Si son nom n’est pas le plus connu du grand public, son influence est loin d’être marginale. Milieu de terrain complet, international français, Jean-Marc Guillou est aussi et surtout un formateur révolutionnaire, dont la méthode a conquis plusieurs continents. Retour sur une carrière de plus d’un demi-siècle consacrée au football, au beau football.
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De Couëron à Paimbœuf en passant par Frossay, c’est dans ces modestes communes des Pays de la Loire que Jean-Marc Guillou grandit et se familiarise avec le ballon rond. D’abord à travers des confrontations contre son frère, Alain. Des matchs inégaux, Jean-Marc étant de 4 ans le cadet, qui l’ont sans doute obligé à parfaire sa technique pour venir à bout d’un adversaire plus grand, plus costaud, “assez dur”. Mais malgré la passion, le football ne devient pas central dans la vie du jeune homme. Ce n’est pas dans une optique carriériste qu’il prend une licence au SC Saint-Nazaire, mais car c’est dans la même ville qu’il suit des études de chaudronnerie. De toute manière, Guillou ne se rêve pas en star du ballon rond :
“Je ne pensais pas devenir footballeur professionnel. Difficile à dire, c’était un rêve, ça me paraissait inaccessible. Mais je ne le désirais pas vraiment. La mentalité ne me plaisait pas. Jouer comme ça me suffisait. Ce monde ne m’attirait pas.”
À ses yeux, le football reste un jeu. Un jeu sérieux, certes, mais un jeu tout de même. Pas question donc que l’humain disparaisse derrière l’athlète. Mais le talent force un peu les choses. Le jeune milieu de terrain impressionne un dirigeant du SCO venu observer un match amical du club. Heureuse coïncidence, à bientôt 20 ans, Jean-Marc Guillou doit passer son service militaire, et Angers figure une destination de choix. Au milieu des années 60, celui qui se destinait vers la chaudronnerie signe un premier contrat – amateur, certes – chez les Noirs et Blancs, qui évoluent en première division.
Joueur classe, joueur inclassable
Mais l’élite est encore loin. Dans un premier temps, JMG fait ses rangs avec l’équipe amateure du SCO. Et ce premier temps dure. S’il a des facilités techniques évidentes, Guillou est jugé tour à tour “trop lent”, “trop personnel” pour jouer chez les pros. C’est deux ans après son arrivée, le 11 novembre 1967, que le milieu de terrain est convoqué pour un match de première division, face au rival nantais. C’est sur le tard, à 22 ans, qu’il doit donc découvrir le plus haut niveau, depuis le banc de touche. Mais la réussite est de son côté. Pendant l’échauffement, l’international français Jean-Pierre Dogliani se blesse, laissant sa place au jeune amateur. Résultat ? Guillou bluffe tout le monde et est désigné par nombre de spécialistes comme l’homme d’un match remporté par Angers (1-0). Ce n’est qu’à 24 ans qu’il signera professionnel, mais son parcours légendaire au SCO est lancé. Une histoire d’amour qui durera jusqu’en 1975 et le verra disputer 264 matches, dont certains en Coupe de l’UEFA. Quelques-uns, aussi, en deuxième division, mais majoritairement des victoires, les Angevins concluant la saison 1968-1969 avec le titre et le record du plus grand nombre de buts marqués en une saison pour un club professionnel (128 buts en 40 matchs). L’attribution en 2009 du trophée de “joueur du siècle du club”, devançant ainsi un certain Raymond Kopa qui a pourtant donné son nom à l’antre angevine, sera le point d’orgue de cette idylle.
Alors comment expliquer qu’un joueur qui ne s’imaginait pas devenir professionnel voit son nom à côté de l’un des plus grands joueurs de son temps ? La réponse tient sans doute en grande partie à une qualité qu’il développera tout au long de sa vie : sa faculté d’analyse. Pendant ses premières années angevines, encore amateur, JMG dirigeait des entraînements des jeunes. Une expérience qui lui a sans doute permis de développer son œil. Mais cette faculté d’analyse vaut avant tout pour lui-même, le meneur de jeu se laissant aller à des descriptions poussées de ses gestes favoris :
« Je me sers en gros de quatre dribbles forts. Je contourne l’adversaire par la droite en passant le ballon pied droit, pied gauche dans la course. Il faut que je me retrouve le plus vite possible derrière lui. S’il ne commet pas d’obstruction, je passe et me dégage. Je sais que Magnusson [Roger, ndlr, international suédois passé par l’OM] faisait le même dribble. Je n’ai copié personne. Pour y arriver, il faut un contrôle de course et une observation de l’adversaire, de sa manière de réagir. Si vous le passez deux fois de suite du même côté, il est préférable de changer le coup d’après. Je me suis efforcé d’arriver à des dribbles efficaces, qui pénètrent. Ça ne réussit pas toujours. Il faut jouer au millimètre. Mais ces dribbles ne peuvent être positifs que dans la mesure où ils servent une collectivité et non un plaisir personnel. »
Tout au long de sa carrière, Guillou a scruté ses comparses pour s’inspirer des meilleurs, et a toujours fait le tri dans son jeu pour n’en garder que ce qui servait son collectif. On est loin du joueur “personnel” un temps décrit. Le reproche qui lui est désormais fait va dans le sens inverse : le milieu de terrain tente trop peu sa chance. Sa vision du jeu hors-pair, ses dribbles efficaces et sa qualité de passe unique compensent largement ce défaut.
