Pour nombre de passionnés de football, le maillot a une importance majeure. Après le ballon, dont le contact si familier ramène bien souvent à l’enfance, le maillot est un des premiers accessoires glanés par le jeune passionné. Combien sommes-nous en effet à conserver ces maillots devenus trop petits, mais que l’on se ferait une joie de transmettre, et dont l’on ne se débarrasserait pour rien au monde ? Les ballons sont bien souvent interchangeables et de nombreux ont été perdus ; le maillot, en revanche, est unique et sa charge symbolique et émotionnelle est forte. Pour le supporter, le maillot de l’équipe tant aimée est un motif de fierté considérable et les supporters d’une équipe ont bien souvent une idée précise de ce à quoi doit ressembler le maillot de leur équipe. Il représente leur club, son histoire, leur ville ou leur région, il les représente, il a une histoire-propre.
Dans l’histoire du maillot de football, les couleurs sont capitales. En effet, avant même que les joueurs de football arborent le blason de leur équipe, ils portaient un maillot aux couleurs de celle-ci, ces couleurs se sont incrustées dans le logo et elles font, depuis, l’identité du club. Bien sûr, les péripéties de l’histoire font que certaines équipes furent amener à changer de couleurs. Ainsi, l’ancêtre de Manchester United, Newton Heath LYC (Lancashire and Yorkshire Company), arborait les couleurs vert et or de l’entreprise à l’origine de sa création ; des ouvriers de la LYC ayant fondé le club en 1878. On retrouva d’ailleurs, lors de la saison 1993-94 les couleurs originales sur le troisième maillot du club, en clin d’œil à l’histoire.
Les années passant et le football gagnant en importance et en visibilité, la composition des maillots de football a évolué. Sur les maillots épurés des premiers temps – aujourd’hui regrettés par les plus nostalgiques des amateurs de ballon rond – se sont ajoutés divers éléments. Afin d’affirmer encore plus son identité, chaque équipe s’est munie d’un logo, brodé sur le maillot. Puis, dans la seconde moitié du XXe siècle, les fabricants des maillots voulurent que leur propre marque apparaisse sur leurs produits, ce fut alors l’affirmation des équipementiers, dont les plus puissants déboursent désormais des centaines de millions d’euros afin d’équiper les équipes les plus prestigieuses. Presque simultanément, parfois avant, on vit apparaître sur les maillots des clubs de foot les premières publicités. En France on pense en premier au célébrissime maillot de l’AS Saint-Etienne qui fut flanqué, de 1973 à 1979, de la publicité Manufrance, du nom de la fabrique stéphanoise de fusils de chasse et de vélos et qui, de plus, était flanqué, aux manches et au col, des liserés de champion de France.
Babath et Hugo Bargas..et 2 maillots légendaires 😊..seventies.. pic.twitter.com/iCKAa7kSW4
— DidierRoustan (@DidierRoustan) May 6, 2019
Aujourd’hui, pour un grand nombre d’amateurs de beaux maillots, la publicité envahit ces objets légendaires et leur enlève leur charme. Les clubs les moins fortunés accumulent les publicités sur leur maillot afin d’avoir le maximum de rentrées d’argent possible. Dans certains championnats, comme en Premier League, le nombre de publicités est limité. Jusqu’à récemment, seule une publicité pouvait être arborée sur le devant du maillot. S’y est ajoutée une publicité sur la manche. Ces restrictions permettent de conserver une certaine authenticité du maillot. Cependant cela est plus simple à mettre en place dans un championnat riche comme l’est le championnat anglais.
On l’a dit, le maillot est, pour le supporter, un motif de fierté. Cette fierté peut être alimentée par certains signes distinctifs apposés sur le maillot, faisant référence au palmarès de l’équipe concernée. En effet, au cours des années, de manière empirique, une symbolique s’est mise en place dans le monde du football et même au-delà, afin de faire apparaître le palmarès d’une équipe, et donc son importance, sur son maillot. Le symbole par excellence est l’étoile. Ça serait la Juventus qui, en 1958, pour son dixième titre de champion d’Italie, aurait la première fait apparaître une étoile sur son maillot, avant même que n’y figure un logo.
