La tendance est récente mais elle est significative : de plus en plus de sélections africaines sont dirigées par des entraîneurs africains. Par conséquent, c’est une lapalissade, les coachs européens sont de moins en moins nombreux en Afrique. L’âge d’or des sorciers blancs est-il définitivement révolu ? L’avenir nous le dira. Le plus illustre d’entre eux, Claude Le Roy, ne participe pas à la CAN qui se joue actuellement au Cameroun. Mais, grâce à ses neuf participations au tournoi continental, il est un témoin de choix pour se plonger dans l’histoire de cette compétition.
Breton d’origine et normand d’adoption, Claude Le Roy débute sa carrière au FC Rouen. Dribbleur et technique, attaquant ou meneur de jeu, il est un espoir du football hexagonal. Pour sa première saison, en 1969, les Diables Rouges terminent troisième de D1. L’année suivante, il participe à l’épopée rouennaise en Coupe d’Europe, qui s’achève sur une courte et honorable défaite contre Arsenal, bien typique du foot français de l’époque. Malheureusement pour lui, ces premiers matchs internationaux sont déjà les derniers. La suite de sa carrière, entre mauvais choix et manque d’ambition, le range dans la catégorie des bons joueurs de club. Après Rouen, il joue successivement à Ajaccio, Avignon et Laval, jusqu’en 1980.
Malgré ce parcours underground et son palmarès vierge, Le Roy retient l’attention pour deux raisons. La première est visuelle, grâce à sa tignasse blonde qui saute aux yeux. La seconde est politique puisqu’il jouit d’une réputation de rebelle gauchiste. Fils de militants communistes, enfant de mai 68 et plutôt têtu, il se fâche avec plusieurs présidents de club, dont le Marseillais Marcel Leclerc, ce qui fera capoter son transfert à l’OM. Encarté à l’UNFP, le syndicat des joueurs, il fait partie des leaders de la grève de 1972.
En 1980, il troque sa tenue de footballeur pour le costume d’entraîneur à Amiens puis Grenoble. Mais, en conflit avec son président, il est licencié en 1985. Quelques semaines après, sa carrière prend un virage qui va changer sa vie. En effet, ses influents amis de l’UNFP (Boulogne, Hidalgo, Batteux) le pistonnent pour devenir sélectionneur du Cameroun. C’est Eugène N’Jo Léa, ex-joueur devenu diplomate, qui sert d’intermédiaire auprès du chef de l’Etat Paul Biya. Ce dernier donne son accord et Le Roy se retrouve parachuté à la tête des Lions Indomptables.
1986 : l’Egypte gagne « sa » CAN
Le Roy aborde la CAN avec beaucoup d’ambition. Il dirige un effectif qui compte des joueurs réputés, auxquels il adjoint des jeunes pousses qu’il a dénichés. En effet, dès sa nomination, il a réalisé une fructueuse campagne de détection, méthode qu’il appliquera dans toutes les sélections qu’il dirigera ensuite.
Favoris, les Lions Indomptables dominent la phase de poules. L’attaque, menée par Roger Milla, fait parler la poudre et la défense est solide, autour de l’extraordinaire gardien Thomas N’kono. En demi-finale, ils battent les Eléphants ivoiriens, non sans souffrir. En finale, c’est l’Egypte, pays organisateur, qui constitue le dernier obstacle avant le titre.
Ce match est un révélateur pour Le Roy, qui prend conscience, à son détriment, du poids politique du football en Afrique. A domicile, sous la pression populaire, les Pharaons ne peuvent pas, ne doivent pas perdre « leur CAN ». Ainsi, la préparation des Camerounais est sabotée : bloqués à l’hôtel qui les préserve de l’hostilité environnante, ils sont contraints de s’entraîner tant bien que mal dans les jardins qui jouxtent le bâtiment. La veille du match, une autre « bizarrerie » survient : en effet, Taher Abouzaid, le meilleur joueur égyptien, théoriquement suspendu, obtient mystérieusement l’accord des instances pour jouer la finale.