Un 10 à l’ancienne donc, avec ses failles qu’on oublie en retenant ses gestes majestueux ? Pas vraiment. Car si le reproche de ne pas assez défendre a pu lui être fait, il ne correspond pas réellement au personnage. Si Guillou a bien porté le numéro béni a de nombreuses reprises, il a aussi dépanné en tant que libéro avec le SCO, et finira sa carrière en charnière centrale. “J’aime beaucoup défendre, notamment dans les duels et jouer l’anticipation. J’avais les possibilités d’être bon offensivement par la qualité de mes dribbles mais j’avais plus un caractère de prudent que d’aventurier donc une nature plutôt défensive”, précisera même l’intéressé. Logique pour un joueur qui place l’intérêt collectif au-dessus de tout.
Pour revenir à Raymond Kopa, son passage sous la tunique noire et blanche n’est pas le seul point commun qu’il partage avec Jean-Marc Guillou. Comme le Napoléon du football, JMG suscite l’intérêt du Real Madrid. Alors que son contrat expire dans un an, le SCO ne cède pas son magicien. Un rêve déchu que le milieu de terrain vit mal, et n’oublie pas douze mois plus tard. Angers est alors relégué et Guillou libre de tout contrat. Le PSG a pris trop tôt des contacts jugés ainsi “illicites” avec JMG, qui s’engage ainsi pour l’OGC Nice en 1975.
Impressionnés par la compréhension du jeu de leur nouvelle recrue, les dirigeants aiglons lui proposent un contrat étonnant : quatre ans comme joueur puis trois ans comme entraîneur. En Côte d’Azur, le néo-trentenaire continue d’évoluer à son meilleur niveau pendant quatre saisons. Six mois seulement après son arrivée, France Football lui attribue le titre de meilleur joueur français de l’année et obtient même deux votes pour le Ballon d’Or, auquel il est nominé pour la deuxième et dernière fois. À ces exploits individuels viennent s’ajouter de belles épopées collectives, le Gym finissant vice-champion en 1976 et finaliste de la Coupe de France, défait par le Nancy de Platini en 1978. Quatre années de haut vol, donc, qui lui permettent d’être régulièrement cité lorsque l’on retrace le meilleur onze de l’histoire du club.
Son bilan avec les Bleus est, lui, plus contrasté. À l’image de sa carrière professionnelle, Guillou démarre sur le tard avec la tunique tricolore. Georges Boulogne, sélectionneur lorsque JMG explose au plus haut niveau, l’ignore. Les craintes assez mal prouvées sur son apport défensif persistent. Son successeur, Stefan Kovacs, mettra plusieurs mois avant de donner sa chance au meneur de jeu, en bonne partie sous la pression de nombreux spécialistes. Dès sa première sélection -un match amical face à Anderlecht- Guillou prouve qu’il est un joueur de classe internationale. Mais voilà : il a déjà 28 ans. Et il faut dire qu’en dehors du terrain, il ne met pas beaucoup du sien. Il faut le rappeler, Guillou a toujours joué au foot pour s’amuser. Et partir en stage pendant quelques jours avec des personnes qu’il ne connaît presque pas, n’est pas ce qui le divertit le plus. Ce caractère plutôt solitaire a pu brusquer le sélectionneur et ralentir son intégration. Mais ses performances parlent d’elles-mêmes et sa place devient vite indiscutable. Sauf que le temps ne joue pas en sa faveur. Et quand Michel Hidalgo prend les rênes de la sélection en 1976, l’éclosion de Michel Platini bouscule la hiérarchie. Mais avec son nouveau sélectionneur, Guillou partage le même amour pour le beau jeu et reste un élément important de la qualification des Bleus pour le Mondial 1978. C’est d’ailleurs sans doute Hidalgo qui a le mieux saisi la personnalité du meneur de jeu :
“Jean-Marc est un idéaliste. Il n’oublie jamais l’esprit spectaculaire du football. Intelligent, pudique, modeste, cet homme très équilibré n’a pas de problème avec le miroir grossissant de l’auto-satisfaction. […] Jean-Marc a en lui un poids de certitude et une soif de savoir qui doivent en faire un éducateur de qualité.”
