement accéléré, et amplifié, le processus. Ces bouleversements produiront le big bang Premier League. Dès 1981, Thatcher, alors en grande difficulté, a adoubé Rupert Murdoch et lui a permis de contrôler 40 % de la presse britannique, en échange d’un soutien solide, et ensuite de créer Sky. Les Travaillistes, sous Tony Blair, entretiendront avec l’Australo-Étasunien des relations tout aussi symbiotiques. Murdoch a ainsi pu doper financièrement la Premier League, provoquant, mondialisation aidant, l’explosion des droits TV afférents, multipliés par 320 depuis 1992 et par 2 300 entre 1988 et 2022-23 ». Alors que la société s’est néo-libéralisée sous le joug de Margaret Thatcher, le ballon rond est évidemment impacté.
« Pour la presse tabloïde de droite, Thatcher a été la femme providentielle dans cette grande mutation du football anglais, celle à qui l’on doit les stades sécurisés et la forte régression du hooliganisme », avance Kevin Quigagne. Des faits évidemment nuancés par les publications de 2012 quant à la désinformation et aux manquements avérés des organisateurs de l’événement ayant emmené le drame d’Hillsborough. Il explique : « Elle a davantage été témoin et accompagné cette mue qu’initiée une quelconque résurrection. Cette métamorphose a principalement pour origine la rébellion des clubs contre les instances ainsi que Hillsborough et le Rapport Taylor, les véritables catalyseurs du changement. Certaines de ses mesures ont toutefois eu un impact certain, comme le Football Banning Order, l’Interdiction de stade, introduite via le Public Order Act 1986 et durci par le Football Spectators Act 1989. Le FBO permet de cibler et nommer les fauteurs de trouble au lieu de stigmatiser l’ensemble des supporters ».
Durant ses onze années à la tête du gouvernement britannique, la Dame de fer a dû cohabiter avec le football, véritable raison de vivre d’une partie de la population. Comme à son habitude, elle a su se défaire de ses ennemis à coups de répressions et de lois liberticides pour ne laisser derrière elle qu’un modèle comme elle l’a toujours conçu. La Premier League est désormais un système d’élite où le hooliganisme n’est presque plus visible. C’est également le cas à Liverpool, mais, au bord de la Mersey, on n’oublie et on ne pardonne rien à la figure symbolisant l’austérité.
Sources :
- « Dossier : Les hooligans, Thatcher in love », Demi Volée
- « Football : mesures Margaret Thatcher », Institut National de l’Audiovisuel (INA)
- Ronan Boscher et Nicolas Kssis-Martov, « Thatcher, la Dame de foot », So Foot
- Enzo Leanni, « Thatcher a instrumentalisé et diabolisé le football », Les Cahiers du Football
- Judith Perignon, Le jour où le monde a tourné, Grasset, 2017
Crédits photos : Icon Sport