La rencontre se dispute sous haute tension et sous le regard de l’autoritaire président Moubarak, dont le fils est nommé délégué aux arbitres. Ce qui explique peut-être la partialité des hommes en noir, que Le Roy déplore… en vain. Les deux équipes se neutralisent et le score reste vierge. Les tirs au but font finalement pencher la balance en faveur des Pharaons, plongeant tout le pays dans la liesse. Ce qui arrange bien Moubarak, qui vient de gagner plusieurs mois de paix sociale grâce à ses footballeurs. Pour Le Roy, cette première CAN s’achève dans la déception et l’amertume.
CAN 1988 : Milla triomphe à Casablanca
Le tournoi a lieu au Maroc. Une nouvelle fois favori pour cette deuxième CAN avec les Lions Indomptables, Le Roy présente une équipe dont la force est défensive. Sa ligne arrière est constituée d’un très athlétique et dissuasif quatuor : Massing, Tataw, Kundé et Kana-Biyik sont quatre monstres de puissance et d’agressivité. Derrière eux, c’est Joseph-Antoine Bell, excellent gardien de l’OM, qui prend le relai de Thomas N’kono, non sélectionné.
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La phase de groupes confirme que ce Cameroun est solide, à défaut d’être brillant. Avec une victoire étriquée et deux matchs nuls, il passe le premier tour. En demi-finale, face au pays hôte, les Lions sortent un gros match. La défense reste hermétique malgré les virtuoses marocains que sont Bouderbala, Dolmy, El Haddaoui. Et c’est un but de Makanaky qui qualifie les hommes de Le Roy.
En finale, opposé aux Super Eagles de Keshi et Yekini, le Cameroun ne change pas sa recette qui gagne. Il garde ses cages inviolées et le petit but sur penalty inscrit par le défenseur Kundé suffit pour ramener la coupe à la maison. Pour Le Roy, c’est le bonheur, la joie. Et la fierté d’avoir cultivé le hemlè, ce trait de caractère camerounais, mélange de foi, de patriotisme, de détermination qui permet de soulever des montagnes.
Après le match, Le Roy décide d’honorer Roger Milla, dont la fin de carrière est proche. Bien qu’il ne soit pas capitaine, c’est lui qui reçoit la Coupe de l’Unité remise par le prince chérifien. Le coach français rend ainsi un hommage appuyé à son joueur, idole du Cameroun, fierté africaine, mais insuffisamment reconnu en Europe. Le Roy dira de lui, quelques années après : « Ce type était d’une pureté technique ahurissante. C’est le plus doué de tous ceux que j’ai entraînés. Roger était un extraterrestre. »
CAN 1990 : Madjer porte les Fennecs
Malgré le succès, Le Roy a quitté le Cameroun car on l’a spolié de sa prime de victoire, arbitrairement « confisquée ». Séduit par le Sénégal, c’est à la tête des Lions de la Teranga qu’il dispute sa troisième CAN, organisée en Algérie.
Le Sénégal, avec son gros réservoir de joueurs, est un terrain propice pour Le Roy, toujours enclin à débusquer une ou deux perles rares. C’est ainsi qu’il complète son bel effectif, dont les figures de proue sont des joueurs aguerris : le grand Jules Bocandé, le roc Roger Mendy, le latéral « bip-bip » Pape Fall ou encore le métronome Lamine N’Diaye.
Au premier tour du tournoi, le Sénégal s’extirpe de son groupe en disposant du Cameroun. Cette victoire procure à Le Roy des sentiments contradictoires. La joie bien sûr, le plaisir coupable de la revanche sur les instances camerounaises, mais aussi la tristesse d’envoyer ses ex-joueurs subir la vindicte populaire à Yaoundé.
En demi-finale, les Lions de la Teranga ne réussissent pas l’exploit de battre l’Algérie sur son terrain. Les Fennecs, surmotivés et aidés de surcroît par un arbitrage « maison », gagnent 2-1 et foncent remporter leur première Coupe d’Afrique.
