Les années défilent et le monde du football évolue en conséquence. Mais s’il y a bien une chose qui ne change pas, c’est la passion des fans pour les cartes Panini. Depuis 1961 et la mise en vente du premier album, la popularité de la marque italienne ne cesse de croître. Devenue un symbole de réussite, la famille Panini n’a pourtant pas toujours eu la vie facile. Retour sur l’incroyable histoire de cette famille italienne.
La maison d’édition Panini est aujourd’hui la leader dans le domaine des cartes de collection. Elle est connue partout, les petites images transitant dans le monde entier. Pourtant, les Panini n’ont pas toujours eu la vie facile. Pour comprendre l’histoire de cette modeste famille italienne, il faut d’abord remonter au milieu des années 30, période à laquelle Antonio Panini et Olga Cuoghi s’installent à Modène avec leurs huit bambini.
Les Panini, une famille modeste et solidaire
C’est donc dans le Nord de l’Italie que la famille Panini fait face à la dureté de la vie de la péninsule. Travaillant d’arrache-pied pour le bonheur de leurs enfants, Antonio et Olga ne peuvent toutefois leur offrir mieux qu’un appartement trois pièces. Serrés et manquant parfois de nourriture, les Panini tentent de s’en sortir comme ils le peuvent. Heureusement ils peuvent compter sur la solidarité des enfants, valeur fondamentale partagée par la famille. Malgré des conditions de vie difficiles, les Panini parviennent à créer des liens uniques entre eux. Ce qui fera une de leurs forces plus tard…
Collectionner, une passion de toujours
Les quatre garçons de la famille, Giuseppe, Benito, Umberto et Franco s’entendent très bien. Déjà à l’époque, ils partagent une passion commune – celle de collectionner les vignettes qu’on pouvait trouver dans les boites à biscuit de l’époque. Chaque matin, les quatre enfants ont leur rituel. Avant de se rendre à l’école du village, ils prennent l’habitude de piocher dans leur « boite à trésor » pour y récupérer quelques vignettes et les échanger dans la cour de récréation.
Quand on sait ce que représente aujourd’hui la famille Panini, nul doute que ces moments de partage entre frères autour de vignettes à collectionner ont joué un grand rôle dans la vie et l’histoire du foyer italien. Dès leur plus jeune âge, le destin des quatre garçons de la famille était déjà lié aux vignettes de collection.
La famille Panini, enchaînement de difficultés
Alors que la famille Panini essaie tant bien que mal de s’en sortir, le sort s’abat sur eux et sur l’ensemble des Italiens. Effectivement, le climat politique se dégrade peu à peu dans le pays. Benito Mussolini, fondateur du fascisme et président du Conseil du royaume d’Italie décide de faire entrer l’Italie dans la Seconde Guerre mondiale en 1940. L’idéologue italien, persuadé de l’issue du conflit proche, intègre les forces de l’Axe, aux côtés notamment de l’Allemagne.
L’Italie est en guerre et la famille Panini en souffre. Le père de famille – Antonio – tente de faire vivre sa famille avec son maigre salaire d’employé à l’Académie militaire. Malheureusement, un second évènement, encore plus dramatique, frappe cette famille. Victime d’un cancer, Antonio décède en 1941, laissant derrière lui sa femme et ses huit enfants.
Seule, Olga se démène pour ses enfants, même si il arrive fréquemment que les Panini sautent des repas par manque de moyens. La mère de famille peut également compter sur l’aide de ses quatre filles qui ont désormais l’âge nécessaire pour travailler. Une nouvelle fois, c’est par la solidarité que la famille Panini va s’en sortir.
Trois ans plus tard, le sort d’abat encore une fois sur la famille. En 1944, alors que la guerre fait rage en Italie, Modène se retrouve au centre d’affrontements entre Américains et Allemands. La famille italienne est obligée de se cacher et se retrouve en danger.
Le Kiosque du Corso Duomo, là où tout a commencé
Malgré les affrontements grandissants en Italie, Olga décide d’acheter un petit kiosque au cœur de la ville de Modène – le Kiosque du Corso Duomo. La mère de la famille y place alors toutes ses économies… et ses derniers espoirs. Heureusement pour elle et sa famille, ce choix risqué va être payant.