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Les quelques 19 sélections de Jean-Marc Guillou, dont une seule en Mondial, laissent un goût amer. Une impression que sa carrière internationale souffre d’un problème de timing. Arrivé trop tard pour briller longtemps, né trop tôt pour connaître les parcours glorieux de l’ère Hidalgo. Un manqué qui joue certainement beaucoup dans l’appréciation du joueur qu’il était par le grand public.
Le théoricien, l’entraîneur et son drame
Après sa dernière cape en Bleu (contre l’Italie à la Coupe du Monde 1978), Guillou dispose d’une dernière année de contrat comme joueur à Nice, avant d’en devenir l’entraîneur. Du moins, c’est ce qui était prévu. Car en réalité, entre décembre 1976 et janvier 1977, Guillou a déjà pris les rênes des Aiglons en tant qu’entraîneur-joueur. Une première expérience relativement peu concluante combinée à une envie de fouler la pelouse qui le pousse à poursuivre sa carrière de joueur à l’issue de son contrat. Arrivé à Neuchâtel, il aura de nouveau l’occasion de porter la double casquette d’entraîneur-joueur, avant de raccrocher les crampons à Mulhouse et de basculer complètement vers le banc. Et de pouvoir enfin dédier complètement son temps à la réflexion autour de son sport favori :
“Avant d’entrer en fonction, je suis passé un mois ou deux à me demander qu’est-ce que je vais leur dire. Je me suis rappelé que les entraîneurs qui m’ont influencé c’étaient Albert Batteux et Lucien Leduc. Deux entraîneurs qui avaient un discours d’un football très offensif, qui était très logique.”
Des inspirations assumées dont on peut ajouter celles de Rinus Michels et Johann Cruyff, le Français ayant même nommer l’un de ses fils en référence à ce-dernier. Sans surprise, Guillou prônera donc un football spectaculaire, basé avant tout sur le plaisir que pourront prendre ses joueurs. “Un surcroît d’ambition apportera toujours un surcroît de résultats”, rabâche-t-il. On en retient une certaine modernité dans la conception du jeu en de multiples phases, les “deux degrés” de la phase offensive : “le premier qui amène la poussée, le second qui se produit quand on perd le ballon”. De Mulhouse au Servette en passant par Cannes, où il prendra un certain Arsène Wenger comme adjoint, JMG ne créer aucun véritable exploit. En plus du futur entraîneur d’Arsenal, on trouve Lucien Favre parmi ceux qu’il a inspiré, ce dernier parlant de “grande classe” quand il se souvient de son coach au Xamax. Mais le relatif manque de résultat pousse à lui coller l’étiquette, parfois assumée, d’idéaliste, de théoricien. De son propre aveu, cette fonction lui sied sans doute mieux que celle d’entraîneur :
“De mon point de vue, le drame de l’entraîneur, c’est qu’il doit davantage faire savoir qu’il est bon plutôt que développer son savoir-faire. Moi, j’avais un savoir-faire, mais je me suis dit qu’il serait plus utile dans la formation. Et je vais vous dire : mes moments les plus heureux dans le football, c’est quand je vois des gamins qui jouent bien et que je peux me dire que j’y suis pour quelque chose.”
Voilà donc le prochain chantier auquel s’attaquera Guillou. Pas encore lassé du ballon rond après 20 ans de carrière sur et en dehors du terrain, l’ancien numéro 10 s’apprête à se lancer dans un nouveau rôle, mais avec un plan et une méthode bien définie.
La méthode Guillou, la pensée au service du jeu
Mais ce n’est pas dans l’Hexagone que Jean-Marc Guillou mènera son projet. “En Europe il y avait trop de structures qui étaient présentes. Quand les choses sont faites, les plis sont pris et changer, c’est difficile”, explique-t-il. Alors il se souvient de l’ailier Ivoirien Youssouf Fofana, qui s’était révélé sous ses ordres à l’AS Cannes, avant de rejoindre Monaco. Un exemple qui, aux yeux de l’entraîneur, confirme que ce n’est pas à cause d’un manque de talent que les Eléphants n’avaient alors jamais passé la phase de poule de la Coupe du Monde, mais à cause d’un manque de structures. “En Afrique, il n’y avait rien. Quand je suis allé en Côte d’Ivoire, il n’y avait rien, donc tout était à faire”, raconte celui qui, en 1993, ouvre donc la Jean-Marc Guillou Academy, en collaboration avec le club de l’ASEC Mimosas. Un projet rendu possible grâce au financement de l’AS Monaco, convaincu du projet par son entraîneur, Arsène Wenger. Au cœur de l’académie, la première du genre en Afrique subsaharienne, une philosophie domine, servie par une méthode qui fera son succès.