L’Algérois Rabah Madjer est élu meilleur joueur du tournoi. Un honneur de plus pour l’étoile du FC Porto, déjà mondialement connu pour sa talonnade-signature. A l’inverse, Jules Bocandé a raté sa CAN. Tout un symbole pour ce joueur qui n’a pas une grande renommée internationale. Doté d’un physique hors normes, Bocandé a pourtant fait ses preuves en France à la faveur d’un titre de meilleur buteur de D1 et de l’exploit du Camp Nou réalisé avec Metz. Mais, faute d’exposition en Coupe du Monde et dans un grand club, il reste dans l’ombre des joueurs-phares du continent, que sont Madjer, Milla, N’kono, Bell, Bwalya, Abedi Pelé, Weah…
CAN 1992 : un premier échec avec le Sénégal
Pour sa quatrième CAN, qu’il joue à domicile, Le Roy est mis sous forte pression par le peuple sénégalais qui n’attend rien de moins qu’une victoire. Mais, comme souvent, l’enjeu tue le jeu et les Lions, trop timorés, trébuchent d’entrée face au Nigeria. Cette défaite fait l’effet d’une douche froide et sape l’autorité du sélectionneur.
L’occasion est belle pour les marabouts de s’engouffrer dans la brèche et de se poser en sauveurs de la patrie. Ainsi, certains recouvrent Jules Bocandé de saafara, un liquide blanchâtre issu de plantes macérées, censé augmenter sa force. D’autres sacrifient un bœuf dans le stade Senghor de Dakar : tué puis découpé en lamelles, l’animal est dissimulé sous la pelouse, pour que son énergie vitale profite aux Lions.
Avant cet épisode, Le Roy était parvenu à préserver ses équipes, tant au Cameroun qu’au Sénégal, de ces pratiques occultes. Il estime qu’elles parasitent son travail et déplorent qu’elles coutent de l’argent, la magie n’étant pas gratuite, même pour l’équipe nationale. Volontairement provocateur, il déclare : « Je suis breton, je viens du pays des druides et de Merlin l’Enchanteur, je n’ai pas besoin de la sorcellerie ! ». Après cette boutade, il hérite d’un surnom qui restera : le sorcier blanc.
Pour leur deuxième match, les Lions battent haut la main les Harambee Stars du Kenya. Et Jules Bocandé y va de son but, ce qui apporte de l’eau au moulin des féticheurs. Mais, en quart de finale, tout s’écroule : éliminé sèchement par le Cameroun, le Sénégal voit son rêve s’envoler. C’est un échec pour Le Roy, qui doit quitter son poste.
CAN 2006 : Les Simbas font bonne figure
Pendant douze ans, Le Roy a multiplié les expériences hors d’Afrique : sélectionneur (Malaisie), entraîneur de clubs (aux émirats, en Chine, à Cambridge, à Strasbourg), directeur sportif (PSG), détecteur de talents (AC Milan), conférencier, consultant, candidat aux municipales d’Avignon…
En 2004, il accepte l’offre de la République Démocratique du Congo. Il croît en ce pays de plus de cent millions d’habitants au grand potentiel économique grâce à son lucratif sous-sol géologique, riche en or, diamant, uranium… Le nouveau chef de l’Etat, Joseph Kabila, est porteur d’espoir après la dictature du général Mobutu. Sur le plan footballistique, Le Roy peut s’appuyer sur les joueurs locaux du Tout Puissant Mazembe, un des plus grands clubs africains. Et aussi sur les expatriés, comme Tresor Lua-Lua qui joue en Premier League et Shabani Nonda, formidable buteur de Monaco puis de l’AS Roma.
La CAN 2006 a lieu en Egypte. La RDC est loin d’être favorite car le plateau est très relevé. La liste des stars de cette édition est impressionnante : Eto’o, Drogba, Yaya Touré, Kalou, Adebayor, Diouf, Niang, Camara, Kanu, Okocha, Kuffour, Naybet… Les Simbas congolais, sans Nonda absent sur blessure, font figure de petit poucet. Mais Le Roy n’a pas perdu son savoir-faire et la RDC arrache une place en quart de finale. Elle perd ensuite logiquement contre l’Egypte, qui bénéficie, comme vingt ans auparavant, d’un arbitrage favorable…
La CAN terminée, Le Roy quitte le Congo, lassé de l’incompétence du Ministre des sports, Omer Egwake, un ex-soutien de Mobutu. Sa gestion douteuse des primes de match et la désorganisation perpétuelle exaspèrent le sélectionneur français. Mais, Joseph Kabila ne peut pas sanctionner son ministre, avec lequel il doit composer. La RDC est un pays neuf, difficile à gouverner pour des raisons ethniques et géopolitiques. Dans ces conditions, Le Roy jette l’éponge.
