Zinédine Zidane, désormais coach du Real Madrid et l’un des seuls hommes à avoir remporté la Ligue des Champions en tant que joueur et entraîneur, a marqué le football français, européen et mondial de son empreinte, et ce à tout jamais. De Cannes à Madrid en passant par Bordeaux et Turin, l’international français a laissé une trace dans tous les clubs où il a pu passer, et dans tous les esprits des Français qu’il a mené vers la victoire finale en 1998. Cette série d’articles retrace le parcours de la légende, à commencer par l’éclosion de ton talent lors de ses années en Ligue 1.
Znédine Yazid Zidane est d’origine kabyle. Né en 1972 à Marseille de deux parents d’origine algérienne, il a la double-nationalité. Il grandit dans la ville phocéenne aux côtés de ses quatre frères et sœurs. A côté de chez lui, devant le Casino où travaille sa mère, se trouve une place optimale pour jouer au football. Dès son plus jeune âge, il y joue avec sa fratrie et ses amis, faisant rapidement comprendre à ses parents qu’il était naturellement doué. Il sèche les cours la plupart du temps, préférant faire du judo ou du football. A neuf ans, il s’engage à l’AS Foresta, club de son quartier, dans lequel il porte le numéro 10 et le brassard de capitaine. Un signe du destin ? Un an plus tard, il porte le même numéro dans le club du quartier d’à côté, l’US Saint-Henri. Bien trop fort par rapport à ses camarades, il rejoint ensuite un club de la banlieue nord, le SO Septèmes-les-Vallons. C’est comme une évidence pour lui et sa famille : plus tard, « Yaz » jouera au football. Fan de l’Olympique de Marseille, son idole de toujours est Enzo Francescoli (il baptisera d’ailleurs son fils Enzo). Dribbles, jeu de tête et frappes de loin : Yazid est un génie pour son âge. Manquant seulement de vitesse, il s’impose lui-même un grand nombre d’entraînements supplémentaires pour s’améliorer. C’est un succès : il est convoqué en 1986 au Centre régional d’éducation populaire et de sport d’Aix pour un stage de trois jours. Là-bas, Jean Varraud, recruteur de l’AS Cannes, le repère. Un an plus tard, celui-ci offre à Zinédine un stage d’une semaine à ses côtés. Bien évidemment, c’est un succès et Jean Varraud est fasciné par le jeune joueur, libéro à l’époque à cause de son manque de rapidité. Après des semaines de réflexion de ses parents, Zinédine s’engage du côté de l’AS Cannes à l’été 1987. Une décision qui va drastiquement changer sa vie.
L’AS Cannes, l’éclosion de Yazid
Pour aller à Cannes, les parents de « Yaz » l’oblige à aller en famille d’accueil au moins un an. Il vit donc dans le village de Pégomas (aujourd’hui, un square porte son nom), chez la famille Elineau, où il habite pendant la première année de sa carrière cannaise de 1987 à 1988. Ensuite, il intègre le foyer de la rue Mimont où sont envoyés de nombreux jeunes joueurs du centre de formation de l’AS Cannes. De 16 à 20 ans, Yazid vit aux côtés de nombreux jeunes, de toutes professions, dans un foyer accueillant plus de deux cents logements. Pendant ses premières années à Cannes, c’est Jean Varraud qui prend le jeune Zinédine sous son aile, et à 16 ans, grâce à des progrès fulgurants, Jean Fernandez l’intègre à l’effectif professionnel. Nous sommes en 1988. Un an plus tard, le 20 mai 1989, naît la légende : Zinédine Yazid Zidane entre en jeu contre le FC Nantes et manque de (très) près de marquer et de décrocher la victoire. Cela lui vaudra, à lui et ses coéquipiers, une prime de 5000 francs de la part du président du club. Il retourne ensuite de temps à autres en équipe première, mais se blesse régulièrement et rien ne lui sourit. il faudra donc attendre septembre 1990 pour que Zidane intègre définitivement l’équipe A. Il marque son premier but en pro la même saison, le 10 février 1991 contre le FC Nantes (encore). Là, il reçoit une Clio de la part de son président que lui avait promis une voiture pour fêter son premier but. Cette saison est une immense réussite pour l’AS Cannes qui, avec une quatrième place, se qualifie pour la Coupe UEFA. Malheureusement, la saison suivante n’est pas aussi fructueuse : le club perd dès le premier tour en Coupe UEFA et termine 19ème du championnat, synonyme de retour en deuxième division. Zidane, terminant son service militaire cette année, manque un certain nombre de matchs. Cependant, sa saison est si transcendante que le joueur est entré dans une nouvelle dimension.
A la fin de la saison 1991/1992, Zidane est courtisé par beaucoup de clubs. Son rêve ? Rejoindre l’OM, même si « ce n’est pas trop faisable pour l’instant » comme il a déclaré dans une interview post-match lors de son passage à Cannes. En effet, l’OM lui reproche de manquer de physique et de vitesse, faisant de lui un joueur trop fébrile pour ce club, aux ambitions de conquêtes européennes. Finalement, ce sont Alain Afflelou et Rolland Courbis – dirigeants des Girondins de Bordeaux – qui passent à l’acte pour le jeune homme, le recrutant pour trois millions de francs (l’équivalent de 460 000 euros environ).