Sans qu’il n’y ait de cohérence globale, de nombreuses équipes ont adapté ce processus et arborent des étoiles honorant leur histoire.
Au niveau international, seule la FIFA a légiféré puisque seules les équipes ayant remporté la Coupe du Monde peuvent arborer une étoile, ou plusieurs selon le nombre de leur victoire, du moins en compétition FIFA. En effet les équipes ayant remporté la Coupe d’Afrique des Nations arborent les étoiles correspondant à leur nombre de victoires lorsqu’elles jouent des matchs dans le cadre de la CAN, pas lors de compétitions FIFA.
Passées les sélections, il n’existe aucune règle globale pour ce qui concerne les clubs, seules des règles nationales existent dans certains pays. A ce niveau-là, l’Italie fait figure d’exemple puisque les règles y sont claires et existent depuis de longues années. Le vainqueur du championnat italien arbore la saison suivante un badge tricolore au couleur du pays dans toutes les compétitions auxquelles il participe. Le vainqueur de la Coupe d’Italie arbore pour sa part une cocarde tricolore. Un club ayant remporté 10 titres de champion a le droit de porter une étoile (la Juve en a trois étoiles pour ses 36 titres de champion, les deux clubs de Milan en ont une pour leurs 18 titres, seule la Juve a remporté plus de 10 Coupes, elle ne porte pas de quatrième étoile).
Cette règle des 10 titres a essaimé dans le monde du football et est suivie par certains clubs mais uniquement à titre individuel, sans que cela n’entre dans le cadre d’une législation nationale. Ainsi l’ASSE porte 1 étoile pour ses dix titres de champion de France, les Rangers portent 5 étoiles pour leurs 54 titres de champions, l’Ajax en arbore 3 pour ses 33 titres, le Partizan 2 pour ses 27 titres. Il existe en Allemagne une règle différente : une étoile à partir de trois titres (Werder, Hambourg, Stuttgart), deux étoiles à partir de cinq titres (les deux Borussia), trois étoiles passés les dix titres (pas d’exemple actuellement) et quatre étoiles pour 20 titres (Bayern).
A côté de ces étoiles honorant des titres de champion national, d’autres équipes portent des étoiles pour d’autres raisons. En France l’exemple bien connu de l’étoile de l’Olympique de Marseille, symbolisant sa victoire en Ligue des Champions en 1993, fait bien souvent croire que le port de l’étoile symbolise toujours une victoire en C1 alors qu’on l’a vu, ce n’est pas le cas. Cependant le club français n’est pas le seul à avoir souhaiter honorer son sacre européen. Ainsi on citera l’exemple de Nottingham Forrest et de ses deux étoiles pour ses deux victoires en C1 ou encore celui du Celtic qui arbore une étoile pour son titre de 1967.
LIRE AUSSI : Les Lions de Lisbonne : quand le Celtic Glasgow conquit l’Europe
On peut le constater, des clubs rivaux peuvent utiliser différentes conventions pour choisir de symboliser ce dont ils sont le plus fier, et bien souvent, ce que ne possède pas l’adversaire. Les cinq étoiles des Rangers visent à rappeler aux fans du Celtic que leur club a remporté moins de championnats (ils viennent de remporter le cinquantième) ; d’un autre côté, choisir d’honorer le titre européen plutôt que de porter quatre étoiles « nationales » vise à rappeler, côté Celtic, que les Rangers n’ont pas remporté la C1.
Ainsi, on peut constater que si le maillot de football est un marqueur d’identité, les couleurs arborées étant d’une grande importance pour les supporters, il est aussi un moyen pour faire passer des messages, pour marquer l’importance d’un club et faire la fierté de ses supporters, cela prenant également appui sur les rivalités.
Source :
- Etoile (football), Wikipedia.
Crédits photo d’illustration : Wall Editions.