CAN 2008 : le premier épisode de la malédiction des Black Stars
Après son passage à la tête des Simbas, Le Roy est sollicité. Il est d’abord proche de signer avec les Bafana-Bafana d’Afrique du Sud, mais c’est avec les Black Stars du Ghana qu’il s’engage. L’objectif de ce grand pays du foot africain est de remporter la CAN 2008 à domicile. L’impatience est de mise car le dernier succès continental date de 1982.
Comme d’habitude, Le Roy recherche de nouveaux talents, aidé par son nouvel adjoint, un certain Hervé Renard. Kwado Asamaoh, futur juventino, est sa plus belle trouvaille ghanéenne. Il complète un effectif riche de joueurs confirmés, titulaires dans les grands championnats européens : Essien (Chelsea), Gyan et Muntari (Udinese), Appiah (Fenerbahçe), Mensah (Rennes)…
Avec trois victoires au premier tour, les Black Stars impressionnent. En quart de finale, malgré l’expulsion de Mensah, ils franchissent l’obstacle nigérian. Essien et Muntari sont les deux hommes en forme, mais le danger peut venir de partout tant l’équipe est complète.
Nettement dominateurs en demi-finale, les Ghanéens se heurtent au mur camerounais. Les Lions Indomptables, encore sublimés par le hemlè, s’arc-boutent sur leurs cages. Puis, contre le cours du jeu, ils marquent et éliminent les Black Stars. Une défaite cruelle pour cette belle génération. Elle ne le sait pas encore mais celle-ci débute un long chemin de croix. En effet, lors des cinq CAN suivantes, le Ghana sera systématiquement dans le dernier carré, mais n’ira jamais au bout. En Coupe du monde, il n’y aura pas plus de réussite, avec la tragique élimination de 2010, conséquence de la main maléfique de l’uruguayen Suarez.
Pour Le Roy, ce deuxième échec, similaire à celui vécu avec le Sénégal en 1992, met fin à son aventure ghanéenne.
CAN 2013 : le gâchis de la RDC
Après avoir travaillé pendant trois ans à Oman et pendant quelques semaines en Syrie, Le Roy est rappelé par le président Kabila. Séduit, il reprend du service à la tête de ceux qu’on appelle désormais les Léopards et non plus les Simbas. Il croit toujours au potentiel de la RDC et espère obtenir de meilleures conditions de travail qu’en 2006. Malheureusement, il se trompe.
Deux années durant, il fait face, tant bien que mal, à une situation qui s’est aggravée depuis son premier mandat à Kinshasa. La gestion des primes, les conflits entre joueurs locaux et expatriés, l’intrusion des dirigeants dans le domaine sportif et les erreurs logistiques polluent son travail. Logiquement, il échoue lors de la CAN 2013 qui se déroule en Afrique du Sud. Sans perdre certes, mais avec trois matchs nuls consécutifs, les Léopards rentrent au pays sans passer le premier tour.
C’en est trop pour le sélectionneur français qui déclare : « Ce magnifique pays est dans le domaine du football un immense gâchis de talents, à l’image de ce qu’il est politiquement et économiquement. La RDC sera la plus grande frustration de ma carrière. Jamais je n’avais travaillé dans d’aussi mauvaises conditions. » Il jette un pavé dans la mare de Kabila, coupable de corruption, de violences, d’affairisme. Le chef d’Etat se maintient au pouvoir coûte que coûte, au mépris de la démocratie pourtant promise. Les opposants au régime sont persécutés, à l’image de Moïse Katumbi, l’influent président du TP Mazembe.
Dégoûté, Le Roy quitte Kinshasa. Quelques mois après, il saisit l’opportunité qu’on lui offre sur l’autre rive du fleuve Congo et il devient le sélectionneur du Congo-Brazzaville.