Les années bordelaises et la révélation de « Zizou »
Yazid se lance donc dans le grand bain du côté des Girondins, en quête d’une carrière plus riche en trophées et en émotions. Tout change pour le Marseillais, qui doit s’acclimater à un nouveau mode de vie bien différent. Rolland Courbis, entraîneur de Bordeaux à l’époque, le prend sous son aile. D’origine marseillaise également, il facilite l’intégration de Zidane et son développement au sein du groupe bordelais. Ce nouveau challenge est crucial pour le joueur, qui parvient à ne brûler aucune étape en ne faisant pas de grand bon trop tôt. Courbis le surnomme rapidement « Zizou », surnom aujourd’hui légendaire. Aux côtés de Bixente Lizarazu et Christophe Dugarry, Zidane s’adapte à son nouveau club et marque dix buts dès sa première saison. Multipliant les passes décisives pour « Duga », le joueur change de dimension en moins d’une saison, devenant le chouchou absolu de tous les supporters bordelais. La quatrième place du club qualifie les Bordelais pour la Coupe UEFA (aujourd’hui Ligue Europa) l’année suivante, sans succès. Les Girondins sont rapidement éliminés, mais effectuent une nouvelle saison leur permettant de décrocher une nouvelle qualification en Coupe UEFA. Pendant cette deuxième saison (1993-1994), Zidane sort à la mi-temps à de nombreuses reprises, manquant de physique et d’endurance. Il est alors critiqué par ses supporters, le trouvant trop fébrile. Pierre Labat, formateur des Girondins, explique cela : « On avait été obligé de lui confectionner des semelles spéciales pour qu’il puisse être plus à l’aise… Il était critiqué alors qu’il souffrait, c’était injuste. » C’est notamment pour cela que Zidane jouait relayeur à l’époque, encore loin du numéro 10 que nous avons connu ensuite.
En Septembre 1993, Zidane est expulsé contre Marseille : après avoir pris un coup de coude de Marcel Desailly, il lui décoche son beau crochet, lui explosant l’arcade. Cela lui vaut de nouvelles critiques, et ce geste peut paraître étonnant lorsque l’on sait que Desailly est un joueur fasciné par Zidane, dont il a été le capitaine en Equipe de France à plusieurs reprises. A la fin de cette saison, Zidane reçoit son premier trophée officiel en Ligue 1 : le trophée UNFP du meilleur espoir 1994 du championnat, ce qui attise l’attention de l’Equipe de France, le convoquant pour la première fois la même année. Finalement, la troisième saison des Girondins de Zidane débouche sur une qualification en Coupe Intertoto après une honorable cinquième place. Pendant l’été, les Bordelais disputent donc cette coupe, la remportent et se qualifient pour une nouvelle Coupe UEFA, dans laquelle ils réussissent bien mieux que d’habitude. Malheureusement, son absence en finale aller gâche la fête, et son impuissance au retour n’arrange rien. Les Bordelais s’inclinent 5-1 et, après un parcours formidable, Zinédine Zidane doit faire face à son futur. Quatre saisons, 179 matchs, 39 buts, 36 passes décisives et un nombre incalculable de cassage de reins, voilà l’héritage laissé par « Zizou », 23 ans, à Bordeaux.
Après cette épopée européenne mémorable, tous les meilleurs joueurs du club attisent les plus grands clubs du monde. Elu meilleur joueur du championnat alors que son équipe a terminé à la seizième place du classement, Zidane fait parler de lui de l’autre côté de la frontière transalpine. La Juventus de Marcello Lippi, championne d’Europe en titre, décide de faire confiance au jeune prodige et le recrute pour 35 millions de francs. La suite est connue : Zidane deviendra le meilleur joueur du monde sous le maillot des bianconeri, bravant d’innombrables titres – collectifs et personnels – jusqu’à la fin de sa carrière.
En France, au sein de l’AS Cannes et des Girondins de Bordeaux, Zinédine Zidane a fait parler son talent et s’est rapidement distingué de tous les autres joueurs du championnat. De ses 16 petites années lors de son premier match pro à ses 24 ans lors de son départ de la Ligue 1, Zidane est devenu l’un des plus grands espoirs du football français. Jusqu’ici considéré comme un très bon joueur, sa dimension va totalement changer lors de ses années turinoises, sous les ordres de l’immense Marcello Lippi.
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Sources :
- FourFourTwo, 100 Greatest Footballers EVER: No. 8, Zinédine Zidane
- France 3 régions, Zidane : de l’AS Cannes à 16 ans au poste d’entraîneur du Real Madrid
- L’Equipe, Zidane, les années de la rue Mimont
- RMC Sports, Cannes, Juve, Real, Bleus : les grandes premières de Zidane
- These Football Times, France
- These Football Times, Battle of the 10s