Le 6 janvier 1945, au milieu des tanks, Umberto et Franco, respectivement âgés de quatorze et quinze ans ouvrent pour la première fois le commerce familial. On retrouve alors différents produits dans cette boutique – de la presse bien évidemment, des jouets pour enfants, des cartes postales et encore plus surprenant des vêtements.
Rapidement, le Kiosque du Corso Duomo se démarque de la concurrence par la diversité des produits qu’il propose et l’ambiance chaleureuse du lieu. Les habitants de Modène et des alentours prennent vite l’habitude de s’y rendre pour discuter et acheter leur quotidien. En quelques mois, le Kiosque du Corso Duomo devient un lieu de vie incontournable de la ville du Nord de l’Italie.
Avec cette affaire, la famille Panini peut enfin souffler et retrouve espoir. D’autant plus que 1945 marque la fin de la guerre en Italie. C’est la Libération et on constate un essor de la presse après cet évènement, propice au développement du kiosque des Panini.
La famille Panini se fait un nom en Italie
Si aujourd’hui la maison d’édition Panini est devenue la référence en matière de vignettes de footballeurs, elle n’en est pourtant pas le précurseur. Enfin, pas exactement…
Effectivement, au début des années 60, Giuseppe et Benito, tous deux marchands de journaux pour le commerce familial, se rendent compte de l’attrait des jeunes pour les photos de footballeurs qu’on pouvait trouver dans les tablettes de chocolat à cette époque. Les deux frères décident donc d’adopter la même stratégie. Désormais, dans chaque quotidien, y sera glissé une photo de footballeurs. Immédiatement, c’est un succès total. Les enfants raffolent de ces photos et viennent chaque jour récupérer une nouvelle image à collectionner. De son côté, la vente de quotidiens explose. C’est le début du succès pour la famille Panini.
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Conscients du succès des photos de footballeurs et de l’opportunité financière que celles-ci représentent, Giuseppe et Benito ont une idée. En 1961, les deux frères décident de lancer le Calciatori (« les footballeurs » en italien), un album en hommage au Calcio, le championnat italien. Pour la première fois, les photos de footballeurs sont vendues en tant que produit et permettent ainsi à chaque fan de compléter leur collection et leur album. À l’origine, les vignettes étaient faites de carton et devaient être collés grâce à un tube de colle fournit à l’achat d’un album.
Umberto va également aider ses deux frères. C’est notamment à lui que l’on doit la « fifimatic » qui est la machine permettant de créer et d’emballer les vignettes dans leur sachet. Les images sont ainsi distribués au hasard. La légende raconte que Bruno Bolchi, ancien joueur de l’Inter est la première vignette de l’histoire Panini.
Le dernier frère, Franco réalisera quant à lui les tâches administratives au sein du commerce familial.
La première usine Panini
Dès la première année, l’album Calciatori est une véritable réussite. Il est vendu à près de 150 000 exemplaires, essentiellement dans le Nord de l’Italie. En 1964, le succès est si fort que la famille Panini se lance dans la construction de sa première usine à Viale Emilio Po. De là-bas, les quatre frères pourront tout gérer de l’entreprise, que ce soit aussi bien la production que la distribution.
Les premières vignettes adhésives
Malgré le succès national de leur produit, les quatre frères continuent de chercher à innover et améliorer leur produit. C’est dans ce contexte, qu’en 1967, ils décident de proposer des vignettes auto-adhésives, tels qu’on les connaît actuellement. A l’origine, les vignettes auto-adhésives étaient uniquement réservés aux logos des clubs. Et ce n’est qu’en 1972, que le premier album avec 100 % de vignettes auto-adhésives est conçu. Une véritable révolution orchestrée par la famille Panini.
Panini, une entreprise mondiale
Face à la hausse de la demande et à l’agrandissement de la maison Panini, l’entreprise italienne décide de se lancer sur le marché international. A l’occasion de la Coupe du Monde 1970, se déroulant au Mexique, Panini réalise son premier album international et multilingue. Cet album est une franche réussite. C’est le début de la saga Panini en Europe.