CAN 2015 : une belle aventure avec le Congo-Brazzaville
Avec les Diables Rouges, Le Roy vit une expérience rassérénante, dans un climat apaisé, avec des joueurs disciplinés et solidaires. L’entraîneur breton s’appuie sur Prince Oniangué, milieu box to box du Stade de Reims, qui fédère ses coéquipiers autour de ses prières. Dans cette ambiance propice au travail, il installe son 4-4-2 préférentiel. Et malgré un effectif limité en qualité individuelle, le Congo se qualifie pour la CAN qui a lieu en Guinée-Equatoriale.
Au premier tour, il déjoue les pronostics en terminant premier de son groupe. L’attaquant Thievy Bifouma éclabousse les matchs de son talent. Instable et caractériel, il n’a jamais réussi à performer durablement en Europe, mais Le Roy, fin psychologue, réussit à exploiter ce joueur explosif et doué. En quart de finale, les Diables rouges affrontent la RDC, dans un duel fratricide entre les deux Congo. En menant 2-0, ils pensent avoir fait le plus dur. Mais, les Léopards marquent quatre fois et réussissent une belle remontada, synonyme de retour à Brazzaville pour Le Roy.
Ce sont les Eléphants ivoiriens qui gagnent le tournoi, après une interminable séance de vingt-deux tirs au but en finale. La CAN est une compétition acharnée, probablement plus indécise et disputée que l’Euro ou la Copa America. Depuis 2000, toutes les finales ont été serrées, avec seulement dix buts inscrits en onze matchs. Cinq se sont terminées aux tirs aux buts.
Pourquoi est-ce si difficile de remporter une CAN ? La mauvaise qualité des terrains et les conditions climatiques qui nivellent les valeurs sont une première explication. Et l’amour passionnel de tout le continent pour le foot et son poids politique génèrent une pression extrême. Dans ces conditions, il est compliqué pour les coachs et les joueurs de prendre des risques et de s’exprimer.
CAN 2017 : pas de miracle pour les Eperviers
Fin 2015, Le Roy ne renouvelle pas son contrat avec le Congo-Brazzaville, à cause de relations devenues difficiles avec le Ministre de sports. Grâce à la renommée acquise sur le continent depuis 1985, il rebondit vite : en avril 2016, il est le nouveau sélectionneur du Togo. Les Eperviers sont sa neuvième sélection, la septième en Afrique.
Il s’est laissé convaincre par le président Faure Gnassingbé, chef de l’Etat. Ce dernier lui laisse les coudées franches pour mener une ample détection de jeunes talents masculins et aussi féminins. Le Roy réalise un scrupuleux maillage de tout le territoire. C’est l’opération Graines de Togo. Jamais auparavant il n’avait pu monter une telle organisation dans aucun des pays qu’il a connus.
L’équipe nationale, elle, est vieillissante mais elle est qualifiée pour la CAN 2017 dont le pays hôte est le Gabon. Sans surprise, le Togo est éliminé dès le premier tour, éliminé par la RDC et par le Maroc d’Hervé Renard, l’ex-adjoint devenu ami.
Après l’élimination, Emmanuel Adebayor fait ses adieux à la sélection. Le Roy lui rend un vibrant hommage tant il a porté les Eperviers depuis ses débuts en 2000. L’ex-buteur du Real Madrid et d’Arsenal a été présent dans les bons moments comme la qualification puis la participation à la Coupe du Monde de 2006. Et aussi dans les mauvais, comme l’attentat que subit le bus togolais en Angola avant la CAN 2010, qui fit trois morts et deux blessés graves. Cet engagement permanent malgré les salaires mirifiques engrangés en Europe, Le Roy y est sensible. La flamme humaniste et sociale qui l’habitait dans les années 70 ne s’est jamais éteinte.
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En suivant la trace de Claude Le Roy, on réalise un voyage de plus de trente ans dans le football africain. On y côtoie des sélections aux surnoms attachants, des joueurs de grand talent, des chefs d’Etat intéressés, des arbitres parfois vulnérables, des situations rocambolesques. De victoires en défaites, la Coupe d’Afrique des Nations est une fête du football dont les peuples africains peuvent être fiers.
Sources :
- Le sorcier blond, Claude Le Roy, éditions Arthaud
- Lutte mystique. Sport, magie et sorcellerie au Sénégal, Julien Bonhomme & Laurent Gabail, Cahier d’études africaines
Crédits photos : Icon Sport