Pour Guillou, la finalité est toujours la même : prendre du plaisir. L’ancien milieu de terrain conçoit toujours le football sous le volet humain, et attache une grande importance à ce que le mot “formation” rime avec “éducation”. “En plus de former des footballeurs, c’est aussi former des hommes susceptibles d’assumer des responsabilités”, explique Olivier Guillou, fils de et co-fondateur de l’académie. Les valeurs telles que le respect, l’humilité, la solidarité et l’honnêteté sont consubstantielles au travail de transmission que doivent fournir les éducateurs. Dans le jeu, ces valeurs s’illustrent en deux points : l’amour du football et le respect de l’éthique sportive. De là, Guillou peut établir une méthode de travail qui fera le succès de son académie.
D’abord, un recrutement ultra-sélectif. Seuls les joueurs dont on estime à 75% de chance qu’ils deviennent internationaux sont conservés. Une fois le grand ménage fait, Guillou privilégie une méthode individualisée -un entraîneur pour cinq ou six jeunes- et centrée sur la technique et l’intelligence de jeu. “On ne peut pas devenir pianiste si on ne fait pas tous les jours des gammes. On ne peut pas devenir footballeur si on n’a pas la technique”, telle est sa devise. Alors la quasi-totalité de ses exercices se font avec ballon, et les nouveaux doivent passer des tests qui deviendront un incontournable de l’académie : un parcours à réaliser en jongles (pied fort, pied faible, puis toute autre partie du corps) dans un temps imparti. Avec différents paliers à atteindre au cours de la formation. Une autre marque de fabrique de la méthode Guillou tient en un détail qui a suscité beaucoup de curiosité : les jeunes jouent pieds nus. Là encore, rien n’est laissé au hasard :
“Au départ, ce n’était pas dans la méthode. J’avais acheté des Stan Smith. C’est assez costaud, assez lourd. On jouait un match contre une équipe de quartier, qui était venus avec des chaussures en plastique qui ne pesaient rien. En première mi-temps on fait 0-0, ça se passe mal. Je leur dis : retirez les chaussures et les chaussettes. On rejoue, on gagne 6-0.
On fait un tournoi, et chaque joueur utilise des chaussures différentes ou pieds nus. Bizarrement, c’étaient les types qui n’avaient pas de chaussures qui gagnaient. Ils avaient toujours une petite seconde d’avance. Dans le foot, la vivacité gestuelle est hyper importante. Le poids de deux Stan Smith aux pieds d’un gamin de 30kg, ça représente une grosse partie de son poids.
J’ai constaté que pieds nus, on allait plus vite, on pouvait s’entrainer plus car on dépensait moins d’énergie. Il n’y a pas de blessure car il n’y a pas la semelle. Vous sentez mieux le ballon, la surface qu’il convient d’utiliser. On apprend à faire les gestes techniques, mais avec la rapidité. Les marques de chaussures cherchent à rendre les chaussures toujours plus légères : peut-on faire plus léger que pieds nus ?”
Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que la méthode marche. En 1998, l’ASEC Mimosas remporte la Ligue des Champions Africaine en partie grâce aux deux buts de Youssouf Kamara, 17 ans , en finale, avant que les académiciens ne prennent définitivement le relai. Et la sélection ivoirienne s’apprête à connaître une génération dorée : Didier Zokora, Gervinho, Salomon Kalou, Emmanuel Eboué, Yaya et Kolo Touré… Tous ont connu la JMG Academy, de grands clubs clubs européens et des dizaines de sélections. Paradoxalement, seule la star des Eléphants, Didier Drogba, arrivé à cinq ans en France, ne sort pas du moule Guillou.