L’arrivée en France
Le premier album Panini mis en vente en France est donc celui de la Coupe du Monde 1970. Mais c’est véritablement que cinq ans plus tard que l’entreprise italienne envahit le monde des vignettes de footballeurs en France mettant à terre les albums « Étoiles du Football » pourtant leader sur le marché français au début des années 70.
Les sujets en fin d’album
Durant les années 70, la famille Panini développe un nouvel aspect de son album. Issus du monde journalistique, les frères Panini décident ensemble de rajouter quelques sujets « off » à la fin de chacun de ses albums. L’idée est ainsi de faire vivre les coulisses du football aux jeunes et de les informer sur l’actualité et les règles de ce sport en vogue. Cela s’inscrit dans une logique de médiatisation du football. Ces petits sujets seront finalement abandonnés dans les années 80 avec la nouvelle politique de la maison Panini.
Décès et succession
Symbole de la maison Panini, Olga, la mère de famille, décède en 1987. C’est un véritable choc pour la famille Panini qui est contrainte de vendre sa société familiale. Effectivement, il aurait été compliqué d’attribuer un propriétaire de l’entreprise familiale parmi les vingt-cinq petits enfants. C’est alors le groupe Maxwell qui profite de l’unité familiale pour rafler la mise en 1988 et s’octroyer la célèbre marque italienne.
Panini, leader incontestable
Depuis 1988, un grand nombre de propriétaires se sont succédés et ont contribué à l’évolution de la maison Panini. Même si la famille Panini n’est plus à la tête de son entreprise, la marque italienne garde toujours cette image familiale dans le pays de « la botte ».
Le succès actuel de Panini est incontestable, c’est clairement le leader du marché des albums de collection. Chaque année des milliards de vignettes transitent dans le monde entier. Et bien que le football soit encore l’identité et la principale source de revenu de l’entreprise italienne, Panini s’est développé à d’autres sujets. Il est désormais possible de retrouver des albums sur divers sujets tels que Marvel, Harry Potter ou sur le Top 14. En 2019, Panini a même proposé un album à l’occasion du Tour de France, une première dans le monde du cyclisme et de la collection.
Le développement numérique de Panini
Malgré la succession des différents patrons, Panini a toujours su évoluer dans le temps et s’adapter aux demandes du marché. La preuve, face à l’essor du numérique, en 2008, à l’occasion de la Coupe du Monde de football, Panini a proposé son premier album en ligne. Les consommateurs pouvaient ainsi collecter leurs vignettes et les collectionner dans leur album virtuel. Concernant les échanges, les collectionneurs pouvaient trader par mail ou téléphone.
Plus récemment, spécialement pour l’Euro 2020, Panini a développé une application permettant aux utilisateurs de collecter les cartes de chacune des équipes. Chaque jour, les utilisateurs devaient se connecter et réaliser des défis afin de récupérer des paquets de cartes gratuitement. Un marché d’échange était également disponible via l’application.
La maison Panini est l’histoire d’une famille modeste du Nord de l’Italie qui s’est toujours battue pour survivre. Ensemble, les Panini ont toujours fait face aux obstacles de la vie pour finalement créer l’entreprise leader du marché des vignettes de collection. Du Kiosque du Corso Duomo à une présence mondiale, en quelques années, Panini a connu une expansion invraisemblable. De nos jours, tous les jeunes fans de football connaissent la célèbre marque italienne. Et désormais, vous pourrez leur raconter son histoire !
Sources
- « Giuseppe Panini », Book Wiki
- « Panini (maison d’édition) », Wikipedia
- « La dynastie Panini, les vignettes qui rendent accro », Gala
- « Panini, une histoire de vignettes », Apollo Magazine
- Pauline Allione, « Instant nostalgie : retour sur la belle histoire des albums Panini », Konbini Arts, Avril 2021
- Alex Bourouf, « 50 ans d’histoire Panini en images », Old School Panini
- Olivier Haralambon, « L’histoire derrière la success story Panini« , L’EQUIPE, Aout 2020
Crédits photos : Icon Sport