Si le formateur est fier d’avoir grandement contribué à l’avènement de cette génération, il garde une certaine frustration, un sentiment qu’elle aurait pu mieux faire. “La Côte d’Ivoire n’a pas le monopole du talent. L’âge d’or, l’âge qui aurait dû être d’or où l’équipe nationale aurait dû gagner quatre ou cinq Coupe d’Afrique, au moins arriver en finale, ça n’a jamais été le cas. Il y a eu une seule victoire et encore, c’était aux penaltys. Les dirigeants ont très mal géré. C’était de la confiture donnée à des cochons”, regrette-t-il. À cette frustration s’ajoute celle de cesser la collaboration avec l’ASEC en 2002 faute d’un conflit avec les dirigeants, et celle de s’être fait rembarrer par les instances du football ivoirien alors qu’il s’est proposé pour diriger la sélection à la Coupe du Monde 2010. Qu’importe, son impact sur le football ivoirien est déjà colossal, comme le confirme Kolo Touré :
« C’est notre père. Notre père spirituel. Sans lui et son idée utopique de venir en Afrique, nous n’aurions jamais eu une chance. C’est lui qui a tout facilité. C’est la preuve qu’il y a du talent en Afrique, mais nous avons besoin de gens sérieux comme Jean-Marc Guillou »
Alors pas question de s’arrêter en si bon chemin. Sa méthode désormais reconnue, Jean-Marc Guillou en profite pour l’exporter. Son expertise deviendra une marque, et la JMG Academy ouvre ses portes en Algérie, en Egypte, à Madagascar, au Viet Nam, au Mali, au Ghana et en Belgique. Avec le Paradou AC par exemple, une dizaine d’année après l’ouverture de l’académie, le club termine 3e du championnat algérien, le meilleur classement de son histoire, grâce à un effectif de 22 ans de moyenne d’âge. Partout, des futurs internationaux seront formés, parmi lesquels Ramy Bensebaïni, Jason Denayer ou Yves Bissouma. En 2021, pas moins de vingt joueurs passés par une JMG Academy évoluait dans un club de Ligue 1, avec l’équipe première ou sa réserve.
Mais à 76 ans et après plus de 50 ans de carrière dans le foot, a-t-on encore quelque chose à apporter ? Il semble que oui. Car en 2019, Jean-Marc Guillou a regagné le cœur des instances du football ivoirien, qui ont fait appel à lui pour mener un projet de formation, baptisé C-Jeunes, à l’échelle nationale. Concrètement, il s’agit “de révolutionner le football en Côte d’Ivoire” en créant un championnat pour les jeunes dans tout le pays, mêlant filles et garçons dans les premières catégories. Un chamboulement majeur dans un pays où la compétition commence en u-16 pour les garçons et… n’existe pas pour les filles. Un projet à long terme, dont le démarrage a été freiné par le Covid et qui souffre du manque d’infrastructures dédiées au football dans le pays. Pas une raison de basculer vers le pessimisme pour Jean-Marc Guillou, qui promet de beaux jours aux Eléphants :
“Si en Côte d’Ivoire, le projet prend bien, le sélectionneur n’aura que l’embarras du choix pour composer un groupe compétitif. Et si ce n’est pas pour terminer champion du monde, que ce soit au moins pour faire comme la Croatie. Quand un pays de cinq millions d’habitants termine en finale d’un Mondial, c’est que c’est possible ailleurs. Avec ce projet, je peux vous assurer que dans les quinze années à venir, la Côte d’Ivoire pourra figurer dans la shortlist mondiale des meilleures nations de football.”
La carrière de Jean-Marc Guillou est un concentré d’un demi-siècle de passion. Le football, Guillou aime le jouer –ce qu’il fera brillamment- l’analyser, le regarder quand il est esthétique, le théoriser et surtout, l’enseigner. Pour le bonheur des fans du SCO et de toutes les générations qui se seront révélées sous ses ordres.
Sources :
- Antoine Chirat, « Jean-Marc Guillou : ‘Le football algérien est le meilleur d’Afrique’« , Onze Mondial
- « Jean-Marc Guillou, joueur français le plus sous-côté de l’histoire ?« , Le Quotidien du Sport
- Julien Duez et Christophe Gleizes, « Jean-Marc Guillou : ‘On va révolutionner le football en Côte d’Ivoire’« , So Foot
- Lionel Pitet, « La Côte d’Ivoire aurait pu gagner la Coupe du Monde« , Le Temps
- « La formation de jeunes footballeurs : la méthode Jean-Marc Guillou« , Conférence CIES
- Marc Mechenoua, « Lens, Lyon, Reims, Clermont… comment l’académie Jean-Marc Guillou exporte ses talents vers la Ligue 1« , Goal
- Maxi Angelo, « How the mand behind Wenger’s career gave the Touré brothers, amongst many, careers and revolutionized football through his JMG academies« , Football Elements
- Multiples articles et extraits d’ouvrages trouvés sur un blog dédié au SCO Angers
- « Paradou et Jean-Marc Guillou« , Lucarne Opposée
- « Une vision différente du football« , JMG Football
Crédits photos : Icon Sport